Le 29 mai 2005 la France, contre toute attente de la bien-pensance
relayée par les médias, votait NON au projet de la Constitution européenne.
Mais avec le consentement des principaux partis français de gauche et de droite,
le Traité de Lisbonne a été signé le 13 décembre 2007 à Lisbonne entre les vingt-sept
États membres de l'Union européenne. Le refus du peuple français de voir sa
souveraineté affaiblie était bafoué par un nouveau pas vers le fédéralisme avec
la nomination entre autres d’un Président de la Commission européenne, d’un
Ministre des Affaires Etrangères de l’Union et un renforcement de la Politique
de sécurité et de Défense. Il s’est agi d’un acte anti-démocratique qui a cassé
le lien entre les politiques et le peuple pour longtemps car ce traité a
institué un régime de « souveraineté limitée » pour les Etats de l’UE.
Depuis l’emprise de l’UE sur la politique des Etats n’a cessé de se renforcer
en particulier sur les contraintes budgétaires imposées aux Etats.
Face à la crise, de nombreux États n’ont pas réussi
à respecter les règles fixées par le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC),
renforcé en 2011 par le "six-Pack", qui augmente la procédure de
surveillance et introduit un mécanisme de sanctions plus ferme. C’est ce PSC,
renforcé en 2005, qui introduit que les États membres doivent toujours
maintenir leur déficit et leur dette publique en dessous des seuils fixés
respectivement à 3 % et à 60 % du PIB. L’Union européenne a décidé
d’aller plus loin avec la signature du TSCG, qui prévoit l’introduction par les
États membres dans leur droit national de procédures garantissant le respect
d’une "règle d'or", définie comme une règle d’équilibre budgétaire structurel.
Le solde annuel des administrations
publiques exclut ainsi les « variations conjoncturelles » et les « mesures
ponctuelles et temporaires ». Le TSCG a été signé en mars 2012 par les
chefs d'État de l'Union européenne, à l’exception du Royaume-Uni et de la
République tchèque. C’est un accord intergouvernemental régi par le droit
international qui contient une série d’engagements pris par les États
contractants afin « de renforcer le pilier économique de l'Union économique
et monétaire en adoptant un ensemble de règles destinées à favoriser la
discipline budgétaire (…), à renforcer la coordination de leurs politiques
économiques et à améliorer la gouvernance de la zone euro (…) ».
Il est clair que peu de
pays européens respectent les seuils fixés par le PSC mais le TSCG est un
traité de gouvernance des finances publiques. Lorsqu’un pays n’est plus maître
de sa monnaie et de son budget, il a quasiment abandonné sa souveraineté. La France
a largement dépassé les 90% de la dette publique par rapport au PIB, et les 3%
de déficit public sont toujours repoussés devant nous même si nous nous en
rapprochons. Il faut noter que ces seuils sont paradoxalement à respecter pour
entrer dans l’UE. Il semble bien que ceci est sujet à tous les arrangements
devant la boulimie d’Etats nouveaux que manifeste l’UE comme ce fut le cas pour
la Lettonie. Loin de nous avoir aidé à retrouver une baisse du chômage et une
hausse du PIB/habitant, le constat est une augmentation du chômage et nous n’avons
toujours pas retrouvé le PIB/habitant d’avant la crise de 2007-2008. Hors l’Allemagne
et récemment le Royaume-Uni, l’UE est à la recherche de la croissance, ce qui a
conduit la BCE a lancé un QE (liquidités déversées sur les banques) de 1100
milliards de dollars à raison de 60 milliards par mois. On sait par les
expériences faites aux Etats-Unis que cela nourrit beaucoup plus la spéculation
que l’économie productive.
En ce qui concerne la politique
de défense, à contrario de l’aspect budgétaire et monétaire, les pays comme le Royaume-Uni,
décident seuls les interventions militaires dictées par les USA. Récemment l’Allemagne
est entrée dans le jeu, en particulier pour l’Ukraine, dont elle convoite les
richesses et la main-d’œuvre. L’Allemagne reprend la main et c’est le signe
qu’elle a définitivement assuré sa prédominance économique. Mais l’UE, en même
temps qu’elle étend ses prérogatives par ses règles, ses contraintes et ses
normes ainsi que par son grossissement vers l’Est poussé par l’Allemagne, a
créé des disparités telles entre les Etats que des mouvements contestataires se
font de plus en plus jour. La Grèce est au bord de la faillite et sa sortie
provisoire ou permanente de la zone euro est sérieusement envisagée. Le Royaume-Uni
vient de conforter son Premier Ministre Cameron, alors qu’il a promis un référendum
sur l’appartenance à l’UE. Ce dernier va exiger des conditions nouvelles sur l’indépendance
de son pays, particulières pour la City et l’immigration par exemple. En Espagne
la victoire des « indignés » déstabilise le gouvernement espagnol qui
doit se montrer beaucoup plus réticent sur l’application de la politique d’austérité
imposée par l’Allemagne. L’Italie est en mauvaise posture et va en parler d’ici
peu.
Le constat pour notre
pays est que nous continuons à ne pas vouloir prendre en compte le fait que
notre perte de souveraineté n’amène aucune amélioration de la situation
économique de notre pays, du chômage et du pouvoir d’achat. Un mouvement
général s’amorce, constitué de groupes et d’individus ayant des intérêts
divergents mais conscients que l’UE est mal bâtie et que la démocratie n’est
plus qu’une « démocratie surveillée » tant au niveau européen qu’au
niveau national. Un sentiment contestataire, voire révolutionnaire, se fait
jour dans le peuple et au sein même des partis. Le sentiment de reconquête de
la souveraineté progresse. Il n’attend que le moment où des leaders politiques
ou de la société civile mettront leurs différences sous un éteignoir provisoire
pour s’unir vers « le changement c’est maintenant ». La République
démocratique et souveraine est à reconstruire.
Dix ans de forfaiture n’ont pas gommé les défauts
structurels
D’une Europe mal née, devenue un instrument
De la Cabale hégémonique états-unienne.
La France est en train d’y dissoudre
Sa République une et indivisible.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF
du Languedoc-Roussillon
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