L’attention des gouvernants est tournée
vers la recherche de la croissance dont on espère une diminution du chômage. Le
socialisme français pour lequel les mots « justice » et « égalité »
sont sacro-saints se contraint au libéralisme avec un Manuel Valls qui fait
beaucoup d’efforts pour que l’on se souvienne qu’il est de gauche. Toute
avancée dans le libéralisme doit se teinter d’une mince couche de socialisme
pour ne pas se déjuger. Malgré cela le socialisme doctrinal montre les dents et
la majorité nourrit de nombreux contestataires.
Malgré
toutes ces précautions l’écart entre riches et pauvres s’accroît. Le 1% des
plus riches devient de plus en plus riche pendant que la pauvreté s’accroît et
que les secours populaires de toutes natures voient se présenter de plus en
plus de monde. L’Etat lui-même voit ses recettes diminuer tant sur les revenus
que sur les sociétés. On évoque à juste raison une fiscalité trop lourde qui
détourne les sociétés et les hauts revenus de la fiscalité française. Si l’on
prend le cas des grosses sociétés, elles ont depuis longtemps gagné plus par l’optimisation
fiscale et les placements financiers que par l’augmentation de la productivité.
Le Luxembourg vient d’être de nouveau épinglé. La société américaine Skype ne
paierait d'impôts au Luxembourg que sur 5% de ses revenus après déduction
fiscale, Walt Disney bénéficierait d'un taux réel d'imposition de 0,28%.
Des montages fiscaux auraient permis ces pratiques et auraient été réalisés par
le biais de sociétés de conseil et d'audit.
Jean-Claude
Juncker, ancien Premier Ministre luxembourgeois avant de devenir le président
de la Commission européenne, a dû platement s’expliquer car ces malversations
ne datent pas d’aujourd’hui mais ont été conclues entre 2003 et 2011 : "Subjectivement parlant, je n'ai rien
de plus à me reprocher que ce que d'autres auraient à se reprocher. [...] Mais,
objectivement parlant, je suis affaibli, car le Luxleaks laisse croire que
j'aurais participé à des manœuvres ne répondant pas aux règles élémentaires de
l'éthique et de la morale". Bruxelles veut réagir. Pour les Échos, "l'optimisation fiscale agressive des
entreprises n’est pas encore en déroute, loin s'en faut, mais (…) les ministres
des Etats dont les pratiques sont trop favorables au secret fiscal ne parviennent
plus à bloquer les initiatives de Bruxelles".
En
supposant que les prochaines mesures ralentissent la mise en œuvre de ces
optimisations à la limite de la légalité, elles ne concerneront que l’UE or on
sait que les paradis fiscaux existent encore et que les Etats-Unis ne sont pas
prêts à faire rentrer dans le rang le Delaware. Nous avons à faire à des
multinationales avec des actionnaires et des dirigeants qui pratiquent eux-mêmes
l’optimisation fiscale. Le phénomène est mondial. Les milliardaires sont
toujours plus riches en cette période dite « de crise » ! Plus que jamais, le classement Forbes 2014 révèle une flambée du nombre de milliardaires
à travers le monde. Le nombre d’ultra-riches est en effet en hausse de 15,3%
et ils sont désormais 1.645 à faire partie de ce classement, un record absolu
depuis sa création il y a 27 ans. Il est intéressant de noter qu’ils n’étaient
plus que 793 en 2009 en pleine débâcle financière. C’est donc bien la finance
qui enrichit ou appauvrit les milliardaires.
La
conséquence c’est que ce petit monde d’individus et de sociétés s’enrichit par une
soustraction à la fiscalité des Etats, lesquels vont demander au monde du
travail de compenser les pertes. Voilà, l’augmentation du PIB et
l’appauvrissement parallèle d’une partie grandissante de la population
(notamment les 9,5 millions de chômeurs et de travailleurs pauvres occasionnels
pour la France, chiffre 2014) est explicable par un « transfert des
bénéfices » des grandes entreprises vers les comptes de l’oligarchie. Sans
oublier la complicité des hommes politiques véreux dans cette manœuvre qui ont baissé les taxes des riches et des
très grandes entreprises dans les dernières décennies... Par Marianne, nous
savons que Total, avec 36 milliards
d’euros de chiffre d’affaires en France, ne nous paye pas un sou d’impôt et que c’est même l’Etat qui lui doit 20
millions d’euros sur sa perte de 60 millions sur l’exercice 2010.
Mais la démarche française vers les
entreprises moyennes et petites, prises dans une recherche de compétitivité,
des marges faibles et une devise encore trop forte pour notre pays qui les
poussent non pas à embaucher mais à investir le plus possible dans l’automatisation,
ne peut atteindre son but. Le Pacte de Responsabilité donnera un effet d’aubaine
pour un nombre limité d’entreprises mais non seulement n’agira pas sur le
chômage mais aura l’effet inverse. La difficulté de disposer de l’argent
nécessaire aux investissements pousse les entreprises à garder le personnel et
à chercher à augmenter encore leur productivité d’où des cas critiques de
défaillances du personnel dans certains secteurs.
Les
tâches les plus intéressantes à automatiser sont les tâches répétitives qui
sont généralement exécutées par de la main-d’œuvre peu qualifiée et peu
rémunérées. Elles rejettent cette catégorie de personnel dans le chômage et la
précarité. On voit que la formation qualificative dans des secteurs porteurs
comme le numérique est une nécessité et que la politique actuelle d’immigration
qui augmente le nombre de travailleurs potentiels est rédhibitoire. D’autant
plus que l’on constate les difficultés de scolarisation et de réussite de cette
immigration, principalement celle venant de l’autre côté de la Méditerranée.
Il est urgent de prendre en compte l’évolution
commencée depuis de nombreuses années mais en évolution plus rapide de la
demande de travail dans le monde d’aujourd’hui qui laisse de moins en moins de
place à la main-d’œuvre non qualifiée, même dans les travaux administratifs. La
croissance ne suffira pas à diminuer les inégalités entre riches et aisés, et
la population en situation financière fragile. Elle doit s’accompagner d’une
politique d’immigration choisie et contrôlée mais aussi surtout d’une véritable
révolution dans l’enseignement et la formation en liaison étroite avec les
acteurs économiques.
Seule une infime partie des citoyens peut
vivre du capital.
Le libéralisme ne peut ignorer le monde
du travail.
Quand on ne peut nourrir tout le monde
On n’appelle pas la misère du monde.
On apprend au plus grand nombre
Un métier qui a de l’avenir !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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