La
conception du social-libéralisme est curieusement une tentative de faire entrer
le capitalisme dans le communisme. C’est l’opération qui consiste à vouloir
faire entrer un tuyau dans une canalisation de diamètre plus étroit. Le forçage
de l’opération aboutit à une strangulation du débit du fluide devant passer
dans la canalisation et au pire au bouchage complet de celle-ci. C’est ce que
l’Etat fait en prenant en main le libéralisme contrôlé par lui-même certain
qu’il est de sa science du social-libéralisme et de l’économie. Cela se traduit
par des réglementations successives et de plus en plus contraignantes, de
niches fiscales à gogo et de déversements de liquidités sur les citoyens et les
entreprises au gré de ses certitudes. C’est ainsi que depuis dix ans nous
n’avons pas avancé d’un poil sauf sur la dette publique et le chômage comme je
l’ai montré dans un précédent article.
Je vais prendre
l’exemple des panneaux solaires. Personne ne peut nier que produire de
l’électricité à partir de l’énergie solaire ne soit pas une « riche »
idée garantissant à la planète Terre une énergie propre et inépuisable à
l’échelle de son existence. Toutefois si l’on peut concevoir que la recherche fondamentale
dans ce domaine puisse faire appel à une aide de l’Etat, l’innovation
technologique et la mise sur le marché est du ressort des entreprises.
Celles-ci doivent subir la dure loi de la concurrence. Dans l’état actuel de la
science et de la technologie, l’industrie française est incapable de produire
des panneaux solaires à un prix permettant à l’acquéreur de rentabiliser son
achat sans aide de l’Etat. En conséquence l’Etat subventionne l’installation et
enjoint à EDF de payer, à l’acquéreur devenu producteur, le KWh produit 2 à 3
fois le prix de marché. Ce genre d’opération fausse la concurrence entre les
différents types d’énergie et coûte très cher (déjà 500 milliards dépensés en
Allemagne pour les énergies renouvelables).
Ceci n’est qu’un
exemple qui se répète ad libitum dans les subventions déversées sur les
entreprises, d’ailleurs principalement les très grosses du CAC40, et dans les
niches fiscales du type de celles où s’engouffrent les promoteurs de
l’immobilier dans les Caraïbes, à la Réunion, etc. L’Etat se gausse d’être le
grand ordonnateur de la croissance économique et intervient partout. En 2005
notre coût du travail était inférieur à celui de l’Allemagne. Depuis, après le
passage des 35 heures, de l’euro et du doublement du volume du Code du Travail
depuis 1995, est arrivé l’augmentation de la pression fiscale sur le travail et
le capital, et de nouvelles réglementations comme le compte pénibilité. Grâce à
tout cela les coûts du travail et du capital deviennent supérieurs à ceux de
l’Allemagne. Le résultat est la baisse de la compétitivité française face à
l’Allemagne, la désaffection des entrepreneurs pour investir en France et la
désindustrialisation du pays. La conséquence finale est la baisse de la
croissance et l’augmentation du chômage.
Il
est consternant de constater que les principes du libéralisme ne sont même plus
respectés, cette philosophie qui affirme la liberté comme principe politique
suprême. L’action de l’Etat est de plus en plus intrusive que ce soit sur la
liberté d’expression ou sur celle d’entreprendre. Le social-libéralisme affiché
n’a plus rien de libéral, c’est un mélange de communisme et de capitalisme
dégénérés. Oui dégénérés, car le dirigisme communiste ne se satisfait pas de
l’individualisme et de la défense de la propriété privée, pas plus que le
capitalisme ne supporte l’intrusion dans l’entreprise privée, la mise sous
tutelle par la becquée étatique et les commissaires au plan. Le résultat de
cette bouillie bordelaise est une France où le profit des entreprises est
subordonné aux actions de l’Etat. « La
croissance revient, nos réformes sont en train d’aboutir » dit-il. Non,
c’est l’action entrepreneuriale qui crée la croissance dans un système
économique qui s’autorégule par la réussite des uns et la faillite des autres
pour optimiser les profits de l’ensemble. Ces profits doivent permettre les
investissements nécessaires à une perpétuelle course en avant dans un espace
concurrentiel. C’est parce qu’ils sont plus faibles qu’en Allemagne et
insuffisants que nous périclitons.
Introduire l’Etat dans un mécanisme économique
stable, ne peut que le déstabiliser. Il suffit à l’Etat d’en définir le champ
d’action, d’assurer la sécurité, ainsi que la stabilité des institutions et du
cadre réglementaire. Sinon cette économie étatisée ne génère que des passe-droits, de la corruption et des
déficits (budgétaire et Sécurité sociale par exemple). Mais l’Etat a un rôle
important à jouer dans les relations internationales et monétaires. Il ne peut
déconnecter celles-ci de la réussite des entrepreneurs. Le choix de l’euro est
par exemple déterminant dans la compétitivité. Le fait que les entreprises
internationales souhaitent son maintien avec un euro à 1,05$, ne suffit pas à
considérer que ce choix est bon pour tous. L’action actuelle du
social-libéralisme dans un giron étatique ne fait qu’étouffer le potentiel de
croissance dont est doté un pays comme la France. Nos atouts sont pourtant si
nombreux que nous devons être tristes du piètre résultat obtenu.
L’actualité nous
fournit un axe de réflexion avec les lois sur l’enseignement. L’Etat considère
que l’enseignement est sa chasse gardée et veut s’occuper de ses enfants dès 2
ans jusqu’à 16 au moins mais beaucoup plus longtemps en réalité. On peut poser
de simples questions : l’Enseignement public est-il le meilleur choix pour
acquérir un métier ? Pourquoi l’Enseignement public est-il en concurrence
avec l’enseignement privé ? Comment peut-on garantir l’égalité des chances
si l’enseignement privé payant s’avèrerait meilleur que l’enseignement
public contractuel ou non ? Ces simples questions montrent toute
l’ambiguïté dans notre système d’enseignement où l’Etat se veut tout régir mais
accepte des incohérences et ne définit pas clairement le but à atteindre et la
raison du passage nécessaire par l’enseignement public.
Quel but se
donne l’Education Nationale ? Est-ce la fourniture de connaissances
culturelles de base estimées nécessaires ? Estimées nécessaires par qui et
pour quoi ? Quel est le niveau indispensable pour se former ensuite à un
métier ? Est-ce le niveau bac où l’on pousse 80% des élèves ?
Sinon l’Enseignement public est-il le mieux à même pour enseigner un
métier ? Toutes ces questions pour se rendre compte que l’Etat ne se les
pose pas et continue sur le dogme de la prééminence dans ce domaine où tout ce
qu’il pense est bon et doit être exécuté. « La réforme sera mis en œuvre parce qu’elle est bonne pour l’égalité des
chances »… diktat ni plus ni moins. Mais le nombre d’élèves qui
arrivent en sixième sans savoir lire correctement n’en sera pas changé pour autant
et le nombre de bacheliers qui échoueront dans la vie n’en sera pas modifié.
Beaucoup d’entrepreneurs ne trouveront toujours pas les qualifications qu’ils
recherchent et devront former leurs embauchés. Est-il mieux d’être chômeur ou d’entrer
en apprentissage à 12-14 ans ? Question idiote ? Sûrement !
Aucun pays n’a réussi à mélanger le communisme
et le capitalisme dans le libéralisme.
La France continue à y patouiller,
idéologiquement étrangère au pragmatisme,
Dans des querelles byzantines politiques qui
ne font que du vent
Dans un avenir sans horizon et sans
lumière.
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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