Contre toute attente,
les conservateurs britanniques ont la majorité absolue pour gouverner au grand dam
de nombreux médias et économistes français. David Cameron rempile, ce qui est l’exercice
le plus difficile comme le savent tous les politiciens. Il est en effet jugé
cette fois sur son bilan. Quand on relit le discours du Bourget de François
Hollande, on est stupéfait non seulement sur le peu d’actions engagées sur les
promesses du candidat et sur le peu de résultats globaux obtenus. Les principales
avancées sont le retournement du « Je hais la Finance » aux 40
milliards pour les entreprises (en gros du CAC40), et les mesures sociétales
passées en force contrairement à ses promesses de faire appel à la consultation
du peuple pour toutes les questions importantes. David Cameron a de toute
évidence gagné la confiance de son peuple, François Hollande l’a perdue.
Les commentateurs,
toujours prudents pour conserver leurs postes, ont fait grâce au Royaume-Uni d’une
croissance plus forte que la nôtre et d’un chômage moins élevé mais se sont
empressés d’énumérer une panoplie de reproches qui finissent par nous faire
comprendre que finalement en France c’est au moins aussi bien. Le « tout
ne va pas bien au Royaume d’Angleterre » est une évidence et nous l’avons
répété tout au long de l’histoire mouvementée entre ces deux pays. En dehors
des chiffres d’Eurostat, il y a de simples constats qui parlent d’eux-mêmes.
Des britanniques traversent le Channel pour se faire soigner en France, donc
notre système sanitaire est meilleur. Ce qui serait étonnant c’est qu’il ne le
soit pas vu que nous sommes un pays recordman de la facture sociale par
habitant et où en plus on le fait à crédit. On peut s’en féliciter en tant qu’individu
mais on peut aussi s’interroger sur le rapport qualité/prix. A l’inverse nos
actifs, nos entrepreneurs, en particulier jeunes, traversent le Channel en sens
inverse et ne reviennent pas pour la plupart. C’est donc bien que la soupe est
meilleure là-bas.
Alors nous avons le
culot de mettre en avant un taux de pauvreté grandissant dans ce royaume. C’est
vrai, mais il y a deux fois moins de chômeurs chez eux et toutes nos sociétés
caritatives ont proclamé une demande croissante en France des personnes venant
demander de l’aide alimentaire entre autres. Alors les donneurs de leçon
devraient aussi considérer que le PIB/habitant, leur pouvoir d’achat, est globalement
supérieur au nôtre. Il y a une grande vérité qui blesse la bien-pensance
unique. La religion de l’euro n’y trouve pas son compte. Le Royaume-Uni réduit
son déficit public par une politique d’austérité qui commence par l’Etat
lui-même avant celle du peuple et sans alourdir la fiscalité. Il y a un juge de
paix, qui vaut tous les autres sur la réussite d’un Etat, c’est le taux d’emprunt.
Il n’y a pas de meilleur juge que ceux qui prêtent de l’argent.
Le Royaume-Uni empruntait
à 1,5% quand nous le faisions à 0,5%, même jusqu’à 0,25% et ce à raison de 8,5
milliards par semaine. L’explication tenait dans la confiance en l’euro,
confiance liée à l’Allemagne et à la locomotive économique franco-allemande où
nous jouons le rôle de tandem en fournissant 25 milliards de déficit commercial
à la zone euro, engrangés principalement par l’Allemagne. Or on observe aujourd’hui
deux évolutions sur les taux d’emprunt. Les taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne
et de la France viennent brusquement de monter. Ils ont doublé pour la France en une semaine. Il peut s’agir d’un
mouvement spéculatif mais il est probable qu’il s’agit d’un réel retournement
de confiance. La locomotive franco-allemande s’essouffle même si les facteurs
extérieurs de l’euro face au dollar et du pétrole bon marché sont encore
favorables.
Le pétrole remonte de
50$ à 70$ le baril, l’euro repasse de 1,05 à 1,12$. Si le troisième facteur des
taux d’emprunt continue à monter la situation de notre économie et de nos
finances sera nettement moins bonne. Il va falloir que nous ayons les reins
solides, or nos réformes de structure ne sont pas faites. Le poids de l’Administration
française, Etat et collectivités territoriales, ne diminue pas et nous
handicape pour dégager des ressources pour relancer des infrastructures, rentables
à terme et créatrices d’emploi, et dynamiser la recherche et le l’innovation.
Nous nous perdons déjà dans un essaimage d’argent à but électoral pour la
présidentielle et dans une participation à des conflits extérieurs en dehors de
nos partenaires européens dans l’axe d’une politique anglo-saxonne hégémonique.
Pour
se faire une idée de ce qu’a réalisé la France sur les priorités de réduction
du chômage par la croissance, chevaux de bataille de notre président, il suffit
de regarder le graphique ci-joint. La France a une croissance en retard par
rapport à la zone euro, à l’UE, et à la partie de l’UE hors zone euro. Elle est
sur une trajectoire où 0% de croissance génère 12% de chômage. A l’autre bout
de la croissance on trouve le Royaume-Uni qui fait mieux que la moyenne des
pays de l’UE hors zone euro avec 2,8%. Enfin il est clair que l’Allemagne est la
principale gagnante avec un chômage proche du minimum de 4% avec une croissance
de 1,5% qui aurait dû lui donner 8% de chômage. Elle est bien le pays gagnant
de la monnaie unique taillée à sa mesure.
Mais ce graphique met
aussi en lumière que, hors l’Allemagne, la zone euro n’apporte rien aux autres pays
même si la France décroche. La dynamique européenne est hors de la zone euro. C’est
bien cela qui est à l’origine des commentaires peu amènes sur le Royaume-Uni,
car ce dernier est le chef de file des pays qui ont renoncé à l’euro. La Grèce
avec sa faillite annoncée, le Royaume-Uni avec la réussite de sa politique d’austérité
et l’annonce d’un référendum sur la sortie de l’UE, vont ébranler la zone euro
déjà chancelante. La France empêtrée dans des idéologies paralysantes ne peut
lutter contre le pragmatisme d’un pays qui a la maîtrise de sa monnaie et la
confiance de son peuple.
Pour le reste, la situation européenne n’est pas
de nature à réconcilier les Européens avec leur construction communautaire. Le chômage
demeure à des niveaux trop élevés, l’immigration illégale met l’Europe en
difficulté, et la réforme de la politique agricole commune devrait causer des
dégâts dans les agricultures allemande et française. A coup de milliards (encore 12 milliards sur
les marchés la semaine dernière), la BCE parvient péniblement à extraire la
zone euro de la déflation. En réalité, le cœur n’y est plus. La Commission
donne des avis que plus personne ne
suit, et peine de son côté à imaginer une nouvelle ambition politique pour faire face
aux défis auxquels l’Europe est confrontée.
L’Europe apparaît bel et bien à la dérive. La France ne peut espérer qu’une révolution du peuple pour mettre dehors la pensée unique et les réformes qui détruisent les fondements de son identité. Il lui restera à s’employer à réguler, à assimiler le flux migratoire, à retourner son regard vers l’Afrique et l’Asie et à retrouver le sens de la démocratie dont le modèle est en train de la quitter pour les pays du nord de l’Europe.
L’Europe apparaît bel et bien à la dérive. La France ne peut espérer qu’une révolution du peuple pour mettre dehors la pensée unique et les réformes qui détruisent les fondements de son identité. Il lui restera à s’employer à réguler, à assimiler le flux migratoire, à retourner son regard vers l’Afrique et l’Asie et à retrouver le sens de la démocratie dont le modèle est en train de la quitter pour les pays du nord de l’Europe.
Les
bonnes paroles ne suffisent plus, l’enfumage idéologique permanent
Fait
perdre à la France son dynamisme, ses forces vives et son identité.
Il
est temps de troquer l’idéologie contre le pragmatisme,
L’autoritarisme
rampant contre un vent de liberté !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire