L’euro baisse par rapport au dollar et
avoisine 1,22$ pour 1 euro (0,82€ pour 1 dollar) alors que nous avons atteint
1,60$ en 2008 et que nous étions à 1,31 début septembre. En 2007 la France se
portait encore relativement bien avec un euro fort, elle se porte mal aujourd’hui
avec un euro plus faible. Ajoutons de plus que le prix du baril de pétrole est
au plus bas, ce qui n’était pas le cas en 2007 où il atteignait les 100$ le
baril alors qu’il est redescendu en décembre 2014 à 56$. La situation apparaît
favorable puisque la baisse concomitante de l’euro et du prix du pétrole affecte
peu le coût de nos importations en pétrole et facilite nos exportations. On
devrait donc sentir un net regain de croissance, or les chiffres de la
croissance en novembre sont à peine dans les clous de la prévision budgétaire
et le chômage augmente.
La demande de la baisse de l’euro faite
par Arnaud Montebourg ne semble donc pas la solution à nos difficultés, en tous
cas à court terme. La raison en est simple. Nous ne sommes pas un pays « tout
exportation » comme l’Allemagne et notre capacité de production est
devenue faible et même en régression constante. On ferme plus d’entreprises que
l’on n’en crée. Notre croissance est essentiellement soutenue par la
consommation. Or lorsque l’on produit peu, une part importante de la
consommation est d’origine étrangère. Nous sommes le premier client de l’Allemagne
et nous représentons le couple moteur de la zone euro.
La
baisse de l’euro n’affecte en rien le coût de nos achats à l’Allemagne et ne
joue que sur les exportations hors zone euro. N’oublions pas que notre balance
commerciale est en déficit de l’ordre de 70 milliards. Tout au plus
pouvons-nous espérer le diminuer quelque peu. La diminution de la consommation
due à une politique d’austérité entraîne la baisse des importations qui s’ajoute
à une hausse probable des exportations hors UE. Mais l’impact sur la croissance
restera faible car l’effet sur l’exportation risque d’être compensé par la
baisse de la consommation affectant les produits « Made in France ».
L’Allemagne
par contre voit ses exportations hors UE facilitées sans que ses industries
soient pénalisées par un renchérissement du prix du pétrole dont elle est le
plus gros consommateur européen. La baisse du prix du pétrole payé en dollar compense
ainsi la baisse de l’euro. Par contre la faible croissance, voire la récession,
dans les pays de l’UE, ajoutée la politique d’austérité à l’allemande en
particulier sur les pays du sud, a un impact sur la consommation de nombreux
pays clients de ce pays. La croissance allemande s’en trouve affectée.
On
pourrait donc aussi avancer que la sortie de l’euro avec dévaluation de la
monnaie nationale, que les souverainistes et le FN prônent, ne produira lui que
des effets encore plus négatifs avec des fuites de capitaux, des mesures
spéculatives sur les monnaies nationales, un renchérissement des importations,
etc
.
Il faut bien avoir à l’esprit que dans le
monde d’aujourd’hui, et ce depuis la seconde guerre mondiale, l’économie se joue entre trois entités :
la monnaie du pays, le dollar et le prix du baril. La monnaie de notre pays est
devenue l’euro dont le pilotage est assuré par la BCE, laquelle joue en
fonction de la Fed américaine. L’Allemagne détient la majorité des fonds de la
BCE avec 27,6%, la France 20%. De fait c’est l’Allemagne qui impose le tempo à
l’économie et à la finance européennes et qui accumule les dettes souveraines
des pays en difficulté comme la Grèce. La France est sous une double dépendance
seigneuriale, les Etats-Unis (qui peuvent faire des injections monétaires
ex-nihilo, dites planche à billet, et imposent le dollar pour les achats
pétroliers) et l’Allemagne (qui impose une politique d’austérité et une
dépendance des pays en difficulté).
En
particulier depuis la crise de 2008, les écarts entre les économies européennes
se sont creusées aux dépends des pays du sud et de l’Irlande. L’euro a montré
son inefficacité à être un rempart pour notre économie en particulier. Il est
devenu une machine à enrichir l’Allemagne par le transfert d’argent des
économies faibles vers elle par le biais des importations. Sortir de l’euro, c’est
briser la dépendance de notre économie et celle des pays du sud pour un
rééquilibrage des monnaies permettant de diminuer la quantité des produits
importés de par leur renchérissement et d’augmenter nos exportations non
seulement hors UE mais à l’intérieur. Alors on peut espérer faire renaître et
développer des entreprises, et retrouver la croissance et l’emploi. La
prédiction du prix Nobel Milton Friedman, lors d’une interview donnée à la
Hoover Institution, en 1999, s’avère prémonitoire :
« Lorsque vous avez des pays qui parlent la même langue, lorsque des
mouvements de population ont lieu entre les pays, lorsque des systèmes
d’ajustement existent pour contrer les chocs asymétriques sur les différents
pays, les États-Unis sont une bonne zone pour une monnaie unique. Mais l’Europe
est l’opposé de tout cela. Ses habitants ne parlent pas la même langue et ont
différentes coutumes. La mobilité est réduite entre les pays. Le taux de change
de ces différents pays était un mécanisme par lequel ils pouvaient s’ajuster
face à des chocs qui les touchaient de façon asymétrique. En fait, les
Européens ont fait le pari de jeter ce mécanisme d’ajustement par la fenêtre. Mais
au final, je pense que cela sera une grande source de problèmes. Les problèmes
ne se poseront pas pour tout le monde. Certains seront affectés par des
situations qui étaient réglées par des dévaluations. Mais en raison du fait
qu’ils sont bloqués dans un système à monnaie unique, l’alternative sera une
récession. »
La baisse de l’euro n’affectera que peu
la croissance
Si nous restons dans la zone euro,
malgré la chance
Que le prix du baril suive cette baisse,
sauf…
Si l’Allemagne en sort… avant nous !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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