L’Europe
est confrontée à un flux migratoire qu’elle ne peut plus cacher et qu’elle ne
sait pas gérer. Cette explosion de l’immigration en Méditerranée couvait depuis
longtemps. Nos interventions militaires malencontreuses ont accéléré un
phénomène qui aurait explosé tôt ou tard en provenance de l’Afrique
particulièrement. Il est dommage que nous semions aussi le désordre au
Moyen-Orient car les richesses pétrolières et des régimes autrefois stables
comme le syrien auraient garanti une stabilité qui pouvait durer jusqu’à
épuisement des richesses du sol. La Méditerranée devient donc un cimetière où l’Afrique
et le Moyen-Orient déversent un trop plein d’êtres humains.
En
effet il n’y a que deux causes majeures qui engendrent l’émigration, l’insécurité
et la faim. Si l’insécurité est la cause principale en Syrie, les deux
concernent l’Afrique dans son ensemble. De toute évidence, l’Europe s’attache
beaucoup plus à trouver des solutions pour se protéger que pour résoudre le
problème. Il est pourtant simple, il s’agit de surpopulation asiatique et africaine.
Mais depuis cinquante ans, la dénonciation de la surpopulation de la planète
est un tabou absolu. Certains y voient une nécessité de restreindre la
natalité. Pour brutale qu’elle soit, cette solution résout le problème. La
difficulté est d’une part son application et d’autre part la définition du
nombre maximal acceptable d’individus sur la planète qui est lié aux ressources
actuelles ou futures. Ce point de vue est donc réducteur.
On a connu de grandes
famines, de grandes exodes, de grandes invasions et une érosion importante du
nombre d’humains dans de nombreuses régions du monde depuis des millénaires, en
Europe, en Chine, en Afrique par les guerres, les maladies et les catastrophes
naturelles. Or le nombre d’humains dans le monde était sans commune mesure avec
le nombre actuel. Nous étions 2 milliards en 1800 et nous avons dépassé les 7
milliards en 2011 ou 2012. Ce qui est en cause, c’est donc le rapport entre le
nombre d’individus à nourrir et les ressources alimentaires disponibles. Plus
précisément il est nécessaire d’avoir une répartition dans l’espace de ces
ressources en rapport constant avec le nombre d’êtres humains à nourrir. C’est
donc une course dans le temps et dans l’espace entre le nombre d’humains et les
ressources nécessaires, en particulier alimentaires mais pas seulement.
Le danger est que la
croissance des ressources soit plus faible que celle des humains. On parle d’un
nombre croissant d’hommes en dessous du seuil de pauvreté mais cela n’est pas
un indicateur d’augmentation de celle-ci. Il faut parler en pourcentage de
pauvreté et là les choses sont beaucoup moins évidentes. Il a fallu attendre des millénaires à la
population mondiale pour atteindre le milliard d’individus, mais seulement 13 ans pour passer de
4 à 5 milliards de 1974 à 1987 soit 25% de plus. Les scénarios de prévision
démographique de l’époque montraient non seulement une augmentation de la
population mais une accélération du phénomène. Les propos et les écrits étaient
des plus alarmistes. Les dernières études montrent que l’augmentation est désormais
en décélération. Selon l’ONU la population mondiale atteindrait 8 milliards en
2024 soit 14% de plus en 13 ans depuis 2011.
L’accélération de la croissance de la
population correspond avec celle de révolution industrielle. Une telle
révolution ne change plus fondamentalement l’utilisation des ressources et on
rentre dans une nouvelle ère de l’humanité. On peut prévoir que la population
mondiale atteindra un plafond dont la valeur et la date restent très difficiles
à préciser. Je ne crois pas aux prévisions à 100 ans comme s’en vante la
climatologie mais il faut regarder les tendances. Nous sommes donc devant un avenir
où si l’on sait augmenter les ressources au rythme de la croissance
démographique, il nous reste la difficulté de répartition dans l’espace. Or
nous sommes devant de grandes disparités avec une concentration des ressources
qui n’est pas en adéquation avec la population dans de nombreux pays dont le
Bangladesh en est le symbole avec ses 160 millions d’habitants. Ce pays
contraste avec le Nigéria avec ses 183 millions mais où les ressources
énergétiques sont abondantes et même avec le Brésil et ses 203 millions. Nous
sommes donc surtout devant un problème d’inadéquation dans la répartition des
ressources.
Les solutions à envisager sont
multiples et complémentaires. Prendre aux uns pour donner aux autres n’est
jamais facile et finalement une solution de dernière chance. L’urgence est dans
l’augmentation des ressources dans les pays pauvres, pauvreté qui crée l’immigration
et les guerres. Le développement de ces pays et non leur dépouillement devrait
être l’urgence. A ceci doit être associée une politique de limitation des
naissances, peut-être moins drastique que celle appliquée en Chine, mais
proposée et acceptée par les élites des nations concernées. Mais cette dernière
mesure ne fera sentir ses effets que dans une dizaine d’années. Pour un proche
avenir, il n’y a aucune raison que nous ne puissions pas nourrir 8 milliards d’humains
alors que nous avons su passer de l’alimentation de 1 milliard d’êtres humains
à 7 milliards en un peu plus de deux siècles.
On peut aussi résoudre le problème des surpopulations
de certains pays par la guerre et les maladies. C’est horrible mais
malheureusement certains y pensent. C’est une façon de résoudre le problème de
la pauvreté et son corollaire l’immigration. Plutôt que de rallonger le budget
de la Défense pour faire la guerre un peu partout, guerres qui tuent et poussent
à l’immigration et aux exodes, il vaudrait mieux le verser dans un fonds d’aide
aux pays du quart-monde. La surpopulation, mère des fléaux de la planète car
génératrice des maladies, des guerres, de la pauvreté et des flux migratoires,
est le problème posé à l’humanité. Il a des solutions, encore faut-il que l’on
veuille bien s’y attaquer. L’Europe, au carrefour de l’Asie et de l’Afrique, a
un rôle majeur à jouer car c’est dans ces deux continents, et en particulier en
Afrique, que les problèmes sont les plus graves (croissance 2013-2050 de la population : Europe 4%, Asie 20%, Afrique 115% !).
Quelle belle épopée ce serait d’y mobiliser notre jeunesse ! Peut-être
alors les étoiles du drapeau de l’Europe auraient un sens.
Nous n’avons pour l’instant qu’une planète où chacun doit trouver sa
place.
Elle a toujours su fournir aux hommes de quoi les nourrir
Mais c’est à son génie que l’homme a fait appel.
Il faut y ajouter le sens du partage,
Sinon la guerre ne résout rien !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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