François
Hollande se pavane à Cuba comme représentant d’un pays fondateur de l’Europe,
accompagné de dizaines de chefs d’entreprise. Pour faire passer la motivation
première d’une visite à but économique pour essayer de rafler quelques marchés
avant que les américains ne ramassent la mise, il se répond en discours sur les
liens culturels et universitaires qui vont lier nos deux pays. Il en rajoute en
se rendant indispensable, selon lui, pour une levée de l’embargo. La ficelle
est tellement grosse et son pouvoir si faible par rapport à celui d’Obama que
l’on ne pourrait qu’en rire s’il n’y avait pas l’affront récent fait à la
Russie pour l’anniversaire de la Victoire. Ce voyage à Cuba se résume à un pied
de nez à la Russie et à une demande, acceptée par Washington, d’un pays servile
qui demande de prendre une petite part du gâteau avant que l’ogre rafle tout.
Cette realpolitik, valable en soi, ne cadre pourtant pas avec notre appétence
affichée pour les droits de l’Homme dans un pays qui a arrêté 6.000 opposants
au régime en 2014 !
Mais passons du pays fondateur de l’Europe à
l’Europe elle-même car elle en voit de toutes les couleurs ces temps-ci. Le flux
migratoire ne va plus lui laisser de répit. Le Pearl Harbour des embarcations
des passeurs ne stoppera pas ceux qui sont prêts à risquer leur vie. La dissension
fait déjà rage dans l’Europe et le partage nord-sud a déjà créé une Europe
désunie en acceptant des cas particuliers comme celui du Royaume-Uni qui n’a
pas pris la monnaie unique, n’a pas signé la Convention de l’espace Schengen ni
le pacte européen d’immigration et d’asile d’octobre 2008. Elle ne se soumettra
donc à aucun quota d’immigration décidé par Bruxelles. D’autre pays ne sont pas
engagés par le Pacte comme l’Irlande, le Danemark, d’autres encore, comme la
Hongrie, n’ont pas envie de perdre ce pouvoir régalien. La France a de son côté
des accords bilatéraux avec l’Algérie par exemple. L’Europe va retrouver le
clivage nord-sud et les nationalismes vont s’exacerber pour accoucher de
décisions sans grande portée, difficiles et longues à entrer en application
réelle. L’Italie, L’Espagne, Malte et la Grèce vont trouver une bonne occasion
pour se dire frustrés de la solidarité européenne.
Les
réunions sur la Grèce se succèdent sans trouver un accord et celle-ci vient de
verser les 750 millions au FMI en piquant sur la caisse des dépenses exceptionnelles…
de retraite, sachant que ce qui est exceptionnel c’est de pouvoir payer les
retraites dues. En fait l’Allemagne est prête à mettre la Grèce à genoux, le
peuple grec pensant toujours que la solidarité européenne finira par jouer et
que l’euro les protège. Le matraquage politique et médiatique fait dans tous
les pays d’Europe laisse des traces difficiles à effacer. Tsipras, sans le
soutien de son peuple, n’a pas de porte de sortie. L’Allemagne en joue. Son
seul secours peut venir de la Russie et de la Chine, virage que les Etats-Unis
ne supporteront pas mais à propos duquel l’Europe a une autre occasion de se
déchirer.
L’Europe, pour ceux qui ne s’en sont pas aperçus,
est désormais en état de mort clinique. Entre la plausible faillite grecque et
le triomphe de Cameron en Grande-Bretagne, sans compter les prochaines disputes
sur l’immigration ou la guerre civile en Macédoine, le fantasme d’une Union
politique prospère et pacifique a définitivement sombré. La guerre civile qui
voit l’action américaine aider les islamistes est destinée à faire chuter le
projet de pipeline passant par la Turquie et la Grèce pour alimenter le sud de
l’Europe. La Grèce va devoir choisir son camp, elle n’aura pas d’autre choix.
Par un splendide pied
de nez aux sondeurs, Cameron a fait un triomphe et promis un référendum. Les
Britanniques ne lui feront pas cadeau de cette promesse comme en France pour
les référendums promis dont on attend toujours la couleur. Le Royaume-Uni a
toujours voulu une Europe à sa mesure, simple zone de libre-échange. D’ici à fin 2017, la Grande-Bretagne pourra
définitivement torpiller un édifice qu’elle déteste depuis si longtemps… La
politique de déversement de liquidités a redonné un souffle d’espoir à l’édifice
européen, un souffle seulement au prix d’un endettement de l’ensemble. N’oublions
pas que les pays européens sont financièrement solidaires de la BCE. Depuis l’euro
remonte par rapport au dollar, les taux d’emprunt croissent rapidement et le
pétrole a augmenté de plus de 20%. Un effet boomerang est désormais à craindre
sur les pays exposés comme la France.
L'UE n'est pas l'Europe et elle a perdu son unité des pays fondateurs dans un patchwork de pactes, accords, traités divers où les nouveaux arrrivants ont pioché au gré de leurs propres exigences. Entre afflux déstabilisant de migrants, krach
obligataire, Grexit, Brexit, etc. l’UE est désormais en soins intensifs avec
une équipe médicale qui n’est ni d’accord sur le traitement à opérer, ni sur
les pays qui doivent l’être. Bientôt la question de la mort clinique et de la
nécessité de continuer l’acharnement thérapeutique va se poser créant un
nouveau sujet de discorde. Boulimique de pays à englober… la grenouille se fit
si grosse qu’elle en creva.
La
vie ne sourit qu’aux corps bien nés mais
L’Europe
est née par le siège aux forceps américains.
Ils
nous enserrent toujours tant que nous ne leur rendront pas…
La
monnaie de la pièce… l’euro avant que le dollar ne rende l’âme.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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