C’est ce que
croyaient ces petits épargnants portugais qui avaient leur argent dans la Banque
Esposito Santo. Celle-ci a fait faillite en août 2014, ensuite démantelée et recapitalisée
par l’Etat, elle a définitivement été mise en faillite par décision de justice
en octobre. Leurs larmes ne leur rendront pas leur argent. Car celui-ci n’était
que des chiffres dans un ordinateur, il n’était pas dans leur poche. Les faillites bancaires sont des événements
dramatiques pour les épargnants, et pourtant pas si rares si on regarde l’Histoire
récente des faillites bancaires. Depuis 2000, pas moins de 543 banques ont fait
faillite aux USA dont 140 pour la seule année 2009. En 2015, année où tout va
bien mieux (ironique), nous avons 5 banques en faillite en Europe et 4 aux USA.
Les médias français se gardent bien de faire la une
de ces faillites et laissent entendre qu’en France tout va bien du côté
bancaire. Les grandes banques sont déclarées « too big to fail »,
trop grosses pour faire faillite, à savoir la BNP, la Société Générale, la banque
populaire Caisse d’Epargne, et le Crédit Agricole. Nous
pouvons donc vivre tranquilles sauf que dans le Monde Economie, on pouvait lire
à propos de la BES portugaise en juillet : « La principale banque du Portugal dément tout risque de faillite »
et « Ses épargnants peuvent être
tranquilles » ! Un certain nombre de français qui vont passer
leur retraite dans ce pays ont cependant vu leurs dépôts bancaires effacés d’un
simple clic. 1 mois plus tard, on apprend que le Crédit agricole possède 14.6%
du capital de la banque en question et que le « Crédit Agricole est
en difficulté » ! Mais bien sûr nous sommes rassurés, car la BCE
veille à la stabilité du système financier…
Le 11 mars 2015, on apprend dans La Tribune que l’Autriche
est menacée du défaut d’un de ses Länder, la Carinthie et qu’elle a refusé de
renflouer une banque nationalisée, le Hypo Groupe Alpe Adria. C’est
un désastre pour l’Autriche qui cherche comment s’en sortir. Le 16 mars on apprend
que la 4ème banque d’Andorre est secouée par un scandale de
blanchiment d’argent et de lien avec la mafia suite à une plainte américaine !
La mafia a bon dos mais les épargnants vont tout perdre. On apprend également
que la banque centrale d’Espagne a pris le contrôle de la filiale espagnole de
la BPA le 10 mars, filiale qui a déposé le bilan suite à une "très forte détérioration financière (...)
conséquence des importants retraits de fonds de clients".
Le
15 mars 2015, l’Agence Reuters publie un communiqué sur une banque locale
allemande DüesselHyp en
difficulté qui a été reprise par la fédération des banques privées
allemande (BdB), suite au dépôt de bilan de la banque autrichienne citée ci-dessus.
Cette annonce est suivie d’un nouveau communiqué : « l’Allemagne dit qu’il s’agit d’un cas isolé » !
Autrement dit qu’il ne s’agit pas de risque systémique, sauf que la Banque
portugaise réagit sur le Crédit Agricole, la banque d’Andorre sur la banque
espagnole, la banque autrichienne sur la banque allemande. Pour la banque
espagnole, on nous informe que, par chance, la banque n’est pas systémique et qu’on
pourra rendre les dépôts des 15 000 clients de cette petite banque jusqu’à 100
000 euros. Pour ceux qui avaient plus, dommage, et bien fait pour la mafia !
Mais
intéressons-nous à l’Italie. « On
est focalisé sur la Grèce mais la situation des banques italiennes est tout
aussi problématique », prévient l’économiste Jacques Sapir auteur de Faut-il
sortir de l’Euro ? « Les prêts douteux augmentent sans cesse. Ils sont proches de 15 à 20 % là où
ils devraient être à 5%. Il y a en tout cas un parallèle à faire avec la Grèce
qui a connu une poussée très forte des prêts non performants en 2010-2011 ».
Intesa Sanpaolo, première banque italienne et troisième
plus grand groupe bancaire européen, a par exemple vu ses crédits à risques
passer de 5% en 2008 à 17% en 2015. La deuxième plus grosse banque du pays,
UniCredit, détient elle plus de 14% de ces prêts douteux, beaucoup plus que les
banques françaises comme le Crédit agricole (3,8%) où BNP Paribas (6,6%). Mais l’un des gros problèmes est
le niveau de fonds propres des banques qui est très bas. Cette faiblesse a
d’ailleurs été mise en lumière par les tests de résistance de la BCE, en
octobre, puisque neuf banques italiennes sur les 15 soumises à l’exercice ont
échoué. Elles vont devoir présenter en juillet à la banque de Francfort un plan
de reconstitution du capital.
L’Italie
file du mauvais coton et a besoin d’une relance économique vigoureuse pour s’en
sortir. Si ce n’est pas le cas, elle peut, elle-aussi, être en difficulté ainsi
que ses nombreuses banques sous l’effet des prêts douteux ou d’un vent de
panique chez les épargnants qui assècherait rapidement leurs faibles réserves.
Dans un monde où l’éclatement d’une nouvelle bulle financière est annoncé par
certains économistes et où cette fois certains états sont en difficulté, l’argent
des épargnants mis dans les banques ne leur sera pas forcément restitué. L’argent
déposé ne nous appartient plus, ne l’oublions pas. La Banque le restitue a votre
demande si elle peut et comme elle veut.
Le jour où la banque ferme ses portes, l’épargnant
est tout nu.
Il n’est point plus sûre cassette que
celle d’Arpagon !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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