C’est reparti avec l’aide des médias pour
redonner le moral aux français. Les chiffres des demandeurs d’emploi de mars
2015 sont mauvais mais c’est normal. On nous explique pourquoi et on ajoute que
la fin du tunnel c’est pour fin 2015 ou 2016 au plus tard. Les frémissements de
la croissance sont là. La consommation repart et l’optimisme des français
s’améliore. On ne peut mieux entonner les trompettes annonçant une fin radieuse
de quinquennat… pour préparer la suite ! Alors pourquoi le chômage ne
repart pas quand la croissance repart soi-disant. C’est très simple. Les
entreprises étaient en surproduction et ont stocké. Maintenant elles déstockent.
Puis elles vont investir et après elles embaucheront. C’est une affaire de six
à neuf mois et la vie sera belle. J’avais promis cela pour 2013 mais je vous le
servirai pour ma réélection en 2017 vient de nous dire François Hollande.
Fermez le ban… sauf si vous êtes demandeur d’emploi.
La microéconomie nationale se perd
malheureusement dans la macroéconomie mondiale. Elle est sensible aux
paramètres exogènes, aux taux de change, aux prix des matières premières et
énergétiques et aux taux d’emprunt. Sa croissance ne joue que sur la
consommation intérieure et sur le bilan de notre commerce extérieur. Ce dernier
reste largement déficitaire à hauteur de plus de 50 milliards alors que celui
de l’Allemagne ne cesse de progresser au-delà des 200 milliards. Notre déficit
ne s’améliore d’ailleurs un peu que par une diminution des importations (effet du
change euro/dollar) plus importantes que celle des exportations. Ceci
matérialise que notre avancée possible est dans une monnaie qui remet en
adéquation les économies de la France et de l’Allemagne avec leurs
potentialités. Nous ne jouons donc pas pour l‘instant à jeu égal. Le prix du
pétrole amène une économie sur le transport pour un nombre important de ménages
et permet de donner un petit plus sur la croissance, un plus que va rogner la
croissance des impôts locaux. La baisse de l’euro par rapport au dollar va
permettre aux entreprises d’augmenter leurs marges qui étaient au plus bas et bloquaient
tout investissement par autofinancement. Voilà deux points positifs que créent
les facteurs exogènes, baisse de l’euro et du prix du baril de pétrole. Les
taux d’emprunt au plus bas ont un impact positif sur le déficit public mais n’ont
d’intérêt pour les entreprises que si elles voient des marchés s’ouvrir les
incitant à investir.
C’est là que le bât blesse. Pour que les
entreprises investissent, il faut que la demande soit là. Le fait que les
marges s’améliorent ne pousse pas à l’investissement, c’est la demande qui le
fait. Or le contexte mondial est engagé dans une faible croissance et dans un
ralentissement de celle-ci. C’est le cas de la Chine, du Japon, des pays
émergents, et les Etats-Unis marquent le pas avec d’ailleurs un affaissement
des investissements. Le déversement de liquidités, cet argent fiduciaire
communément nommé monnaie de singe, ne fait que soutenir une faible croissance
mais maintient les marchés boursiers en état d’ébriété par la spéculation. La
véritable croissance économique, celle liée à la demande, n’est pas pour demain.
On voit d’ailleurs que l’Europe, qui représente la moitié de nos exportations,
n’échappe pas à ce déficit de croissance et est même en retard par rapport au
reste du monde.
Nous ne sortons donc pas du miroir aux alouettes
avec un risque élevé d’un nouveau krach boursier et financier où le château de
cartes des banques risque de d’effondrer par effet systémique. Des experts, des
financiers, des économistes et des banquiers se font de plus en plus nombreux
pour parler d’une catastrophe en gestation inéluctable. La déconnexion entre l’économie
mondiale et les marchés devient de plus en plus marquée et ne peut se faire
indéfiniment en creusant la dette. Au lieu d’accepter de purger le système de
toutes les obligations pourries entre autres à l’occasion de la crise de 2008,
les banques centrales ont décidé de déverser les liquidités nécessaires au
maintien des banques privées et aux marchés boursiers. L’effet sur l’économie n’a
été qu’un effet collatéral arrivant tout juste à maintenir une faible activité économique
que ce soit aux Etats-Unis, au Japon ou récemment en Europe. Les banques
centrales persistent et signent aggravant l’endettement des Etats en particulier
celui des Etats-Unis et du Japon.
On ne joue pas avec le feu impunément et il
arrive un moment où l’on se brûle. L'activité économique mondiale ralentit et n’est
pas prête à repartir car il n’y a pas de révolution technologique capable de la
soutenir. Elle ne peut globalement qu'être stagante et pour longtemps. La petite
embellie de l’économie française, si tant est qu’elle soit réelle, n’est due qu’à
des paramètres exogènes temporaires donc aléatoires et non maîtrisables par le
gouvernement. Elle est d'ailleurs en retard par rapport à ses voisins. Que sera demain leur évolution ? Nul ne le sait. Le prix du
pétrole est très lié à la guerre économique et aux zones de conflit au Moyen-Orient.
Les taux d’emprunt français sont liés à la confiance dans le tandem
franco-allemand mais aussi à la force de l’euro, or ceci peut brusquement
changer avec des évènements économico-politiques comme ceux de la Grèce. La
baisse de l’euro n’affecte que les marchés en zone dollar, or de plus en plus
de pays essaient de sortir de l’emprise du dollar derrière la Chine et la
Russie. Les zones de commerce où le taux de change est favorable ne peuvent que
se rétrécir et ses marchés extérieurs sont surtout le champ d’action des très
grosses entreprises dont le siège n’est souvent pas en France. Mais demain, on
rase gratis.
Une hirondelle ne fait malheureusement pas le printemps
Surtout quand la saison s’avère fraîche et orageuse
Et que notre avion entre dans les turbulences !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon