Cette chronique sur les dangers qui
nous menacent s’est voulue partir de sujets nationaux sur lesquels nous avons
directement prise, comme l’école et l’enseignement, pour aller vers des sujets
pour lesquels nous avons de moins de moins de poids national. L’immigration
fait déjà partie d’un problème européen même si nous pouvons y agir
directement. Il fait malheureusement aussi partie d’un sujet mondial puisque l’afflux
actuel trouve son origine dans le chaos des guerres que nous suscitons, encourageons
et menons en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient. L’actualité me force à
parler d’un sujet soi-disant national, celui du vote de la loi sur le
renseignement qui vient d’avoir lieu hier, 5 mai 2015, à l’Assemblée Nationale.
A mon grand regret elle est passée avec une très large majorité de tous les députés
faisant partie du système, celui que manipulent les grands lobbys depuis des
dizaines d’années.
Si le terrorisme nécessite une loi
sur le renseignement pour un sujet qui intéresse l’Europe, c’est alors un sujet
qui doit avoir la plus grande coordination sur l’ensemble de l’UE pour le moins.
A quoi servira-elle si les autres pays ne prennent pas des mesures identiques ?
Le renforcement du renseignement doit être fait en commun plus que partout
ailleurs dans les sujets européens. Ce n’est pas le cas. Dès lors il ne s’agit
plus que d’une prise de pouvoir de l’Etat sur ses citoyens, une restriction
autoritaire de ses libertés. Pendant le même temps, Bruxelles concocte une loi
sur le secret des affaires qui étend la notion de secret bien au-delà de la
concurrence déloyale et prive les salariés, les organismes publics et la
presse, de toute information les concernant. Le domaine d’application étend la
notion volontairement imprécise à tout ce qui pourrait nuire à l’entreprise. Il
s’agit d’un coup d’Etat des lobbys qui se prépare. Loi restrictive des libertés
à Paris, loi de renforcement du secret à Bruxelles.
Puisque nous sommes sortis du cadre national, il nous faut
parler de notre monnaie commune et de la Grèce. En quoi la Grèce nous
menace-t-elle ? Parce qu’elle veut faire plier la zone euro et que
celle-ci, enfin l’Allemagne, ne le veut pas et que la France se cache derrière
son petit doigt. La perspective d’un accord gagnant-gagnant le 11 mai s’éloigne.
La Grèce vient de régler un premier remboursement au FMI de plus de 200
millions, mais un autre de plus de 700 millions est à suivre en mai, hors les caisses
sont vides. Une dernière tentative est faite auprès de la BCE pour qu’elle
avance de l’argent sur les droits de tirage spéciaux. Au sein de la BCE, l’Allemagne
est fortement présente et rien ne permet de croire que c’est de ce côté que l’on
reculera. On dépouillera la Grèce… Nu comme un plat d’argent, nu comme un mur d’église,
disait Musset.
En quoi cela nous concerne-t-il ?
Par esprit de solidarité, me direz-vous. Oui la pauvreté imposée à la Grèce
fait honte au plus dur d’entre nous. Le nombre de chômeurs explose, le système
de santé est au bord de l’apoplexie. Mais, très égoïstement, cette mise à mort
nous intéresse de près. Le peuple grec croit encore à la solidarité européenne
matérialisée par l’euro. Son gouvernement ne peut sortir de l’euro que si la
zone euro met la Grèce dehors, ce qui le dédouane d’une action non souhaitée
par ses citoyens. En parallèle des négociations avec la troïka (BCE, FMI, UE),
la Grèce s’est rapprochée de la Russie et de la Chine. Cette dernière rachète
une partie de son patrimoine, comme le port du Pirée, et les deux compères sont
prêts à débloquer des prêts. La Russie est très intéressée par l’implantation d’un
passage de son gaz par la Turquie et la Grèce pour éviter l’Ukraine. Une avance
substantielle sur les travaux à la charge de la Grèce amènerait le bol d’air
dont l’économie et les finances grecques ont besoin.
Le problème grec est donc un point
très chaud de la guerre désormais ré-ouverte entre les USA et la Russie. La
Grèce fait partie de l’OTAN mais va laisser les navires de guerre russes s’approvisionner
dans un port grec. La Grèce ne pourra pas s’en sortir avec la zone euro et sa
stratégie non avouée est de jouer le plus longtemps possible les négociations
avec l’UE en lâchant le moins possible et en mettant son peuple devant le fait
que l’UE veut toujours la mort de la Grèce. L’opinion met un certain temps pour
s’en convaincre mais le plan de sortie de l’euro est prêt et inévitable. Il ne
pourra pas se faire à l’amiable vraisemblablement et l’Allemagne, fera ce qu’elle
envisage ouvertement, l’expulsion de la Grèce. Le « Grexit » poussera
la Grèce vers l’Est d’où l’aide viendra au prix d’un renversement de sa
participation à l’OTAN à terme.
La
sortie de la Grèce est un évènement de grande portée pour l’Europe mais il fait
partie de la stratégie hégémonique américaine. L’intérêt de l’euro pour les
pays comme l’Italie, en grande difficulté, mais pour bien d’autres comme
Chypre, le Portugal (où gronde la révolte des épargnants), la Hongrie, voire l’Espagne,
va être remis en question par les peuples qui souffrent. Dans un pays comme la France,
le Système sera ébranlé par les tenants d’une sortie qui mettra en lumière que
la solidarité européenne est un leurre et que l’Allemagne est la seule réelle
bénéficiaire jusqu’à présent. Mais le danger vient beaucoup plus de l’attitude
des USA qui ne peuvent accepter que la Grèce s’éloigne de leur sphère d’influence
et que la construction européenne soit remise en question. Elle ne peut le
supporter au moment où elle tisse en catimini le traité transatlantique de
libre-échange avec l’UE pour parfaire sa prise en main de l’économie
européenne, de ses forces vives, de l’implantation croissante de ses forces aux
frontières de l’Europe et accessoirement de son potentiel militaire.
Les USA jouent la montre devant la
montée de la puissance du bloc des BRICS où l’épine dorsale Russie-Chine se
renforce rapidement sur l’alliance monétaire, économique, stratégique et
militaire, ainsi que la mise en commun de moyens bancaires puissants. La Grèce
est un brûlot exsangue qui peut être le détonateur que cherche le complexe militaro-industriel
des USA qu’Eisenhower avait dénoncé en quittant le pouvoir. Elle est désormais
une terre d’affrontement de la bataille du siècle, le monde unipolaire
états-uniens et le monde multipolaire qui s’arme pour l’affronter. Le premier
manie une stratégie offensive et provocatrice, le second une stratégie
défensive, qui tout en souhaitant la paix se prépare activement à la guerre. Celui
qui veut la guerre évalue le prix à payer et c’est ainsi que les USA mènent une
guerre perpétuelle sur la planète. Le complexe militaro-américain croit qu’il a
encore la suprématie militaire et qu’il est urgent de s’en servir pour éliminer
le contestataire le plus dangereux avant qu’il ne soit trop tard. La Russie n’a
jamais perdu une guerre défensive. J’ai bien peur que nous soyons, vassaux
empressés, désormais dans le mauvais camp !
La Grèce n’est qu’un petit pays mais les grands conflits
Ont eu des déclencheurs apparemment insignifiants.
La construction européenne peut en vaciller
Mais malheureusement la guerre
N’en serait que plus possible !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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