Lampedusa
et milliers de noyés dans le cimetière méditerranéen, Droits de l’Homme et
actions militaires en terre d’Islam, développement des mosquées et attentats, perte
de laïcité et antiracisme, tous ses binômes sont interdépendants. Les chiffres de
morts frappent les esprits et les politiques lisent la une des médias avec
suffisamment d’inquiétude pour s’empresser de donner l’image de responsables
préoccupés et actifs avant que les peuples les y obligent. Comme on pouvait s’y
attendre les mesures prises ne concernent pas les causes de l’immigration – ou si
peu - mais la protection de nos côtes
devant l’afflux massif d’émigrants. On va détruire leurs embarcations. On se
demande d’ailleurs bien commun on va les repérer surtout s’ils sont amarrés aux
côtes libyennes, pays sans représentation politique fiable. Par ingérence comme
d’habitude ?
On
voit mal la détection des rafiots « migrateurs » sinon leur
destruction en mer comme l’on fait les égyptiens, ce qui permet du même coup de
supprimer les migrants et l’embarcation ! Les embarcations étant de toutes
tailles, on voit mal cette opération empêcher leur arrivée sur les côtes européennes.
La surveillance en mer va se traduire par un recueil plus important de
migrants, des vies humaines sans doute sauvées mais l’arrivée massive sur le
continent n’en sera que renforcée. Malgré tout, des êtres humains, hommes et
femmes, jeunes et vieux, continueront à mourir pour atteindre l’Europe. On ne
peut se satisfaire d’en sauver certains. Il y a du nombrilisme dans l’attitude
de stoppage de l’immigration par destruction des bateaux et emprisonnement des
passeurs, souvent simples exécutants. On cherche à se protéger en enlevant aux
migrants potentiels une possibilité d’échapper à l’enfer dans lequel ils
vivent. Il y a de l’incompréhension dans la motivation de ces êtres humains pour
lesquels mieux vaut la mort que ce qu’ils vivent.
Fatou
Diome, d’origine sénégalaise et auteur de « La traversée de l’atlantique »,
a livré une analyse bien plus aboutie que tout ce qu’on a l’habitude lire dans
les médias européens lors de son passage à l’émission de la chaîne française France
3. « Ces gens-là qui meurent sur les plages, et je mesure mes mots, si
c’était des blancs, la terre entière serait en train de trembler ! Mais là, ce
sont des noirs et des arabes (…) Si on voulait sauver les gens, on le ferait,
mais on attend qu’ils meurent d’abord ! Et on nous dit que c’est dissuasif,
mais ça ne dissuade personne, car celui qui part pour sa survie, considère que
sa vie (qu’il peut perdre lors du voyage) ne vaut rien, celui-là n’a pas peur
de la mort ! »
A
l’intervention d’un autre invité : « C’est pour cela qu’il faut fermer
les frontières … », Fatou Diome répond : « Monsieur, vous ne resterez pas comme des
poissons rouges dans la forteresse Européenne ! A l’heure
d’aujourd’hui, l’Europe ne sera plus jamais épargnée, tant qu’il y aura des
conflits ailleurs dans le monde (…) » Puis de rajouter : « Monsieur,
je vous vois bien habillé, bien nourri, peut être que si vous étiez affamé chez
vous, peut être que votre famille serait ravie d’imaginer que vous pourriez
aller gagner ce qui pourrait faire vivre les autres (…) ». Elle
conclut : « Alors il faut
arrêtez l’hypocrisie, on sera riche ensemble ou on se noiera tous ensemble !
»
Tout
est dit. D’un côté il y a une Europe qui peut soit offrir du travail aux
nouveaux arrivants soit les accueillir sur une terre de secours au nom des
Droits de l’Homme où les migrants trouvent une assistance pure et simple lui
permettant de vivre dans des conditions bien meilleures qu’au pays d’origine.
De l’autre il y a un continent africain, dont la fécondité est sans comparaison
avec la nôtre, n’offrant, pour la plupart de ses enfants, que la misère, les
luttes ethniques et religieuses, les humiliations, les viols. La gestion d’un
flux migratoire ne peut être celle qui consiste à débrancher le tuyau arrivant
à la baignoire (destruction des passeurs et des bateaux) ni celle d’éponger l’eau
de la baignoire qui déborde sans fermer le robinet (assistanat des émigrés). Aucun
problème ne peut être vraiment résolu sans en supprimer les causes. Si le tabac
est la cause de votre artérite, le premier geste est de le supprimer. Si nos
interventions militaires en terre d’Islam attisent la haine de l’Occident, il
faut d’abord les arrêter. Le Kenya en offre un bel exemple. Il est le théâtre
d’attaques attribuées aux islamistes depuis qu’il a envoyé son armée
combattre les shebabs dans le sud somalien en octobre 2011.
Cet
arrêt des guerres n’est qu’une condition nécessaire, elle n’est pas suffisante.
Il faut donc que l’Europe se dise que son avenir est lié à l’Afrique et que ces
deux continents non seulement sont liés mais ne font qu’un. Comme l’Italie soutient
la Calabre, comme la France soutient la Corse, l’Europe doit soutenir l’Afrique
bien au-delà d’accords sur les ressources minières et vivrières. C’est la mise
en place d’une politique conjointe de développement incluant les aspects
économiques, sanitaires, sociaux, éducatifs, migratoires, démographiques, etc.
Ce n’est pas des pourtours de la Méditerranée dont il s’agit mais de l’Eurafrique,
comme il nous faut penser Eurasie. Alors seulement l’Europe jouera son rôle
dans l’histoire des peuples. Une nouvelle Europe est à construire par ses
peuples bien au-delà de l’économie des banquiers et des lobbies.
C’est d’une Europe visionnaire dont a
besoin notre pays.
Sa gestion boutiquière à la solde des
puissants
Ne nourrit qu’un esclavage moderne
Sans autre avenir que la mort !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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