Bonne nouvelle, nous allons pouvoir acheter sans un « sou » en
poche, ce mot sou étant à prendre au pied de la lettre, en référence à cette
pièce qui a marqué l’histoire de France. Bonne nouvelle vraiment ? Quand
une mesure qui n’a vraiment été demandée par personne, même si désormais en France
le développement du paiement par carte bancaire est généralisé à la presque
totalité des citoyens, il faut se méfier. Quand on dit que l’on va sauver la
démocratie en tuant Bachar al Assad, on peut se poser la question de savoir si
c’est bien la chute de Palmyre et de centaines de milliers de réfugiés et de
morts que l’on voulait. Il faut d’autant plus se méfier qu’au premier abord,
cette mesure est destinée à nous simplifier la vie. Nous nous sommes fait la
même réflexion à propos de l’euro. L’euro était une évidence pratique et
commode pour faire du tourisme et du commerce en Europe. L’euphorie de la
commodité et du symbole a enflammé notre jeunesse. Aujourd’hui l’euro joue sa
survie.
Alors que se passe-t-il qui fait que tout-à-coup on lance cette mesure
qui aurait pu l’être depuis bien longtemps ? Il faut pour le comprendre aller
bien au-delà de notre porte-monnaie et même de notre pays. Malgré toute la
pression politique orchestrée par les médias sur la sortie du tunnel, la
réalité est toute autre. L'Europe va mal. Ce n’est pas par hasard si la BCE s’est
résolue au QE, le « Quantitative
Easing » pratiqué plusieurs fois par la Fed américaine. Ces QE ne sont
ni plus ni moins de la création monétaire sans équivalent or, de la monnaie de
singe pudiquement appelée monnaie scripturale. Cette monnaie, littéralement
écrite, n’a de représentation physique que dans les bits informatiques mais
elle représente l’essentiel de la masse monétaire mondiale. La monnaie scripturale
a largement remplacé la monnaie fiduciaire, celle des pièces et des billets…
mais pas complètement. Nous pouvons encore introduire une carte bancaire dans
une borne et récupérer des billets de banque… enfin en quantité contrôlée par
les banques.
Les banques centrales, Fed, BCE,
Banque d’Angleterre, Banque du Japon, pratiquent le QE pour soutenir la
croissance, en fait pour soutenir les marchés d’actions, domaine devenu vital
pour les banques qui spéculent à tour de bras. L’affaire Kerviel, de nouveau d’actualité,
n’en est qu’un exemple. Malheureusement peu de ces liquidités qui arrivent sur
les banques servent à soutenir la croissance. Ces dernières ont beaucoup plus
de profit à spéculer plutôt qu’à prêter de l’argent aux particuliers et aux
entreprises d’autant plus que les taux d’emprunt sont bas. Les QE sont le
remède de la dernière chance pour la croissance mais ne font en réalité que
repousser le problème. Si on en arrive là, c’est que l’économie va mal et c’est
bien ce qui a décidé la Banque Centrale Européenne à agir, mais pas pour le maintien
d’un taux d’inflation qui devrait être statutairement son seul objectif. Cet
objectif est défini par une théorie économique, d’ailleurs contestée, qui veut
qu’une légère inflation est nécessaire à la croissance. Dans la réalité, plus l’inflation
est grande, plus les dettes publiques sont faciles à supporter. Or les pays s’endettent
de plus en plus, donc on (les Etats comme nous si on a souscrit à des prêts) souhaite
l’inflation.
L’Europe, les Etats-Unis ne sortent
pas d’une croissance molle. Ces derniers voient arriver les élections avec un
bilan économique désastreux dont une dette accrue de 800 milliards. Les banques
occidentales sont fragilisées et les Etats ne sont pas en mesure de les
renflouer ni l’inverse. L’agence Fitch, d’obédience américaine, vient de
dégrader la note de nombreuses banques européennes, italiennes, autrichiennes,
allemandes, luxembourgeoise. Ainsi si les Etats-Unis ne vont pas bien, c’est la
faute de l’Europe. Mais en Europe même la Grèce vient de demander un prêt au
FMI pour rembourser… le FMI. Les évènements vont mal tourner et un vent de
panique est possible sinon probable.
C’est là que le problème de la
monnaie se pose. Le rush sur les banques pour retirer son argent peut alors se
produire comme en Ukraine en ce moment avec des batailles de rue, de même qu’il
s’est déjà produit à Chypre. Les banques sont dans l’incapacité de fournir l’argent
de l’ensemble de ses clients. Pour prévenir un tel évènement, il faut d’abord
rendre les citoyens responsables de leur banque en cas de faillite. Ceci est
fait au niveau européen où seuls 100.000 euros au plus pourront être conservés
par les particuliers et les entreprises. Le reste disparaîtra… par simple clic
de souris. La deuxième étape est la preuve de l’inutilité de la monnaie
fiduciaire. Nous y sommes avec la possibilité de tout acheter par carte
bancaire. L’inutilité de cette monnaie sera donc pratiquement prouvée. Vive la
carte bancaire. La troisième étape se concocte à savoir la suppression pure et
simple de la monnaie fiduciaire. Il suffit de la présenter comme une simplification
supplémentaire, un abaissement des coûts pour les banques que l’on pourra
accompagner d’une petite diminution des frais bancaires pour allécher le
client.
Le tour sera joué. Le citoyen, béat d’admiration
devant une avancée de la société moderne, va se retrouver complètement
prisonnier de sa banque. Tout son avoir sera en monnaie scripturale à la merci
des prédateurs, les banques et l’Etat. Ceux qui n’auront pas prévu ou pu
posséder des valeurs qui traversent les âges, comme les matières précieuses,
seront réduits à l’état de la mendicité qu’on leur accordera. Même les biens
immobiliers perdront instantanément de la valeur puisque les acheteurs se seront
vus dépouillés de leurs avoirs sur les comptes bancaires et les assurances-vie.
Mais grâce à cette arnaque, l’Etat remboursera sa dette qui n’est pas encore
supérieure à l’épargne et les banques pourront continuer à spéculer. Seuls les
benêts peuvent se dire rassurés par la somme de 100.000 euros garantie par l’UE.
Devant l’urgence d’une situation, qui peut devenir critique avec le
grossissement des bulles engraissées par les liquidités déversées par les QE,
la somme garantie sera ce que les circonstances dicteront.
Autre signe avant-coureur, n’avez-vous pas remarqué
que la somme maximum que l’on peut retirer facilement n’arrête pas de diminuer.
Certains ont pu constater que les banques demandent des délais, se font tirer l’oreille
pour sortir des sommes scripturales importantes. Il n’y a jamais de fumée sans
feu et il y a le feu, celui justement que l’on s’ingénie à nous cacher mais les
coutures finissent toujours par craquer et les masques par tomber. JP Morgan Chase, une des plus grosses
banques du monde a averti ses clients qu’elle ne leur permettrait plus de déposer
des liquidités dans ses coffres. Pour leur sécurité, bien sûr. Plusieurs
banques travaillent de concert pour amener le gouvernement américain à limiter
l’usage du cash. En Allemagne aussi, la campagne bat son plein. L’économiste
Peter Bofinger cité par Spiegel , dit ceci :
« Avec les possibilités techniques,
les pièces de monnaie et les billets, aujourd’hui, sont en fait un anachronisme ».
Pas un anachronisme, les supprimer est un plan d’enfer mûrement réfléchi et
progressivement mis en œuvre.
Le système monétaire international est au bout du rouleau.
Les banques et les Etats réfléchissent sur la fin de l’euro.
Les économies occidentales s’essoufflent toutes.
Les dettes mondiales atteignent des sommets.
Les citoyens sont donc mis sous calmants
Pendant que l’on prépare…
Leur dépouillement !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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