samedi 2 mai 2015

La trilogie de l’illusionnisme économique



Le maître-mot, qui conduit les discours et les interventions médiatiques, est la confiance. Tout est mis en œuvre pour la susciter quitte à présenter les choses sous un aspect tronqué ne montrant qu’une face de la réalité ou même en la décrivant en jouant sur les mots. Sur ce dernier point nous l’avons vu pour les promesses sur le chômage. Au fil des mois nous sommes passés de la diminution rapide du chômage en particulier des jeunes, propos électoraux pour la présidence, à l’inversion de la tendance haussière, dite improprement « inversion de la courbe », puis à la stabilisation du chômage, propos récents des plus prudents. Dans le même temps la rapidité de réalisation est passée de 2013 à 2016 au mieux. Il en est de même pour les prévisions de croissance. Le graphique ci-contre montre les prévisions publiées en mai 2014. La réalisation du 1% en 2014 s’est soldée par 0,4% et est reportée à 2015… ou à plus tard.




La nouvelle propagande de la confiance intègre le fait du lien fort entre croissance et chômage. On parle donc essentiellement de retour de la croissance. Les efforts financiers pour les entreprises montrent. déjà leurs limites et leur mise en place est de toute façon trop lente pour l’objectif réel du Président qui est sa réélection en 2017. Charité bien ordonnée commence toujours par soi-même. En effet ces efforts vont essentiellement aux grosses entreprises, voire aux lobbies, dont une grande part de l’activité joue sur la spéculation et l’optimisation fiscale, l’art de donner le moins possible au fisc français trop prédateur au goût des entreprises du CAC40. Cet art n’exclut évidemment pas les paradis fiscaux, les banques étant les premières à y faire appel, pour au moins 200 milliards selon certaines estimations. 

Le discours gouvernemental a donc enfourché le trio d’évènements extérieurs qui changent la donne économique mondiale et particulièrement de la zone euro à savoir les taux bas associés au déversement de liquidités par la BCE (comme l’a fait la Fed), la baisse de l’euro et la baisse du pétrole. Voilà l’occasion de faire de beaux discours sur l’arrivée des jours meilleurs et cela sans risque puisque si ces trois paramètres s’inversent les dégâts engendrés ne seront que la faute à la malchance. Le seul problème qu’oublie ce gouvernement c’est que près des 2/3 du Produit Intérieur sont fournis par la consommation intérieure et que le pouvoir d’achat des ménages n’est pas en augmentation. Le blocage des salaires de la fonction publique et des retraites, plus l’augmentation de la pression fiscale de l’Etat en 2014 et celle des collectivités territoriales, laissent peu de marge à l’augmentation de la consommation sauf à tirer sur l’épargne. 


Pour le consommateur l’effet de la baisse du pétrole sur son pouvoir d’achat est marginal car un automobiliste faisant 15.000km/an avec 7 litres au 100km économisera 15€/mois. Il n’est d’ailleurs pas sûr qu’il le réinjectera dans la consommation préférant se désendetter ou épargner. Par ailleurs notre balance commerciale étant déficitaire, on sait que globalement une bonne partie de ses achats enrichiront des industries étrangères. Pour ce qui est de la baisse de l’euro, les achats de produits intérieurs sont peu sensibles à la baisse de celui-ci en particulier pour les produits alimentaires. Par contre celui des produits importés y est très sensible dans tout ce qui touche à l’électronique. Ces produits sont très prisés par les jeunes et les actifs, pour lesquels il y a un fort désir d’acquisition de ces produits étrangers. Cela limitera donc leurs achats de produits français.

Enfin les taux bas et les liquidités de la BCE alimentent principalement les banques et la spéculation. Les entreprises n’ont recours au crédit pour investir que si la demande est là. Si les grands groupes industriels vont bénéficier de l’euro pour leurs exportations, comme EADS ou Dassault, dans un marché fortement concurrentiel, les sociétés du secteur tertiaire et des services n’en bénéficieront qu’à la marge. Ajoutons que les sociétés en Bourse ont tendance à racheter leurs actions plutôt qu’à investir vu la faiblesse de la demande. La trilogie proposée à l’extase des médias n’est donc qu’une illusion pour toute la zone euro. De plus les sociétés européennes sont vieillissantes. Les séniors sont de plus en plus nombreux, ils coûtent cher et consomment beaucoup moins que les actifs. L’Europe ne peut avoir une consommation intérieure profitant à la croissance structurelle ou naturelle. Comme aux USA, la BCE crée de l’argent fictif pour alimenter artificiellement la croissance. L’effet ne dure que tant que ce déversement existe. Il est donc condamné à perdurer et à… creuser la dette. 

On peut aussi ajouter que la baisse du pétrole a des effets négatifs que l’on voit d’ailleurs déjà avec les licenciements massifs en Europe chez Vallourec et les 2000 licenciés chez Total. Il a aussi un impact sur l’économie américaine qui tire un peu la croissance mondiale avec les faillites qui commencent dans les producteurs de gaz de schiste dont le prix d’extraction du baril est désormais de 30 à 40% au-dessus du cours mondial. Les exportations américaines seront aussi handicapées. On vient de le voir avec la vente des Rafales à l’Arabie Saoudite, ce qui montre aussi une inflexion d’éloignement des Etats-Unis, fournisseur autrefois incontournable, dans la politique étrangère de ce pays.

La croissance mondiale marque le pas et l’économie chinoise, qui a singé l’économie espagnole en investissant massivement dans les infrastructures et l’immobilier, se trouve au bout d’une politique très fortement exportatrice qui a du mal à trouver de la demande. L’économie japonaise s’endette au point de représenter 250% du PIB et il devient probable qu’il faudra puiser dans l’épargne des particuliers et des entreprises. Ceux-ci en effet n’achètent plus les obligations d’Etat, seule la Banque du Japon y pourvoit. C’est le serpent qui se mord la queue. L’économie américaine n’affiche plus qu’une croissance anémique en 2015 depuis l’arrêt des QE de « monnaie de singe ». La Fed va continuer les taux bas dévalorisant toujours plus la rentabilité des prêts avec un effet faible sur la consommation tant que le pouvoir d’achat moyen des américains n’augmente pas. Or le nombre réel, et non celui des statistiques officielles du chômage, de sans-emploi ne cesse de croître ainsi que le nombre de citoyens en-dessous du seuil de pauvreté. 

La croissance mondiale faiblit, l’Europe, ne serait-ce que par un facteur démographique, prend et prendra du retard par rapport au reste du monde si elle ne change pas fondamentalement de politique économique. L’évolution technologique de la robotisation est le seul moteur qui peut booster la croissance par baisse des coûts des produits et des services. Mais les gains de productivité se feront sur le nombre de salariés affectés à une production donnée et seront générateurs de chômage. La voie de baisse des salaires est aussi contre-productive car elle se ressent sur la consommation des ménages. Les solutions existent pourtant, nous en reparlerons, mais il n'y a rien de pire que les destructeurs de rêves.



Les politiques qui ont ou qui ont eu le pouvoir de l’Etat 

Veulent nous faire voter pour continuer dans l’erreur.

Ils aveuglent le citoyen de promesses illusoires. 

Le monde a changé, leurs recettes sont…

Caduques et suicidaires ! STOP ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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