Nos politiques sont
passés maîtres dans l’art de l’illusion des jours meilleurs pour demain… ou
pour après-demain… ou pour après-après-demain. Ils sollicitent notre vote, seul
barrage à leurs ambitions, dans un nuage de promesses dont aucune n’est
accompagnée d’un discours sur les difficultés de leur mise en œuvre. Le premier
principe est de ne pas donner de date précise pour la réalisation de l’objectif.
C’est ainsi que François Hollande a oublié celui-ci en promettant l’inversion
de la courbe du chômage pour 2013. Erreur fatale, car le peuple a bien retenu
ce message simple et clair pour une fois donc imprimable dans les mémoires au
contraire de ces vagues promesses du style « La finance est mon ennemie »
ou « Ma priorité ce sera les jeunes ». Dans le premier cas on peut
continuer à le dire quand on verse quarante milliards au Medef puisque chacun
sait que les grandes sociétés ne spéculent jamais, juré enfin… pas sur la
Bible. Dans le deuxième cas de la jeunesse, la priorité évoquée, ne définissant
ni le but précis du travail pour tous ni sa date de réalisation, reste une
priorité qui va se loger dans la liste des nouvelles priorités, la croissance,
la sécurité, etc., qui naissent au fil des besoins du discours médiatisé d’enfumage.
Si
la sécurité des français permet de surfer sur les attentats du 11 janvier pour remettre
une couche sur la nécessité de l’Etat dans cette tâche régalienne, elle permet
aussi de restreindre la liberté des citoyens en augmentant le pouvoir de l’Etat.
Elle permet également de justifier une augmentation du Budget de la Défense, qui
aurait de toute façon dû être faite, tant la France dépense dans des opérations
extérieures au nom de l’UE, UE qui ne lui a rien demandé d‘ailleurs. Cet
argument va être repris pour justifier une augmentation de notre déficit envers
Bruxelles auquel on va demander de nous juger hors dépenses militaires supplémentaires.
Enfin c’est ce que l’on raconte aux citoyens, les européens ne pouvant être
dupes.
La
sécurité est un thème largement médiatisé et exagérément grossi à des fins politiques.
Mais in fine, ce qui va préoccuper le plus les français c’est leur pouvoir d’achat
et l’emploi. Les deux sont liés et en particulier pour ceux qui sortent du
cadre des aides d’Etat. Le gouvernement a avoué enfin que les aides publiques à
l’emploi étaient un cautère sur une jambe de bois et une dépense finalement aussi
mal placée que le soutien apporté aux entreprises qui font faillite et non à
celles qui réussissent. Dans le premier cas la solidarité nationale doit opérer
pour atténuer l’impact des licenciements. L’Etat prône donc la croissance,
croissance dans laquelle elle ne peut jouer qu’un rôle de « facilitateur ».
Mais ce gouvernement continue à faire
croire que le retour de la croissance au-dessus du 1,5%, que l’on vient d’ailleurs
de passer à 2%, va générer un recul du chômage
On
est là devant une double imposture. D’une part la croissance, dite « naturelle »,
ne reviendra pas au-dessus de ce que l’évolution technologique peut engendrer. Or
la prochaine évolution technologique qui va avoir un impact sur l’emploi ne va
pas dans les sens de l’augmentation de l’emploi, bien au contraire, c’est celle
de l’arrivée des robots. Les capacités de ces derniers à remplir des tâches
humaines ne cessent de progresser à une grande vitesse. Si la fabrication des
nano semi-conducteurs va augmenter, la robotisation de leur fabrication croîtra
également et n’entraînera pas d’augmentation de personnel. Seuls ceux de la recherche
seront maintenus voire augmentés. On voit bien que dans les tâches de secrétariat,
de caissières et de super et hypermarchés, de manutentionnaires voire même dans
l’aide aux personnes âgées, l’automatisation poussée jusqu’à la robotisation, s’empareront
des tâches humaines donc des emplois.
L’illusion de la croissance générant de
l’emploi est donc illusoire pour ces deux raisons, croissance naturelle faible
et aube de la robotisation. La croissance américaine n’a été soutenue que par
celle venant de l’afflux de liquidités et de taux d’emprunt bas. Elle s’essouffle
d’ailleurs dès cette année après l’arrêt de ces injections d’argent fiduciaire
fictif au rythme effréné des dernières années. La récente petite embellie en
Europe est due aux mêmes raisons. L’accroissement corrélatif de la dette va
signer la fin de cette phase d’euphorie provoquée. Elle va sans doute se
terminer dans un nouveau krach de plus grande ampleur vu la dégradation de la
situation financière des Etats et de la dette mondiale depuis 2008.
Ce
qui serait beaucoup plus important pour notre gouvernement, actuel ou à venir,
ce serait d’une part de faire en sorte que nous fassions nettement mieux que la
moyenne des pays européens, ce qui n’est pas le cas, et d’autre part d’envisager
notre pays dans un contexte de croissance faible et d’augmentation du chômage. Le
côté positif de la robotisation est d’une part d’abaisser les coûts de
fabrication donc d’augmenter notre pouvoir d’achat et d’autre part de réaliser
le rêve du citoyen de plus en plus dispensé de travailler. Cela pause d’énormes
problèmes sociologiques et philosophiques. On n’aborde pas cette évolution sans
prendre en compte ses effets sur le comportement individuel et grégaire de nos
concitoyens. Le pire est de continuer à les maintenir dans une perspective
inchangée où l’augmentation du chômage est considérée comme une catastrophe et
la croissance comme le dieu tout puissant qu’il faut adorer.
Il
est bon de faire comprendre que la croissance d’un pays se fait aux dépens des
autres dès que ce pays dépasse la croissance naturelle générée par l’innovation
et la productivité. Pour faire partie des pays prédateurs de la croissance
comme l’Allemagne et la Chine, aux balances commerciales très excédentaires, il
faut aller plus vite que les autres soit dans la diminution des coûts soit dans
l’innovation et la recherche. A terme il ne fait aucun doute que les prédateurs
rentreront dans le rang, comme est en train de le faire la Chine. C’est donc
bien dans un monde à croissance faible et de plus en plus robotisé que vivra
notre pays et dans tous ceux qui sortiront du quart-monde. Ce monde ne créera
plus d’emplois au-delà des sorties pour cause de retraite, et cela au mieux.
Certains chercheurs parlent d’un taux de chômage à 8% incompressible au moins. Le Plein Emploi,
estimé à moins de 4% de demandeurs d’emploi suite aux délais nécessaires aux
changements, est un leurre auquel il faudrait que les dirigeants renoncent même
si certains pays peuvent y parvenir provisoirement aux dépens des autres.
C’est
un véritable changement de société qui s’annonce et, comme il faut préparer sa
retraite, il faudrait réfléchir à adapter notre société aux nombreux problèmes
du vivre ensemble qui seront posés. L’abandon du travail devra se faire à un rythme
calculé correspondant à sa reprise par la robotisation. Les métiers vont
évoluer vers des tâches de plus en plus qualifiées. Se posera donc le problème
de la répartition du travail en fonction des capacités de chacun, ainsi qu’en
fonction du temps et de l’espace. Il serait temps que l’on ouvre les yeux sur
le futur qui peut être meilleur ou pire qu’aujourd’hui selon que la sagesse des
hommes saura l’anticiper ou le subir. Ceux qui prêchent encore pour de vieilles
lunes sont des irresponsables et ils sont nombreux. C’est du plein emploi d’une
sagesse croissante que naîtra un homme plus heureux mais ceci est aussi
peut-être une illusion.
La nature et son environnement, ont
façonné l’homme de jadis.
Il a multiplié les efforts pour survivre
dans une nature hostile.
Mais l’homme lui-même interagit sur son
existence.
Le progrès ne lui est bénéfique que s’il
sait
S’y adapter sinon il peut en mourir !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire