mardi 19 mai 2015

Quand un vent froid sibérien s’appelle « Mistral »



Les affaires intérieures se vautrent dans une querelle politique ponctuée d’invectives sans que le gouvernement soit prêt à une véritable discussion et que l’opposition ait un projet alternatif sinon la promesse d’annuler les réformes si elle a de nouveau le pouvoir. La stérilité des débats ne peut qu’engendrer chez les citoyens non inféodés à la pensée unique, de ce qui est encore l’UMPS, un sentiment d’inutilité de leur vote et de la mauvaise pente dans laquelle nous plongent les partis politiques. On constate même que les partis extrêmes ne se manifestent guère en particulier à droite ou alors ils sont boycottés par les médias. Certes les réformes sont mal emmanchées. En particulier la nécessaire concertation ne se fait pas après le vote en première lecture d’un projet de loi, mais avant. 

Laissons donc de côté cette pitoyable mascarade mais demander à notre gouvernement de ne pas  jeter l’argent par les fenêtres quand on prétend avoir pondu un budget au plus juste. Nous voilà engagés dans des conflits de plus en plus nombreux sur de vastes territoires sans qu’une victoire nette et rapide ait une chance d’être conclue. Pendant que nous bombardons l’EI, ceux-ci sont en Libye et nous envoie leurs combattants par bateaux et spécifient qu’il s’agit d’une vengeance sur l’Occident qui les tue. Nous constatons que loin de régler un problème de démocratie et de défense des opprimés, nous tuons, nous amplifions les haines et nous impactons la sécurité de notre territoire. Tout cela nous coûte fort cher et le budget de la défense doit être augmenté. 

Mais nous jetons aussi l’argent par les fenêtres en grands seigneurs qui se croient encore les maîtres du monde. Nous renchérissons sur les sanctions contre la Russie en refusant de livrer les deux navires Mistral construits dans les chantiers de Saint-Nazaire. Cette bagatelle va nous coûter entre 750 millions d’euros et 1,5 milliard si nous ne livrons pas ces navires, plus que la rallonge budgétaire. Le gouvernement s’est mis tout seul dans une impasse. Ne pas livrer ces navires revient à jeter l’opprobre sur la signature de la France et à se retrouver avec deux navires difficiles à vendre à une autre nation. La Russie s’oppose d’ailleurs fermement à ce qu’ils soient vendus à un autre pays tant que la France n’a pas versé la somme qui sera définie dans les négociations en cours. Par ailleurs il s’agit d’une fabrication spécifique prévue avec et pour des matériels russes fabriqués à Saint-Pétersbourg.

Les nations concernées sont celles qui s’approvisionnent dans les chantiers russes. L’Inde et la Chine sont visées par la France. Si l’un de ces pays accepte nous y laisserons des plumes, mais nous pouvons aussi être ridiculisés vu les liens de plus en plus étroits de ces pays avec la Russie, la Chine en particulier. Si la Chine achète il y a fort à parier qu’elle les revendra ou les louera à la Russie. Russie-Inde-Chine font désormais partie des BRICS qui s’opposent de plus en plus aux Etats-Unis. Nous aurons donc bonne mine vis-à-vis des américains auxquels nous avons voulu montrer combien nous étions le premier pays partenaire dans la lutte contre Poutine. 

Dans le cas où, sous la pression états-unienne ou par refus de la Chine et l’Inde, nous devons chercher un autre acquéreur, comme le Canada qui a été cité, la construction navale spécifique russe, la négociation commerciale ne peut être que très rude. Les canadiens feront valoir qu’ils doivent détruire une partie des installations. La perte sera très élevée pour la France. On peut ajouter qu’alors le sérieux de la signature de la France sera écorné et dévalué pour longtemps. N’oublions pas que l’industrie militaire française représente une bonne partie de nos exportations. Il s’agit en effet d’une première dans les marchés militaires français.

La rupture de contrat avec la Russie serait le fait du prince car il n’y a pas de raison contractuelle le justifiant ni même autre défendable. Le précédent cas date de la période gaullienne où nous avons construit des avions et des navires pour Israël. Le général avait suspendu et non rompu le contrat. Ce faisant les israéliens se sont servis eux-mêmes dans la rade de Cherbourg dans la fameuse affaire des « vedettes de Cherbourg ». La France avait alors une raison valable d’évoquer une rupture de contrat, ce qui la mettait dans une position très compréhensible par les nations du monde entier.

En résumé quelle que soit la décision finalement prise par la France cette affaire est une mauvaise affaire, probablement coûteuse en argent et en notoriété pour notre pays. On peut ajouter que si nous livrons finalement les navires, nous aurons du même coup perdu le bénéfice d’être un solide partenaire des USA. Le partenaire le plus empressé, comme le veut Hollande, devra avaler son chapeau. Il faudra obtenir la compensation par une commande US pour ne pas licencier à Saint-Nazaire… donc mendier.

La morale de cette histoire, c’est d’abord que nous devrons payer
D’une façon ou d’une autre, car c’est de sous qu’il s’agit.
C’est ensuite comme le disait ma grand-mère :
« Il ne faut jamais péter plus haut…
Que son derrière ! »
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon


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