A l’heure
où la disparité, entre les économies du sud et du nord, s’aggrave, la France étant
dans la moyenne européenne pour la croissance, mais passant en-dessous pour le
PIB/habitant (-8% de 2002 à 2013 par rapport à la variation dans les 28 pays de
l’UE), et au-dessus pour le chômage (10,5% contre 10% en 2013) et le déficit
budgétaire (4,4% du PIB prévu pour 2014 et décalage de quatre ans de l’objectif
à 3%). Même si elle fait mieux que l’Italie, la question européenne revient d’actualité.
Le cœur des européistes de conviction de l’UDI et du Modem ressassent les mêmes
arguments du « si les choses vont mal, c’est qu’il n’y a pas assez d’Europe ! ».
Autrement dit les directives européennes ne sont pas bonnes mais elles seront
meilleures si on en augmente le nombre. Ses moutons de Panurge vont au
précipice, mais tout ira mieux s’ils sont plus nombreux.
Il
y
a une solution logique à laquelle un mathématicien peut adhérer, c’est
le
fédéralisme, solution théoriquement viable avec un Président de
l’Europe, un
gouvernement, un Parlement et une Défense européenne indépendante. C’est
une
vue cohérente qui oublie pourtant que l’Europe ne se construit pas comme
les États-Unis dans un pays neuf où la langue quasiment unique crée
rapidement un
lien commun qui a commencé une histoire commune. L’Europe est un
continent qui
fut l’objet de luttes intestines pendant deux millénaires même si une
civilisation
commune s’est constituée autour des luttes contre les peuples de l’est
et les
arabes. La France s’est frayé un chemin par la puissance de l’église
catholique
entre l’aspiration atlantique d’une Angleterre, qui a vécu son apogée
après
Waterloo, et une Allemagne protestante qui n’a jamais abandonné depuis
Charles-Quint l’idée d’une suprématie germanique européenne due à sa
position
centrale.
L’Europe
à la trentaine de langues, sans compter les patois et dialectes, n’est qu’un
patchwork de peuples qui essaient de mettre des intérêts économiques en commun
en battant monnaie unique pour certains. L’identité européenne, caressée un
instant dans l’euphorie passagère de l’euro, est autant en déclin que progresse
une technocratie européenne qui dépouille lentement mais sûrement les États de
leurs pouvoirs régaliens. Le Royaume-Uni est l’objet de forces politiques
centrifuges sur l’appartenance à l’Europe. L’Allemagne a inscrit dans le marbre
de sa Constitution toute modification dans les statuts européens qui obligerait
à la révision de celle-ci. Ainsi le fédéralisme impose de fait un alignement sur
l’Allemagne et l’euromark. Prêcher le fédéralisme est une vue idéaliste qui
ignore la réalité de la géopolitique européenne.
Mais
penser, comme l’affirme
les centristes européistes fédéralistes, que l’Europe sera plus forte et
pourra
éventuellement s’opposer au Traité de libre-échange transatlantique, est
aussi
suicidaire que la croyance de gauche avant la deuxième guerre sur une
solution
diplomatique avec Hitler. Nous n’avons pas de défense européenne donc
pas de
puissance réelle. Nous n’avons même pas pu régler seuls la guerre du
Kosovo. L’OTAN
avec un général américain à sa tête est censé nous protéger mais occupe
le
territoire européen et nous entraîne dans les conflits nécessaires au
maintien
de l’hégémonie américaine. L’Europe n’a plus les moyens d’exister en
dehors des États-Unis, lesquels feront tout pour garder leur mainmise
sur l’Europe. Il en
va de leur survie.
Cohérente
dans son fonctionnement, théoriquement viable, la fédération européenne reste
un idéal déconnecté de l’histoire des peuples européens. A ce propos, je
voudrais citer de nouveau ce que m’a dit le vice-ministre japonais de l’énergie
au moment du traité de Maastricht lors d’un déjeuner officiel : « Nous
nous ne signerons jamais un traité qui détruit les souverainetés nationales ».
Or le continent asiatique, et en particulier l’Extrême-Orient, est la zone
centrale du monde pour le XXIème siècle. L’Europe fédérale ne sera pas ou elle
sera allemande sans les britanniques. La France n’existera plus que dans une
oligarchie où opèrent une ploutocratie, une technocratie aux intérêts communs
qui n’ont rien à voir avec le peuple français. Celui-ci voit déjà fuir la
démocratie et le fédéralisme ne peut que l’en éloigner un peu plus en déplaçant
le reste de pouvoir de Paris à Bruxelles, Francfort et Berlin. L’UE a déjà
montré qu’elle faisait fi de la démocratie en obligeant les pays comme l’Irlande
et les Pays-Bas à revoter pour leur NON à Maastricht, et Nicolas Sarkozy a
détourné le vote des français avec le traité de Lisbonne. La liberté accordée
aux peuples, et encore avec parcimonie, c’est de voter comme l’UE en a décidé.
La
politique de la France ? Il n’en reste rien, comme le démontre
l’incapacité de François Hollande à ordonner la livraison des Mistral à la Russie
en exécution du contrat qu’elle a signé avec elle. Il est loin le temps où le
Gal de Gaulle déclarait que « La politique de la France ne se décide pas à
la corbeille » et retirait la France de l’OTAN. Aujourd’hui, sous les
pressions des États-Unis et avec la complicité complaisante de Nicolas Sarkozy
et de ses élites, la France a réintégré l’OTAN et en est réduite à jouer les
valets de service. Il ne lui reste plus la moindre marge de manœuvre, et elle
est en train de perdre à une vitesse ahurissante toutes les caractéristiques
qui l’ont différenciée dans l’histoire. Tant il est vrai, comme le disait
encore de Gaulle, que « La France ne peut être la France sans la
grandeur. »
Ce n’est pas la France de François 1er
et de Marignan, ni de Napoléon et d’Austerlitz, qui disparaissent des livres d’histoire,
que nous célébrons aujourd’hui mais celle du Saint Empire et de Waterloo. Ce n’est
pas l’Europe qui lance la fusée Ariane 6, mais la coopération scientifique,
industrielle et économique entre certains pays européens dont les industries en
ont la capacité et y trouvent leur intérêt. Cela n’a pas attendu l’UE ni la
monnaie unique. Cela est vrai pour Airbus et pour le projet ITER à Cadarache qui
n’est pas le projet du monde mais le projet d’un consortium d’un certain nombre
de pays du monde pour la maîtrise de l’énergie de la fission nucléaire. Vouloir
nous vendre l’Europe sous le titre « l’Europe
va construire Ariane 6 » n’est qu’une manipulation politique.
Les élites ont choisi, pour un peuple
qui n’en peut mais,
De livrer la France au Saint Empire et
aux lobbies,
Après l’avoir déstructurée, diversifiée
Dans une identité inconsistante
Donc manipulable !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire