La
guerre géostratégique s’étend de plus en plus, le nombre de pays concernés ne
cesse de croître. Le dernier en date est le Yémen. Le conflit en Ukraine est
loin d’être terminé même si les armes lourdes se sont tues. Des combats
localisés perdurent. Les armes des occidentaux continuent d’affluer en Ukraine
du côté de Kiev ainsi que les militaires, « dits instructeurs ». Les
observateurs de l’OSCE se disent incapables de réaliser le travail de contrôle à
part entière en raison de "provocations
constantes de forces ukrainiennes". Cela n’émeut aucun signataire occidental de l’accord de Minsk. Par contre
le représentant de l’OSCE affirme : «Je
tiens à souligner un aspect important que la mission n'a pas une fois
enregistré la présence de matériel militaire russe ou la présence d'unités
militaires russes [dans le sud l'Ukraine]». Ceci vient appuyer les
déclarations du chef de l'État-major de l'Ukraine, Viktor Muzhenko, qui a reconnu
en janvier que « les unités de
l'armée régulière russes n’étaient pas
impliquées dans l'action de combat dans les régions troublées de Donetsk et de
Lougansk. » Ceci
jette le discrédit sur les affirmations occidentales sur une implication de la
Russie dans le conflit et sur la présence de troupes russes en Ukraine de l’Est.
Alors que Porochenko, appuyé par les occidentaux et la Roumanie, jette un regard
sur la Moldavie, il est probable que le conflit ukrainien ne sera pas terminé
tant que l’OTAN ne pourra pas s’approcher de la frontière russo-ukrainienne.
Une autre
partie se joue en Grèce. Le Président Tsipras joue une rude partie avec l’UE et
un double jeu. D’une part il affirme vouloir rester dans l’UE mais menace d’autre
part de la quitter si les contraintes économiques et financières ne sont pas
suffisamment desserrées. Apparemment il a peu de chances d’obtenir gain de
cause devant l’intransigeance allemande, mais la Grèce semble vouloir gagner du
temps puisque les échéances douloureuses ne se présenteront qu’en juillet. Pendant
ce temps des relations de plus en plus visibles ont lieu avec la Russie et la
Chine. Tsipras rencontrera Poutine le 8 avril alors que l’aide financière de la
Russie ne fera aucun doute et donnera de poids aux arguments de la Grèce sur sa
sortie éventuelle de la zone euro. Le passage d’un pipeline sur le territoire
grec n’est pas le seul intérêt de la Russie ; le désengagement de la Grèce
avec l’UE et probablement de l’OTAN est un fait géopolitique majeur. La Russie
s’apprête d’ailleurs à lever les sanctions alimentaires envers ce pays, mais
aussi envers la Hongrie et Chypre. Ces trois pays ont montré des oppositions
franches aux sanctions de l’UE contre la Russie !
En Syrie et en
Irak, le jeu des occidentaux est complexe, l’action de la Turquie est ambiguë,
la guerre religieuse est à finalité de contrôle des ressources pétrolières,
Israël est omniprésent dans le conflit. Deux évidences émergent. D’une part la
Russie fera ce qu’il faut pour maintenir Bacha al-Assad à la tête de l’Ouest de
la Syrie et aidera l’axe Syrie-Iran, d’autre part les USA et leurs suppôts
continueront à faire en sorte que les conflits continuent en terres syriennes
et irakiennes. La lutte contre le terrorisme est une raison mise à toutes les
sauces, on peut choisir les groupes armés qui doivent être considérés comme
terroristes. Les rebelles insurgés syriens, de moins en moins en mesure d’agir
pour leur propre compte, n’ont eu comme intérêt que l’implication des
occidentaux en Syrie. L’Etat islamique, créé par l’armement occidental, est un
bon prétexte pour la présence militaire en Irak. On le combat par des attaques
aériennes ciblées dont le résultat est soigneusement caché. A Tikrīt les raids
aériens bombardent d’ailleurs aussi bien les troupes irakiennes qui ont pris
une partie de la ville que les combattants de l’EI. Ce dernier reçoit toujours plus
ou moins discrètement de l’armement de provenance américaine et britannique. Peu
importe que le gouvernement chiite irakien rue dans les brancards, le but est
de maintenir le chaos et la mainmise sur ce pays.
Le chaos est
désormais prolongé vers le Yémen. La monarchie saoudienne salafiste craint de
voir les chiites soulever des forces internes hostiles et se lance dans une
offensive en terre yéménite. Les USA approuvent le rétablissement du précédent
gouvernement yéménite beaucoup plus facilement manipulable que celui actuel
tourné vers l’Iran et la Russie. Cette dernière menace d’ailleurs d’intervenir
si la coalition des pays du golfe persiste. La Russie a appelé une session d’urgence
du Conseil de sécurité des Nations unies pour permettre des pauses humanitaires
dans les frappes aériennes de la coalition dans un effort pour apaiser la
violence qui se répercute sur les civils. Moscou appelle à une solution
diplomatique au conflit en soulignant que l'intervention militaire étrangère ne
mènerait qu’à plus de morts civils. L'ONU estime que plus de 500 personnes, de
nombreux civils, ont été tués au Yémen au cours des deux dernières semaines.
Des dizaines de milliers ont fui le pays après le
déclenchement de la violence.
Un accord avec
l’Iran est en vue. L’enrichissement de l’uranium par centrifugation est au cœur
des discussions. C'est à Natanz que se situe la principale installation
d'enrichissement iranienne, avec quelque 17.000 centrifugeuses IR-1 de la
première génération, un millier de IR-2M plus rapides et une capacité d'en
accueillir au total 50.000. L’accord prévoit que seules 5.000 centrifugeuses de
première génération seront utilisées. Que deviendront les autres ? Il s’agit
d’un accord de dupes sachant d’une part qu’à partir de la teneur moyenne de
3,6% de l’uranium civil dans les réacteurs et il ne faut qu’un nombre de 18 passages
successifs en centrifugeuses pour atteindre la concentration de l’uranium
militaire et que d’autre part 5.000 centrifugeuses de première génération
permettent de produire chaque année la quantité nécessaire à une bombe nucléaire.
La centrifugation de l’uranium étant le procédé permettant le plus facilement d’atteindre
l’uranium militaire, il sera bien difficile d’éviter que l’Iran ne se dote de l’arme
nucléaire. En réalité il s’agit simplement de diminuer l’attraction de ce pays
envers le bloc Russie-Chine sans apparaître perdre la face en levant les
sanctions.
Un autre pays est mis au banc des accusés, il s’agit
du Venezuela qui manifeste son non-alignement à la politique hégémonique
américaine comme le Nicaragua. Du coup son lien avec la Russie se renforce et cette
dernière tisse de nouveaux liens avec le Mexique. On en parlera plus
précisément dans un prochain article. On voit que les raisons de voir s’envenimer
le conflit du monde unipolaire américain avec celui multipolaire des pays dits
émergents, à la tête duquel se trouve le couple russo-chinois, sont de plus en
plus nombreuses et se déroulent sur le monde entier.
Les
raisons profondes des conflits actuels nous sont cachées
Et
nous sommes entraînés sans notre consentement
Dans
des conflits où nous n’agissons plus
Pour
notre propre intérêt !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire