Après
les envolées et les grands coups de manche d’Arnaud Montebourg qui se faisait
fort en juillet de faire une « bataille de l’audace » pour
transformer l’économie et restituer 6 milliards d’euros aux Français, nous
avons droit à une réformette dont les mesures phares ne jouent qu’à la marge et
soulève des protestations corporatives chez les professions privilégiées. D’ailleurs
le projet de réforme se détricote au fur et à mesure. Il ne faut froisser
personne et on dénie même avoir eu l’intention de toucher à l’âge de la
retraite.
L’audace
c’est Manuel Valls qui séjourne en Bretagne et affirme que le projet d’aéroport
de Nantes se fera coûte que coûte. Les termes sont choisis car les pénalités de
retard du chantier s’alourdissent. Il est tout-de-même troublant d’entendre un Premier
Ministre se prévaloir d’une décision de justice favorable alors que celle-ci n’a
pas jugé. Valls est tellement pressé qu’il omet d’en informer la Ministre de l’Ecologie
qui a le dossier sous le coude. Ce projet d’aéroport n’est pas critiqué que par
les écologistes. Le projet ne semble pas devoir apporter une augmentation du
trafic en rapport avec les sommes dépensées, mais principalement une aérogare plus fonctionnelle.
La présence de Valls en Bretagne,
suffisamment inopinée pour ne pas mobiliser les bonnets rouges, fait partie du
plan de communication du Premier Ministre dans une région que la réforme
territoriale ne permet pas de retrouver ses frontières historiques avec l’ajout
du département de la Loire Atlantique et qui ne pèsera pas lourd sur le plan
économique. La logique du grand charcutage échappe au bon sens qui aurait voulu
que l’on désigne d’abord les capitales régionales avant de leur attribuer un
territoire. Que ce soit au Nord, à l’Est ou au Sud, on se dirige vers une
bataille entre grandes villes qui peut s’avérer paralysante pour l’exécution de
la réforme.
Au
Nord la maire de Lille et la Picardie ne convolent pas avec enthousiasme. A l’Est
la riche Alsace voit ses finances s’envoler plus loin que la Lorraine et
Strasbourg se trouvera à la frontière d’une grande région qui va jusqu’à l’Ile-de-France.
Au sud l’immense région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon va voir une bataille
féroce entre Toulouse et Montpellier, ces deux villes étant considérées comme
des métropoles régionales. On peut s’inquiéter aussi de l’efficacité de ses
régions si les conseils départementaux sont supprimés. Or sur le plan financier
c’est cette dernière suppression, qui apporte une simplification administrative
et une diminution des dépenses, associée à de grandes communautés de communes. Cette
réforme qui va demander beaucoup d’énergie et de temps pour atteindre la
stabilité et l’efficacité est encore préparée à la va-vite et se caractérise
par un isolement plus grand d’une majeure partie de l’espace rural.
Loi « Macron »
et réforme territoriale ont pourtant un lien, il s’agit de duper une énième
fois Bruxelles, Berlin et Francfort en prétendant que des réformes économiques
et structurelles majeures sont en cours. Le succès de celles-ci est plus qu’aléatoire
et insuffisant. Pourtant les circonstances extérieures sont on ne peut plus
favorables avec d’une part la baisse circonstancielle des taux d’intérêt qui
réduit le coût du refinancement de la dette, et d’autre part une baisse
concomitante du prix du brut et de l'euro. Cette baisse ne profitera d’ailleurs pas
entièrement au consommateur car l’Etat s’est empressé d’augmenter la taxe
intérieure de consommation sur les produits énergétiques pour masquer la perte
de recettes fiscales nettes de 11,5 milliards, dont 6,1 sur l’impôt sur le
revenu en 2014 par rapport à la loi de finances initiale.
Même avec des circonstances extérieures très
favorables
L’Etat ne diminue pas son déficit et
pleure à Bruxelles.
Alors quand elles seront défavorables,
On ira en cale sèche !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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