Les cocoricos de mai sur le retour de la
croissance du premier trimestre de 2015, nous ramènent à regarder ce que la
France a fait depuis dix ans. La régression du chômage, but ultime affiché par
les gouvernants, est sans doute celui qui nous affecte le plus avec le pouvoir
d’achat et la sécurité. Le chômage est passé de 8,9% à 10,3% entre 2005 et 2014
soit 16% d’augmentation et il n’arrête pas de se dégrader en 2015. Pour
l’Allemagne il est passé de 11,2% à 5,0% ! Pour les deux pays la crise de
2008 est passée par là mais ses effets n’ont pas joué dans le même sens. Notre
voisin du Royaume-Uni est passé de 4,8% à 6,1% mais après être passé par 11,2%
en 2011. Il faut reconnaître que la dévaluation de la livre et la politique
d’austérité sur les dépenses publiques sans augmenter la pression fiscale y est
pour quelque chose. Un dernier constat sur la zone euro montre que celle-ci a
moins bien protégé les salariés que les pays UE hors de la zone. En effet dans
la zone euro le chômage est passé de 9,1% à 11,6% alors que pour l’ensemble de
l’UE il est allé de 9,0% à 10,2% entre 2005 et 2014. Ceci veut dire que le
chômage a baissé fortement dans les pays hors zone euro pendant qu’il stagnait globalement
dans la zone euro, à l’image de la Suède où il passait de 7,7% à 7,9%.
La
même image nous est renvoyée par le taux d’emploi qui est encore plus
représentatif de la quantité d’emplois, à plein temps ou non, proposés. Pour la
France on passe de 72,3% à 69,3%, soit -3,0%, durant la même
période. Pour l’Allemagne c’est de 69,6% à 78,1%, soit +8,5% !
Les deux évolutions sont en sens inverse. Là encore la zone euro montre qu’elle
ne subit pas globalement de dégradation avec 70,1% et 70,2%, soit +0,1%. Mais
les pays de l’UE hors zone euro font mieux que les pays de la zone euro puisque
pour l’ensemble UE on passe de 69,5% à 71,1%, soit +1,6%.
L’indicateur
PIB/habitant nous renseigne sur notre pouvoir d’achat moyen. Eurostat nous
fournit des statistiques sur le PIB/habitant par rapport à celui de l’UE noté
100. De 2004 à 2013, dernière statistique connue, le PIB/habitant français est
passé de 110 à 107, soit -2,7%, pendant que l’Allemagne passait de 116 à 122
soit +5,2%. Ceci montre bien que nous n’avons pas retrouvé le niveau de pouvoir
d’achat d’il y a dix ans, c’est bien dix ans de perdus. Mais c’est plus grave
dans la mesure où le taux de chômage et le taux d’emploi se sont dégradés, on
peut ajouter que le transfert de richesse s’est fait du bas vers le haut.
Le
deuxième point est la croissance dont on dit qu’elle est indispensable à la
réduction du chômage. De 2005 à 2014 nous sommes passés de 1,6% de croissance à
0,4%, l’Allemagne de 0,7% à 1,6%, le Royaume- Uni de 2,8% à 2,8%. On voit toute
la différence entre les trois pays et la maigre performance française. La zone
euro est passée de 1,7% à 0,9%. Même sur les exportations la France accuse son
retard. Alors que la zone euro passe de 36,2% à 44,4% par rapport au PIB, la France
ne passe que de 26,4% à 28,4%. L’Allemagne passe de 37,8% à 45,7% et le Royaume-Uni de 25,8% à
28,3%. De même le bilan du commerce extérieur français passe de +0,4% du PIB à
-1,5%, l’Allemagne de +5,1% à +6,6%, le Royaume-Uni de -2,6% à -1,9%. Seule la France
détériore son bilan et passe du positif au négatif même si le Royaume-Uni est
encore plus déficitaire que nous.
Ce
rapide parcours des statistiques Eurostat même s’il peut paraître un peu
fastidieux, montre que, dans tous les domaines examinés de l’économie et de l’emploi, la
France a pris du retard par rapport à l’Allemagne et au Royaume-Uni même si ce
pays a encore une dette supérieure à la nôtre. La dynamique de la France est
brisée. L’embellie du premier trimestre sur la croissance ne peut s’abstraire
de conditions extérieures très favorables mais très circonstancielles et très
fragiles. L’euro vient de passer de 1,05 dollar à 1,13, le taux d’emprunt
souverain de 0,25% à 0,83%, le prix du baril de 50 à 60$. Le commerce extérieur
peut se retrouver avec un nouvel handicap de change, le déficit public se
creuser plus que prévu à cause des taux et la consommation intérieure faiblir
par un retour du pétrole cher. Par contre aucune mesure économique, aucune
réforme structurelle n’est vraiment à la hauteur du retard pris par la France.
Nous avons bien perdu au moins dix ans et nous le
payons par le chômage et la baisse du pouvoir d’achat alors que le poids de la
fiscalité s’est accru sur les particuliers et les entreprises et que le pays s’est
désindustrialisé. La démocratie recule, la délinquance augmente, le coût de la
santé pour le citoyen se reporte sur les mutuelles, l’enseignement balbutie
entre élitisme et égalité des chances, la formation reste une dépense
globalement improductive et l’Etat s’engage de plus en plus dans des conflits
extérieurs dont on a du mal à saisir la cohérence et dont les effets ne font qu’au
mieux enliser les problèmes et au pire augmenter le chaos.
L’Etat
ment pour nous redonner la confiance en l’avenir soi-disant,
Mais
le pays verra au fil des jours que sa confiance est mal placée.
Les
riches seront toujours plus riches et les pauvres plus pauvres
Mais
devant nous tous notre pays s’appauvrit et se délite !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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