Notre gouvernement repousse
toujours à plus tard le retour de la croissance, cela permet de gagner du temps
et de donner l’illusion que demain il fera beau. On agite le chiffre magique du
1,5% de croissance au-delà duquel le chômage diminue. Ce chiffre n’est que le
fruit d’expériences passées mais ne garantit en rien son effet dans l’avenir.
Par ailleurs la pauvreté n’est pas liée qu’au chômage car le temps partiel peut
engendrer la pauvreté et les aides sociales peuvent la faire disparaître. Mais
la pauvreté est aussi liée à la précarité de l’emploi et à l’exclusion qui met
rapidement dans l’extrême pauvreté. Les partis politiques de gauche et le
gouvernement ont tendance à promouvoir la lutte contre les inégalités plutôt
que contre la pauvreté. On brandit l’arme de la fiscalité. La lutte des classes
et la lutte contre les inégalités du « il
faut taxer les riches » sont des slogans mobilisateurs mais il n’y a
pas de syndicat des SDF, symboles de l’exclusion. Or inégalité et pauvreté ne
sont pas la même chose.
Ce n’est
pas en taxant les riches que l’on enrichit les pauvres, on diminue les
inégalités mais les pauvres sont toujours aussi pauvres car l’argent récolté
sur le 1% de la population ne donne que des fifrelins pour les pauvres même si
la totalité de la somme leur est attribuée, ce qui n’est jamais le cas. Claire
Melamed, directrice de l’institut contre l’inégalité et la pauvreté, écrit très
justement à ce sujet : « Je crois que le problème est qu’il existe
deux façons de percevoir les inégalités. La première est à propos des riches.
La seconde est à propos des pauvres. La première est celle dont on entend
parler. La seconde est celle qui compte. » Or il est évident que les inégalités ont tendance à croitre, tout
simplement parce que la part salariale dans les revenus globaux ne représente
que 53%, le reste est dans les revenus du capital. Or ces derniers croissent
beaucoup plus vite que les salaires, d’ailleurs bloqués dans la fonction
publique, et sont détenus par les plus aisés pour ne pas dire riches.
La croissance est sensée amener de la richesse mais rien n’est dit sur
la distribution de celle-ci. Elle est supposée lutter contre le chômage mais ce
qui compte pour chacun d’entre nous, c’est le pouvoir d’achat. Sont déclarés
pauvres les personnes ayant un revenu inférieur à 60% du revenu médian.
Celui-ci est le revenu qui partage la population au-dessus et en-dessous en
nombre égal. Mais le pouvoir d’achat n’est pas lié qu’au chômage mais au revenu,
à la fiscalité et à l’inflation. La croissance ne garantit ni un revenu ni le
plein emploi. La lutte contre la pauvreté n’est présente que dans les aides
publiques lorsque le plein emploi n’est pas garanti pour tous. Elle n’est pas incluse
dans l’objectif de croissance, objectif prioritaire du gouvernement. La lutte
contre l’exclusion ne l’est pas non plus puisque c’est justement le stade de
pauvreté où l’on sort de la pauvreté encore aidée pour entrer dans celle de la
solidarité humanitaire. L’Etat cesse pratiquement de s’intéresser à vous, vous
atteignez le stade de la mendicité. 60 millions d’euros d’effacement de la
dette du Mali, c’est un geste, mais ne pas donner de quoi vivre décemment à
tous montre que la lutte contre les inégalités, en prenant dans une poche de
citoyen pour mettre dans une autre, préoccupe plus que la lutte contre la
pauvreté.
Pour lutter efficacement contre la pauvreté il faut déjà en déterminer
les causes. La première est sans nul doute la mondialisation. Dès lors que la
mondialisation a pu prendre son essor, les capitaux occidentaux se sont
progressivement déployés au sein des pays à bas coût du travail. Les salariés
les moins qualifiés des pays développés se retrouvent, logiquement, face à une
nouvelle en concurrence. La mondialisation conduit à l'affaiblissement des plus
fragiles au sein des pays occidentaux. A la montée d’une moyenne classe
chinoise a correspondu une augmentation du nombre de travailleurs de la classe
pauvre étatsunienne comme le montre les études économiques de l’institut
Brookins en 2013 par Elsby, Hobijn, et Sahin : la concurrence
internationale, notamment des bas salaires asiatiques, explique pour 85% la
chute de la part des salaires par rapport à celle du capital aux Etats-Unis.
Elle fait passer la part de 57,1% des salaires dans les revenus globaux en 1987
à seulement 53,3% en 2012.
Dans le même ordre d’idées, il faut pointer les progrès technologiques.
Cette évolution a toujours existé depuis les métiers à tisser mais depuis les
années 80 elle s’accélère de plus en plus. Selon les économistes Frey
et Osborne, 47% des emplois actuels seraient susceptibles d’être
automatisés au cours des 15 prochaines années. Entre les moins qualifiés
confrontés au chômage et à la concurrence mondiale, et les personnes les plus
qualifiées qui arrivent à s’insérer dans l’économie des nouvelles technologies
du numérique, la fracture est totale. Tandis que les uns voient leurs salaires
stagner sur une longue durée, les autres bénéficient du jeu de l’offre et de la
demande et voient leurs salaires progresser de façon considérable. Les sociétés
contemporaines sont confrontées à l’arrivée massive de la robotisation et de
l’automatisation. Ici encore, ce sont les emplois les moins qualifiés qui sont
directement menacés.
Le chômage est un indicateur largement médiatisé et le plein emploi apparaît
de plus en plus comme un mythe, un fantasme devenu inatteignable. La barre des
5% de chômeurs, niveau considéré comme acceptable et comme étant la somme des
arrêts courts entre deux emplois, a disparu depuis 1980 après les trente glorieuses.
C’est une cause fondamentale de l’installation du phénomène inégalitaire en France
car il réduit les possibilités de négociation des salariés et touche
principalement les moins qualifiés. Les inégalités sociales sont
aggravées par les modifications progressives des structures familiales, plus
précisément, un facteur aggravant de la pauvreté. En effet, comme l’indique
l’INSEE :
« Le
nombre de familles monoparentales ne cesse de croître depuis quarante ans.
Elles sont aujourd’hui 2,5 fois plus nombreuses qu’en 1968. (…) En 2005, 1,76
million de familles sont composées d’enfants de moins de 25 ans et d’un seul
parent, leur mère le plus souvent. Depuis les années soixante, la part des
familles monoparentales ne cesse de grandir du fait de la fragilité accrue des
unions parentales. Seule la moitié des mères de famille monoparentale occupent
un emploi à temps complet, alors qu’elles fournissent en général l’essentiel des
revenus du ménage. » Il pointe ainsi ce
facteur aggravant : « C’est dans les ménages exposés au chômage ou
à l’inactivité que la pauvreté des enfants est la plus fréquente. Au contraire,
vivre avec deux parents actifs occupés préserve les enfants de la pauvreté. »
Enfin il faut bien constater que le chômage et les niveaux de revenus
dépendent largement du niveau d’éducation des personnes, toute aide apportée dans
ce domaine tend à réduire les inégalités. On touche bien là au distinguo à
faire entre inégalité et pauvreté. La raison est qu’une grande part des
inégalités de revenus se situe au sommet de la distribution des revenus. Par contre
c’est au bas de la pyramide des revenus que l’éducation est fondamentale pour
la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion. L’éducation, élargie
à la formation est indispensable. Il faut cultiver l’adaptabilité et l’envie de
connaissances dès le plus jeune âge. C’est l’arme pour la vie.
Enfin la lutte contre la pauvreté ne peut être gagnée sans une
politique de dosage de l’immigration, une politique familiale qui permette aux
plus démunis de garantir à la nation un taux de fécondité permettant le
renouvellement des générations. La croissance peut générer de la pauvreté et la
lutte contre celle-ci ne peut être efficace que dans une politique délibérée
gouvernementale. L’appel à la charité publique n’est que l’abandon d’une lutte
où la solidarité passe d’abord par l’Etat. Mais n’oublions pas que le plein
emploi, arme fondamentale de la lutte, passe par un nombre suffisant d’emplois
proposés et la capacité d’un individu à les exercer.
On a de
plus en plus besoin de têtes bien faites plutôt que bien pleines.
De la soif
d’apprendre manuellement ou intellectuellement
Vient l’aptitude
aux connaissances fondamentales
Et celle
de l’adaptabilité nécessaire à…
La survie
dans un monde changeant !
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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