Le maître-mot, qui conduit les discours
et les interventions médiatiques, est la confiance. Tout est mis en œuvre pour
la susciter quitte à présenter les choses sous un aspect tronqué ne montrant qu’une
face de la réalité ou même en la décrivant en jouant sur les mots. Sur ce
dernier point nous l’avons vu pour les promesses sur le chômage. Au fil des
mois nous sommes passés de la diminution rapide du chômage en particulier des
jeunes, propos électoraux pour la présidence, à l’inversion de la tendance
haussière, dite improprement « inversion de la courbe », puis à la
stabilisation du chômage, propos récents des plus prudents. Dans le même temps
la rapidité de réalisation est passée de 2013 à 2016 au mieux. Il en est de même pour
les prévisions de croissance. Le graphique ci-contre montre les prévisions
publiées en mai 2014. La réalisation du 1% en 2014 s’est soldée par 0,4% et est
reportée à 2015… ou à plus tard.
La nouvelle propagande de la confiance intègre
le fait du lien fort entre croissance et chômage. On parle donc essentiellement
de retour de la croissance. Les efforts financiers pour les entreprises montrent.
déjà leurs limites et leur mise en place est de toute façon trop lente pour l’objectif
réel du Président qui est sa réélection en 2017. Charité bien ordonnée commence
toujours par soi-même. En effet ces efforts vont essentiellement aux grosses
entreprises, voire aux lobbies, dont une grande part de l’activité joue sur la
spéculation et l’optimisation fiscale, l’art de donner le moins possible au
fisc français trop prédateur au goût des entreprises du CAC40. Cet art n’exclut
évidemment pas les paradis fiscaux, les banques étant les premières à y faire
appel, pour au moins 200 milliards selon certaines estimations.
Le discours gouvernemental a donc
enfourché le trio d’évènements extérieurs qui changent la donne économique
mondiale et particulièrement de la zone euro à savoir les taux bas associés au
déversement de liquidités par la BCE (comme l’a fait la Fed), la baisse de l’euro
et la baisse du pétrole. Voilà l’occasion de faire de beaux discours sur l’arrivée
des jours meilleurs et cela sans risque puisque si ces trois paramètres s’inversent
les dégâts engendrés ne seront que la faute à la malchance. Le seul problème qu’oublie
ce gouvernement c’est que près des 2/3 du Produit Intérieur sont fournis par la
consommation intérieure et que le pouvoir d’achat des ménages n’est pas en
augmentation. Le blocage des salaires de la fonction publique et des retraites,
plus l’augmentation de la pression fiscale de l’Etat en 2014 et celle des
collectivités territoriales, laissent peu de marge à l’augmentation de la
consommation sauf à tirer sur l’épargne.
Pour
le consommateur l’effet de la baisse du pétrole sur son pouvoir d’achat est
marginal car un automobiliste faisant 15.000km/an avec 7 litres au 100km
économisera 15€/mois. Il n’est d’ailleurs pas sûr qu’il le réinjectera dans la
consommation préférant se désendetter ou épargner. Par ailleurs notre balance
commerciale étant déficitaire, on sait que globalement une bonne partie de ses
achats enrichiront des industries étrangères. Pour ce qui est de la baisse de l’euro,
les achats de produits intérieurs sont peu sensibles à la baisse de celui-ci en
particulier pour les produits alimentaires. Par contre celui des produits
importés y est très sensible dans tout ce qui touche à l’électronique. Ces produits
sont très prisés par les jeunes et les actifs, pour lesquels il y a un fort
désir d’acquisition de ces produits étrangers. Cela limitera donc leurs achats
de produits français.
Enfin
les taux bas et les liquidités de la BCE alimentent principalement les banques
et la spéculation. Les entreprises n’ont recours au crédit pour investir que si
la demande est là. Si les grands groupes industriels vont bénéficier de l’euro
pour leurs exportations, comme EADS ou Dassault, dans un marché fortement concurrentiel,
les sociétés du secteur tertiaire et des services n’en bénéficieront qu’à la
marge. Ajoutons que les sociétés en Bourse ont tendance à racheter leurs
actions plutôt qu’à investir vu la faiblesse de la demande. La trilogie
proposée à l’extase des médias n’est donc qu’une illusion pour toute la zone
euro. De plus les sociétés européennes sont vieillissantes. Les séniors sont de
plus en plus nombreux, ils coûtent cher et consomment beaucoup moins que les
actifs. L’Europe ne peut avoir une consommation intérieure profitant à la
croissance structurelle ou naturelle. Comme aux USA, la BCE crée de l’argent
fictif pour alimenter artificiellement la croissance. L’effet ne dure que tant
que ce déversement existe. Il est donc condamné à perdurer et à… creuser la
dette.
On
peut aussi ajouter que la baisse du pétrole a des effets négatifs que l’on voit
d’ailleurs déjà avec les licenciements massifs en Europe chez Vallourec et les
2000 licenciés chez Total. Il a aussi un impact sur l’économie américaine qui
tire un peu la croissance mondiale avec les faillites qui commencent dans les
producteurs de gaz de schiste dont le prix d’extraction du baril est désormais
de 30 à 40% au-dessus du cours mondial. Les exportations américaines seront aussi
handicapées. On vient de le voir avec la vente des Rafales à l’Arabie Saoudite,
ce qui montre aussi une inflexion d’éloignement des Etats-Unis, fournisseur
autrefois incontournable, dans la politique étrangère de ce pays.
La
croissance mondiale marque le pas et l’économie chinoise, qui a singé l’économie
espagnole en investissant massivement dans les infrastructures et l’immobilier,
se trouve au bout d’une politique très fortement exportatrice qui a du mal à
trouver de la demande. L’économie japonaise s’endette au point de représenter
250% du PIB et il devient probable qu’il faudra puiser dans l’épargne des
particuliers et des entreprises. Ceux-ci en effet n’achètent plus les
obligations d’Etat, seule la Banque du Japon y pourvoit. C’est le serpent qui
se mord la queue. L’économie américaine n’affiche plus qu’une croissance
anémique en 2015 depuis l’arrêt des QE de « monnaie de singe ». La
Fed va continuer les taux bas dévalorisant toujours plus la rentabilité des
prêts avec un effet faible sur la consommation tant que le pouvoir d’achat
moyen des américains n’augmente pas. Or le nombre réel, et non celui des
statistiques officielles du chômage, de sans-emploi ne cesse de croître ainsi
que le nombre de citoyens en-dessous du seuil de pauvreté.
La croissance mondiale faiblit, l’Europe, ne
serait-ce que par un facteur démographique, prend et prendra du retard par
rapport au reste du monde si elle ne change pas fondamentalement de politique
économique. L’évolution technologique de la robotisation est le seul moteur qui
peut booster la croissance par baisse des coûts des produits et des services.
Mais les gains de productivité se feront sur le nombre de salariés affectés à
une production donnée et seront générateurs de chômage. La voie de baisse des
salaires est aussi contre-productive car elle se ressent sur la consommation
des ménages. Les solutions existent pourtant, nous en reparlerons, mais il n'y a rien de pire que les destructeurs de rêves.
Les politiques qui ont ou qui ont eu le pouvoir de l’Etat
Veulent nous faire voter pour continuer
dans l’erreur.
Ils aveuglent le citoyen de promesses
illusoires.
Le monde a changé, leurs recettes sont…
Caduques et suicidaires ! STOP !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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