Nous revivons une histoire désormais
vieille de près de 30 ans, celle de l’URSS dont la force militaire égalait
celle des USA et où la politique hégémonique des USA avait compris qu’elle ne
pouvait s’étendre au monde entier sans mettre l’URSS à genoux. La mise à genoux
économique a donc été utilisée par le biais du pétrole dont dépendait
principalement l’économie russe. Cette guerre fut gagnée, Gorbatchev capitula
et l’URSS perdit les républiques du pourtour de la Russie pour devenir ce qu’elle
est actuellement où tout au moins avant l’annexion de la Crimée.
La
guerre des prix pétroliers fut déclenchée en 1986 par le ministre saoudien du
Pétrole de l’époque, Zaki Yamani, et orchestrée par Henry Kissinger dont la
principale cible était l’économie pétrodépendante de l’ex-URSS. Afin de ruiner
leur adversaire, les Etats-Unis, sous la houlette de Henry Kissinger,
mobilisèrent trois ministres du Pétrole (Arabie Saoudite, Emirats et Koweït)
pour augmenter brutalement la production et déclencher une « guerre des
prix » soi-disant contre la Norvège et le Royaume-Uni au motif qu’ils
pratiqueraient des prix plus bas que ceux de l’OPEP enlevant à celle-ci des
parts de marché. Prétexte fallacieux, car, la vérité, dévoilée par la suite,
est que l’Administration Reagan entendait surtout tarir la principale source de
revenus de l’ex-URSS. Elle s’est soldée par l’effondrement des cours et des
revenus pétroliers. De 27,01 dollars le baril, en moyenne en 1985, le prix spot
du pétrole OPEP était ainsi tombé à 13,53 dollars en 1986, pendant que les
revenus pétroliers des pays OPEP baissaient de 127,2 milliards de dollars à
76,74 milliards de dollars soit -40%.
Les USA
devraient lire l’histoire de l’épopée napoléonienne dans les steppes russes et
savoir que ce pays a une âme, une culture et une véritable identité qui a
résisté à toutes les invasions. L’URSS repliée sur la Russie, a survécu pendant
près de 12 ans, disparaissant progressivement de l’échiquier politique. Elle
était au bord du chaos en 1998 quand un homme providentiel en a pris la tête,
ouvrant l’économie autarcique de son pays tout en combattant une mafia
économique qui privait le pays de ses ressources minières, gazières et
pétrolières. Alors que les USA pensaient avoir éliminé ce grand pays de la
carte géopolitique, celui-ci se représente, en particulier depuis la guerre de
Syrie, avec une situation économique saine et une puissance militaire en
reconstruction en plus de la puissance nucléaire toujours existante.
Pour
les USA, il faut tout recommencer. La Russie a empêché la chute de Bachar
el-Assad et la guerre de Syrie s’enlise avec un Etat Islamique qui domine les
rebelles et joue son propre jeu avec les encouragements, les aides, les armes fournis
par ceux qui les bombardent aujourd’hui. La Russie renoue des liens avec Cuba,
les USA s’y intéressent donc de nouveau sous la pression aussi des milieux
économiques qui visent ce marché dans une période plus difficile que le laisse
entendre une croissance alimentée de fausse monnaie. Les rebelles ukrainiens,
la Novorussia, n’ont toujours pas rendus les armes. Les bombardements
continuent et les destructions et les morts s’accumulent. Le gouvernement
ukrainien détruit sa propre économie dans la partie est, la plus prospère de ce
pays. La Russie ne veut en aucun cas voir l’OTAN à sa frontière alors que des
accords sur ce point ont été passés avec l’Ukraine, même en dehors de son
entrée dans l’UE. Enfin la Turquie commence à jouer un double jeu avec le
problème des kurdes et des accords avec les russes.
L’échiquier
géopolitique est donc bouleversé. L’affrontement USA-Russie est en cours mais
la donne a changé. Les USA n’ont plus la même force qu’en 1986 et le
tiers-monde ne représentait pas grand-chose dans le monde économique. Désormais
les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) représentent l’émergence
d’une troisième composante économique et même stratégique, donc déjà une
véritable force géopolitique. Plusieurs pays s’y associent ou prévoient de le
faire dont l’Iran et, comble de l’insupportable pour les USA, le Pakistan. La ceinture
de pays sous influence américaine autour de la Russie risque de se fracturer.
Pour les USA il faut faire vite et tuer
l’ours russe avant qu’il ne soit trop tard. Poutine l’a compris et il a resserré
les liens monétaires, économiques et stratégiques avec son voisin difficile
mais puissant, la Chine. Pour être sûr de porter un coup fatal à la Russie,
deux actions simultanées ont été menées. Celle qui avait réussi en 1986 avec le
pétrole et une attaque sur la monnaie puisque celle-ci est devenue convertible
contrairement à la situation de 1986. Aucune raison logique ne peut expliquer
la baisse spectaculaire et soudaine du prix du pétrole, initiée et soutenue par
l’Arabie Saoudite. L’augmentation de la demande en produits pétroliers de pays
émergents compense l’affaiblissement de la demande des pays occidentaux. L’embargo
sur l’Iran est en cours et des champs pétroliers sont menacés en Irak et en
Syrie. Il s’agit donc d’une manœuvre géopolitique entre les USA et son
partenaire l’Arabie Saoudite sous protection américaine destinée à ruiner l’économie
russe.
La seconde manœuvre est
l’attaque spéculative sur le rouble qui a abouti à sa dévaluation de moitié
environ par rapport au dollar et à l’euro. La Russie a réagi promptement en
ouvrant les caisses de la Banque centrale russe largement garnies, en montant
les taux d’intérêt et, ce qui n’avait peut-être pas été prévu par les USA, en
utilisant un échange entre le rouble et le yuan renminbi à un taux qui avait
été négocié à parité fixe. Ce vase communiquant entre le yuan, dont les
réserves peuvent décourager tous les investisseurs du monde, et le rouble, et
la solidité des réserves russes dans un pays peu endetté sont en train de
ruiner les espoirs des USA avec un rouble dont la spectaculaire montée est
cassée. Du coup l’opération pétrole et gaz sur la Russie devient beaucoup moins
efficace. On notera le silence des médias occidentaux sur l’arrêt de l’effondrement
du rouble alors qu’ils avaient claironnés sur le scénario catastrophe qui
menaçait la Russie. Mais chacun sait qu’en toutes choses, les USA ne sont pour
rien dans tout cela et que nous les soutenons aveuglément.
Rejeter la Russie vers l’Asie et
participer au jeu américain
Ne peut que nous nuire et accentuer
notre dépendance.
La force de l’UE n’est que dans son
marché à prendre !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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