Cela nous change de nos dirigeants-carpettes
qui vont à Bruxelles la corde au cou et sans honte négocier des rallonges de
temps pour respecter leurs engagements téméraires et sans les remettre en cause.
Deux pays ont le courage d’affronter l’UE en refusant de céder aux diktats, l’Islande
et la Grèce. L’Islande d’abord qui a décliné l’offre d’entrée dans l’UE en mars
en affichant clairement que celle-ci ne correspondait pas à l’intérêt supérieur
du pays. L’Islande va d’ailleurs plus loin en affrontant de face le monde
bancaire. Le Premier Ministre se fait remettre un rapport sur l’éventualité de dessaisie
de la fabrication de la monnaie attribuée aux banques. L’Etat reprendrait la
fabrication de celle-ci et les banques ne seraient plus qu’un organisme jouant
le rôle d’intermédiaire entre prêteurs et emprunteurs. Ce n’est pas encore
décidé mais c’est dans les tuyaux et le peuple sera consulté pour en décider…
il y a encore de la démocratie en dehors de l’UE ! Il s’agit d’un coup de
pied à l’emprise de l’UE sur les économies et les finances d’un Etat mais aussi
au monde globalisé de la Finance qui dirige désormais le monde occidental pour
le moins, en s’engraissant sur le dos des citoyens. Islexit !
Grexit ?
Nous n’en sommes pas encore là mais il faut saluer le courage des dirigeants
grecs et leur sens tactique dans les négociations avec l’UE. La situation n’était
pas facile car ils doivent beaucoup au peuple qui les a élus et qui n’est pas
prêt à voir ses espoirs une nouvelle fois déçus. Coincé entre les promesses
faites à son peuple et l’intransigeance de l’UE, poussée par l’Allemagne,
Alexis Tsipras fait pourtant preuve d’un grand sens tactique et même
stratégique dans une partie d’échecs où avec les noirs il reprend l’avantage
sur les blancs qui sont partis les premiers. D’une situation de bourgeois de
Calais, il est désormais un adversaire qui se révèle pouvoir disposer d’armes
dissuasives. Alors quelles sont-elles ?
Nous sommes à la fin
de la première partie des discussions entre la Grèce et l’UE. Elle a été
marquée par des refus successifs des réformes proposées par Tsipras. L’UE jouait
la pression pour le faire reculer, ce qu’il a fait sans lâcher sur l’essentiel,
l’humiliation du pays et le choix national des reformes à effectuer.
Préalablement à ses discussions Tsipras avait rencontré Poutine et pendant
celles-ci il a pris langue avec la Chine. Sûre de faire plier la Grèce, l’UE n’a
pas réalisé que Tsipras cherchait à gagner du temps pour mettre au point un
plan B. Aucun accord n’a été signé et on arrive au moment de la première
échéance du 9 avril envers le FMI alors que la Grèce est à peine en mesure de l’honorer.
Dans ce cas on parle d’une faillite pour le 14 avril, le 20 au plus tard, donc
l’impossibilité de payer les fonctionnaires et les prestations sociales.
Tsipras
a refusé de reporter d’un ou plusieurs mois le paiement des retraites pour
faire face en attendant une aide. Tout en réitérant son désir de rester dans l’UE,
il laisse fuiter qu’une sortie rentre dans l’envisageable. On apprend qu’il prépare
une stratégie de « lettres de créances » ayant valeur monétaire et de
contrôle des banques. Le 8 avril, la veille du paiement au FMI, Tsipras
rencontre Poutine et on devine qu’il sera bien accueilli après son refus
des sanctions de l’UE sur la Russie. La Russie a déjà annoncé qu’elle s’apprêtait
à lever les sanctions sur les exportations alimentaires grecques.
Dès lors, la pression s’exerce aussi sur les
Européens. S’ils poursuivent leur stratégie de « nœud coulant », ils
risquent gros. Certes, si la Grèce ne paie pas le FMI le 9 avril, elle ne sera
pas immédiatement considérée par l’institution de Washington en défaut. Il
faut un mois pour que le FMI reconnaisse qu’une « obligation est
manquée. » Mais cette déclaration peut provoquer un séisme, car alors le
Fonds européen de stabilité financière (FESF)
devra légalement réclamer le remboursement des sommes versées à la Grèce. Ce
qu’Athènes ne saurait réaliser. Le défaut grec envers ses créanciers européens
sera alors effectif. La Grèce n’aura alors sans doute plus accès à la liquidité
de la BCE, mais les pays de la zone euro devront accepter des pertes
considérables sur les garanties accordées au FESF. Sans compter évidemment que la
BCE devra également tirer un trait sur les 6,7 milliards d’euros que la Grèce
doit lui rembourser cet été.
Tsipras
n’est plus un paltoquet qu’il faut ramener dans les clous sans ménagement, il
est devenu un souci pour l’UE et pour Angela Merkel qui n’envisage pas une
sortie de la Grèce qui pourrait faire tâche d’huile. Chypre et la Hongrie
manifestent aussi des actions de rébellion. Toutefois céder à la Grèce serait
très mal vu par l’opinion allemande. Si la Russie, en accord avec la Chine,
vient apporter les liquidités nécessaires à la survie de la Grèce, le scénario
de sortie devient plus que possible. Or ces deux pays ont mis en place une
Banque asiatique qui fait concurrence à la Banque mondiale.
Reste
qu’Alexis Tsipras, longtemps sous-estimé par la presse étrangère, a fait preuve
d’une intelligence stratégique de premier plan dans cette affaire et qui n’est
pas sans rappeler celle de Fabius Cunctator, le général romain qui usa les
Carthaginois victorieux d’Hannibal durant la deuxième guerre punique. Le
premier ministre grec n’est certes pas assuré de remporter la victoire, mais il
a prouvé qu’il était un des rares dirigeants européens à pouvoir tenir tête,
sur le plan tactique, à Angela Merkel. Si deux petits pays peuvent se faire
entendre, on ne peut recevoir l’argument du « c’est parce qu’ils sont
petits, qu’ils le peuvent » ! Non il faut seulement du courage et de
l’intelligence… Deux qualités qui nous manquent cruellement ! Nous
préférons couardise et soumission…
Il ne suffit pas de s’appeler David pour
affronter Goliath,
Il faut d’abord avoir le courage de
défendre un peuple
Pour ne pas succomber sous la botte
allemande
Alors qu’un simple pion peut aller à
dame,
Dame Angela Merkel bien sûr !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire