Avec la
nomination des nouvelles capitales de région on entre dans le dur de la réforme
territoriale, réforme bricolée au sommet de l’Etat un soir à la bougie avec carte,
gomme et crayon, puis raturée 4 fois avant son adoption définitive le 17
décembre 2014. Au 1er janvier 2016, la France comptera 13 régions contre 22
actuellement. Il n'y aura donc plus que 13 capitales dont les noms, encore
provisoires, ont déjà filtré. L’opportunité de ce nouveau découpage ne saute
pas aux yeux. La raison de copie des Lander allemands ne tient pas car ce
découpage est issu de leur histoire et n’a respecté ni le poids économique, ni
humanitaire pas plus que l’égalité des superficies dans ce pays qui n’a rien à
nous apprendre sur ce sujet. Si c’est pour faire plaisir à l’Allemagne en
montrant une preuve visible de notre volonté de réforme, c’est un mauvais
choix. L’allemand est efficace et la réforme doit au moins générer des
économies. Celles annoncées par le gouvernement n’ont aucune chance d’être
réalisées si ce n’est par un tripatouillage des comptes de la nation.
Le regroupement des régions sur une carte ne désigne
pas la nouvelle capitale de région. Là on touche à l’humain et à la guerre économique
que se livrent les grandes agglomérations. Lyon s’oppose à Grenoble, Caen à
Rouen, Montpellier à Toulouse, Lille à Amiens. Ceci est vieux comme la France.
Lyon s’oppose aussi toujours à Saint-Etienne et Metz à Nancy. Mais il faut
surtout tenir compte du poids politique des grands leaders de région, Aubry pour
Lille, Jupé pour Bordeaux, Estrosi pour Nice, Fabius pour Rouen, etc., donc en
fait les maires de grandes métropoles. D’ailleurs la France connaît peu ses
Présidents de Conseils Régionaux s’ils ne sont pas des leaders politiques
nationaux connus. La bataille de désignation des capitales risque d’être rude
jusqu’en juillet, date de la décision. Peu importe la superficie, la taille
humaine ou économique de rassemblement en fait de communes, ce qui compte c’est
l’attractivité des grandes métropoles. Ceci est valable en Allemagne, en Italie,
au Royaume-Uni.
Il n’est pas de région qui puisse avoir un poids
sans qu’il ait une capitale rayonnante et son poids est incarné par le maire de
celle-ci. Ce n’est pas la gomme, le crayon et les coups de téléphone aux uns et
aux autres qui font un bon découpage d’une carte de France, c’est la prise en
compte pragmatique des grandes métropoles comme les représentantes naturelles
de communes réparties sur des superficies plus ou moins grandes, plus ou moins
économiquement fortes ou plus ou moins peuplées. C’est ce manque de prise en
compte de la réalité qui compromet gravement l’intérêt d’une telle réforme,
coûteuse et dérangeante dans sa mise en place, dont on ne peut rien attendre
sur le plan de l’efficacité, efficacité rapidement endommagée par des
antagonismes de métropoles comme en Normandie ou en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon.
Le cas de Montpellier et de Toulouse est
particulièrement significatif car il s’agit de deux grandes villes universitaires
où l’université est très liée à sa région d’origine. Les querelles sur les
aides, les investissements dans chacune d’elles sont à prévoir. Les énergies
vont se dépenser dans des querelles de clocher toutes nuisibles à la rapidité
et à l’efficacité des décisions prises qui seront des compromis politiques et
bâtards n’ayant rien à
voir avec une saine gestion. Si l’on prend l'exemple de
Châlons-en-Champagne, Metz et Strasbourg, on risque d'avoir la
préfecture de région et le conseil régional à Strasbourg, le conseil
économique, social et environnemental régional à Metz. Et puis on peut
prendre l'engagement de dire qu'on réunit plusieurs fois par an la commission
permanente à Châlons-en-Champagne. On ne ferait que reconduire le
fonctionnement « trilocalisé » de l’UE entre Bruxelles, Luxembourg et
Strasbourg.
Réformer est nécessaire pour s’adapter aux
évolutions économiques, humaines voire technologiques mais réformer dans une
idéologie réformatrice peut avoir un sens politique mais n’améliore en rien le
fonctionnement d’une nation et peut créer des problèmes nouveaux. Le regroupement
des régions va peut-être repousser dans le temps l’idée de supprimer les
conseils départementaux, c’est sans doute le premier bénéfice que cette réforme
peut apporter au citoyen. Par contre le gain économique réel et exhaustif est
un pur mensonge de communication. Le personnel ne sera pas réduit, les locaux
actuels continueront à exister à charge des régions ou des communes, leur
entretien sera toujours à payer. Il est même probable que les nouvelles régions
demanderont des moyens supplémentaires en locaux, en réseaux informatiques,
etc. Les anciennes avaient déjà fait beaucoup de dépenses somptuaires de « standing »
et de communication, cela ne peut que croître et embellir. Le contribuable sera
toujours sollicité pour accompagner une nouvelle gabegie comme il l’est pour
compenser les subventions d’Etat en diminution pour les communes. On n’a pas
fini de voir grimper les impôts locaux.
Cette
réforme territoriale s’avère comme un dispendieux moyen de communication,
Celui
qui permet de faire croire que l’on fait des réformes indispensables
Sur l’efficacité
et la diminution du coût de l’administration publique,
Pour
faire oublier toutes les réformes que l’on n’ose pas faire.
Le
véritable coût se traduira dans les taxes locales
Mais
ça l’Etat n’en est pas comptable !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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