Le constat est amer mais, comme en 1938 où
nous glissions vers la guerre les yeux fermés, nous glissons vers la perte de
souveraineté et vers le déni de démocratie qui nous ferme les yeux. Nous
glissons peut-être aussi vers la guerre, endormis dans les bras de l’OTAN.
Pourtant c’est bien du peuple que viennent les vents de révolte et le refus de
la Constitution Européenne détourné par le Traité de Lisbonne est toujours dans
les mémoires. La dernière consultation sur les européennes a conforté le FN
pour qui ce scrutin était jusqu’alors défavorable. Sa position sur l’Europe a
cette fois payé. On voit même Nicolas Sarkozy remettre en cause le joug de
l’Europe, lui qui a préparé le traité budgétaire européen que l’on nomme le
TSCG, lui le fervent de la règle d’or, partant sabre au clair pour imposer
l’équilibre budgétaire par voie européenne. Son ralliement soudain, après avoir
rallié l’OTAN, laisse quelques inquiétudes sur la solidité de son opinion qui
suit les vents du moment… électoral.
Certains à gauche
réclament une sixième république, alors que nous nous redirigeons vers la
quatrième avec l’affaiblissement du président de la république, les clivages de
plus en plus nombreux au sein des partis, à la multiplication des petits partis
à gauche, à droite et au centre, à la montée des corporatismes. Tout ceci a une
odeur de quatrième et de pays ingouvernable avec un exécutif faible, une
confiance du peuple au plus bas. Avant 1958, le peuple ne croyait plus en rien
et surtout plus dans les politiques affublés de « ballets roses »
après l’affaire Le Troquer à la fin des années 1950. Les aventures
sentimentales du Président intéressent plus que ses discours auxquels plus
personne ne croit. Avec deux slogans, sortir de l’euro et limiter l’immigration,
le FN rafle la mise des convaincus et des mécontents de gauche et de droite,
sans avoir à s’emparer des micros que l’on ne peut plus lui refuser comme
auparavant.
La Vème république
n’existe plus, son costume ne peut plus habiller le Président. Ce costume
d’apparat est devenu celui d’un attaché commercial portant la cravate de
travers. Les politiques économiques alternant celle de l’offre et de la
demande, ou les deux à la fois, les réformes sociétales et éducatives, le
chômage, l’immigration, la perte d’identité nationale, la pression fiscale, ont
chamboulé la tête des français. Ce charivari incessant les a divisé entre les
riches et les pauvres, entre les conservateurs et les progressistes, entre les
patrons et l’État, entre les patrons et les syndicats, entre les tenants de la
diversité et de la discrimination positive contre ceux de la limitation
migratoire et de l’assimilation, entre les églises qui ferment et les mosquées
qui ouvrent, entre ceux qui paient l’impôt et ceux qui n’en paient pas, entre
ceux qui veulent l’égalité des résultats scolaires et ceux qui veulent l’école
du mérite, entre ceux qui vident les prisons et ceux qui en veulent d’autres,
etc. etc.
La
cacophonie a envahi les gouvernements, où chacun se croit autorisé à parler
d’un domaine qui n’est pas le sien sous prétexte qu’il participe au Conseil des
Ministres. Un Ministre s’exprime, un autre vient aussitôt
« corriger » les paroles du premier. Le Président fait faire un pas
en avant à son Premier Ministre et fait aussitôt un pas en arrière, mêlant dans
la confusion les responsabilités du Président et de son Premier Ministre. Le
manque de résultats doit alors trouver un bouc émissaire, l’état déplorable de
finances laissé par la droite, les contraintes inadmissibles de Bruxelles, les
patrons qui ne jouent pas le jeu. Nous sommes déjà entrés dans une VIème
République qui ne réussit pas sa mue passant d’un corset trop large dans un sac
déformable sans tenue nécessaire pour y entrer. La France va cul par-dessus
tête, hagarde, et louche un œil sur Obama et l’autre sur Angela Merkel.
La France
doit-elle revoir les institutions pour officialiser la VIème ? Il n’y a
pas de sens à discuter des institutions si la France n’est plus un État
souverain. Cela place d’emblée la question de la souveraineté au centre du
débat. Encore faudrait-il définir où nous en sommes arrivés et où nous voulons
aller. Nous avons déjà bricolé la Vème sous l’impulsion de Jacques Chirac en
ramenant le mandat présidentiel à 5 ans, ce qui fait que quand c’est mal parti,
l’Assemblée Nationale laisse les moyens d’agir pendant tout le mandat à un
Président déjà répudié par le peuple créant de plus une confusion des
responsabilités entre le Président et le Premier Ministre, ce qu’avaient voulu
éviter Michel Debré et Guy Mollet. Cela devient d’autant plus une séparation du
pouvoir et du peuple que le référendum est désormais abhorré.
Après s’être laissé
aller, sous la pression des lobbies, à faire chorus avec les technocrates de
Bruxelles, l’OTAN et la Cour de Justice Européenne, Nicolas Sarkozy en revient,
comme par hasard, à retrouver les vertus du référendum qui lui redonnerait un
peu du poids abandonné à Bruxelles… si le résultat est conforme à son attente !
Comme le gamin qui hésite entre le beurre ou la confiture sur son pain, nous
entrons dans une valse-hésitation entre la souveraineté qui fuit et le
fédéralisme qui avance. Comme le gamin nous voulons le beurre et la confiture. Pour
montrer à l’extérieur nos petits biceps, nous nous dépêchons de trouver des
conflits à la mesure de notre armée, nous jouons la mouche du coche pour les
autres, en Syrie, en Iran, en Ukraine, en Irak. Nous retenons le Mistral à quai
à coups de milliards à perdre et nous prononçons avant les États-Unis la
reconnaissance de la Palestine qui n’a pas encore de vrai gouvernement et est
en plein conflit interne. Nous ne sommes plus dans la politique de la chaise
vide mais dans celle du strapontin avant d’être dans celle… du siège éjectable !
Comme dans les intempéries du Sud-Est la
France va à vau-l’eau.
C’est dans les vêtements trempés du
Président
Que la Vème se rétrécit et tente de se
muer
Dans une VIème qui en revient
à la IVème.
Vive la République Une et Divisible !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire