Il y a deux attitudes possibles pour un
médecin constatant que son patient est atteint d’un cancer à un stade laissant
peu d‘espoir. Soit il lui annonce que son cas peut être mortel et fait son
affaire de la réaction du malade soit il dresse un tableau de la situation qui
convainc le malade que tout cela a toutes les chances d’aller vers la guérison.
C’est la deuxième attitude qu’a choisi le gouvernement depuis 2012, le « on est en train de guérir » comme
le montre le graphique ci-joint. La preuve de la guérison ? On va tenir nos engagements
budgétaires en 2014 avec un 4% du PIB annoncé (dernière révision budgétaire en cours d’année
2014 bien avancée), et l’INSEE et l’OCDE nous annoncaient une croissance de 1% en 2015
et 1,5% en 2016. Ces euphorisants cachent une année 2014 avec une augmentation
continue de la dette (2037,8 Mds€ soit 95% du PIB) et du chômage dans une
croissance très faible de 0,4% alors qu’elle est de 1,3% dans l’Union européenne !
Ce gouvernement avait pourtant prévu en 2012 pour 2014 un endettement de 94,3% avec un
déficit public en recul de 2,9%. Or le budget initial de 2014 prévoyait pourtant
un déficit de 82,6 milliards, il est finalement
de 84,4Mds€ (chiffre INSEE du 26/03/15) à 4% du PIB mais à 23% des recettes fiscales !
La dette/PIB a augmenté de 9,8% par rapport à 2011, le déficit public de 13,5% et
le chômage de 1,6%, voilà le verdit de l’action gouvernementale !
Non,
tout ne va pas bien et 2014 fut une mauvaise année présentée sous euphorisant
par le gouvernement. Il se garde de retracer l’historique de son action et
Michel Sapin surfe sur la bonne tenue des prévisions définitives de fin d’année
2014. Il nous dit que les prévisions sont tenues en oubliant de souligner qu’elles
ont été définitivement budgétées lorsque l’année était presque finie. C’est ce
qu’on appelle prendre les gens pour des cons. Il se garde bien de nous comparer
aux moyennes des pays de la zone euro, de l’UE et de l’OCDE. C’est pourtant
ainsi que l’on juge l’action d’un gouvernement… en relatif. Avec 47,1% de
pression fiscale sur les coûts salariaux la France se place pourtant en 4ème
position de la pression fiscale des pays de l’OCDE et la 2ème de l’UE.
Malgré ou à cause de cela elle a une croissance trois fois plus faible que la
moyenne de l'UE. Elle est de plus endettée à hauteur de 95% du PIB alors que la moyenne
des 28 pays de l’UE est à 86,6%.
J’ai
souvent montré que notre regard devrait s’attarder sur les performances non de
l’Allemagne mais de la Suède, qui n’est pas dans l’euro et a procédé à une
dévaluation de 25% après avoir refusé cette monnaie. En 20 ans la Suède a
ramené sa dette publique de 80% du PIB à 30% ! Son taux d’emploi en 2014
est de 77,2% pour 65,6% pour la France. Sa croissance est de 2,1% pour 0,4%
chez nous. En 2013 notre PIB/ habitant était supérieur de 7% par rapport à la
moyenne de l’UE, celui de la Suède de 27% ! La recette ? La
dévaluation, des dépenses sociales importantes mais un peu moins élevées qu’en France,
et un cadre budgétaire imposant des dépenses publiques inférieures de 1% aux
recettes… Si eux peuvent le faire, pourquoi chez nous le gouvernement se
réjouit de n’avoir que 4% déficit par rapport au PIB et un chômage qui croît
avec la dette publique ? Pour nous encalminer dans des euphorisants !
Oui mais
ça c’était avant nous disent-ils. Demain tout s’éclaire et les prévisions de
croissance de 1% en 2015 et de 1,5% en 2016 montrent bien que nous allons
mieux. Sauf que nous bénéficions depuis le quatrième trimestre 2014 de conditions
extérieures très favorables, la baisse de l’euro, du prix du baril de pétrole
et la baisse des taux d’emprunt. Ce sont des atouts de circonstance qui sont
volatils en fonction justement non pas de la politique intérieure mais de la
marche de l’économie mondiale. La baisse du prix du baril par exemple est
conjoncturelle et la baisse de 15% de l’euro n’est pas garantie pour l’avenir. Sur
le plan intérieur, si l’investissement repart un peu, l’outil industriel est
très vieillissant plombant la productivité, la consommation des ménages n’offre
encore aucune perspective d’augmentation sensible. Le potentiel industriel continue
à s’effriter et le chômage à augmenter. De 10,4% à fin 2014 le nombre de
demandeurs d’emploi passerait à 10,6% à mi-2015.
La
situation économique mondiale est en effet en train de se détériorer. La Chine
voit sa croissance et ses exportations décroître ainsi que ses importations.
Ceci dénote une baisse d’activité et un affaissement de la consommation des
ménages. Le Brésil est entré dans une très mauvaise passe. La Russie est
victime des sanctions mais surtout les Etats-Unis voient leur croissance
stagner de nouveau, l'investissement est en baisse et la production industrielle a reculé de 0,6% en mars. Si les Etats-Unis entraient en récession, nos prévisions
seraient durement affectées. La zone euro bénéficie de la baisse de la monnaie,
mais cet avantage nous est surtout acquis vis-à-vis de la zone dollar dans laquelle
les Etats-Unis sont le principal débouché. L’Allemagne qui accentue ses
échanges commerciaux avec la Chine peut se trouver dans un marché plus
difficile. Or elle est le moteur économique de l’UE. Enfin la distribution de
liquidités à profusion, les QE, ont nourri pour leur plus grande part les
marchés boursiers qui caracolent sans aucun lien avec l’économie réelle. Nous
sommes entrés depuis 2088-2009 dans une bulle sans que nous sachions si nous
approchons, pour aujourd’hui ou pour demain, de son éclatement, inévitable par
ailleurs. Ses effets seront beaucoup plus ravageurs que ceux de la précédente
bulle. En effet le niveau d’endettement des pays de l’OCDE est sans commune
mesure avec celui de 2008, endettement qui a littéralement explosé.
L’économie mondiale souffre et l'Oranisation Mondiale du Commerce revoit ses prévisions de croissance à la baisse même si celles du FMI sont plus optimistes mais n'ont jamais été confirmées dans le passé. Les
marchés boursiers sont de plus en plus déconnectés des fondamentaux économiques
et brassent une spéculation nourrie par les planches à billets, maniée par la Fed,
la Banque du Japon, la Banque d’Angleterre et désormais la BCE à raison de
60Mds€ par mois. Les signes précurseurs du krach boursier de 2008-2009 se
présentent de plus en plus clairement dans un contexte de dette générale beaucoup
plus préoccupant. La France, incapable de mener des réformes de structure en
profondeur, prend du retard par rapport à la moyenne européenne et sera plus
durement touchée que les autres dès que la situation extérieure favorable aura
cessé ou qu’un nouveau krach boursier la plongera dans la crise. Observez les
faillites bancaires déjà nombreuses, leur accélération sera le signe révélateur
de la proximité d’éclatement de la bulle en cours. Terminons par une phrase de
philosophie gauloise puisque dans ce
pays l’autodérision nous aide à vivre : « Il est vrai que le coq gaulois est le seul animal qui puisse encore
chanter les deux pieds dans la mer.. ! »
Non ça ne va pas bien et il faut stopper
les euphorisants.
Nous glissons sur une pente savonneuse
Dans un enfumage permanent
Qui masque la réalité !
Gare au plongeon !
Claude
Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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