Les sanctions
économiques et financières pleuvent sur la Russie, l’ennemi numéro un pour les
USA en attendant de hisser la Chine à ce niveau dès que l’affaiblissement de la
Russie sera réalisé. Les USA ont besoin de la Chine comme client en dollar ou
en obligations américaines. On ne peut jouer avec la Chine comme avec la
Russie, il y va de la survie du dollar. L’UE, sur les insistances des
Etats-Unis, a voté de nouvelles sanctions sur la Crimée, coupable d’avoir
choisi par référendum le retour à la Russie. Par ailleurs les médias français
dans leur ensemble se gaussent d’une attaque réussie sur ce pays stigmatisé
avec l’affaire ukrainienne.
Derrière ce matraquage
médiatique, la réalité s’avère bien différente. Pointer le doigt sur les
difficultés russes, matérialisées pour l’opinion par la chute du rouble, permet
d’oublier nos propres difficultés où la croissance prévisible reste faible, la
pression fiscale très forte, la dette et le chômage toujours en augmentation.
Il est donc salutaire de regarder la situation économique de la Russie avec
plus d’objectivité et en comparaison avec la nôtre.
La Russie est l’objet d’une
défiance économique qui ne date pas d’hier. Les plus anciens se rappelleront
des emprunts russes qui n’ont jamais été remboursés et les plus jeunes de la
situation catastrophique de 1998 dans laquelle Poutine a pris le pouvoir. Les
sanctions économiques occidentales n’ont pas de fondement autre que cet
anathème donné en boucle : « Le
Russe, c'est « le méchant » qui a annexé la Crimée et qui menace la
pauvre Ukraine ». On omet de dire que c’est l’UE qui voulait faire
entrer l’Ukraine, que c’est les USA qui veulent un partenariat militaire
privilégié avec ce pays avant son entrée dans l’OTAN, que l'Ukraine est
maintenant sous contrôle étasunien avec la nomination à des postes clés de
personnes à la solde des USA (Ministères des finances, de l’économie et de la
santé entre autres).
Si
les sanctions économiques et financières ont un impact non négligeable sur la
Russie et d’ailleurs aussi sur l’économie européenne, c’est surtout la baisse
du prix du pétrole et du gaz qui a l’impact le plus important. Il est clair qu’Obama
fait tout pour ruiner la Russie en organisant avec ses complices d'Arabie
saoudite une baisse artificielle des cours du pétrole, en détournant les
marchés européens du gaz et du pétrole russe. Si ce n’était pas le cas on ne
comprendrait pas que l’Arabie saoudite maintienne sa production si la demande
est en baisse. Alors la Russie est-elle au bord du gouffre dans un scénario
argentin ou grec ?
Depuis la prise de
pouvoir de Poutine, la Russie a progressivement retrouvé une démographie
dynamique. En 2012, on assistait à une croissance naturelle de la population
pour la première fois depuis 1992. Lors de sa prise de fonction, le revenu
annuel moyen russe s'établissait à 1322 euros. Il était de 7988 euros en 2013
soit une augmentation de plus de 500% ! Le taux de pauvreté est lui passé
de 35 % en 1999 à 13% en 2012. Á noter que le taux de chômage n'est que de
5,5 %. La population russe soutient d'ailleurs majoritairement son
président avec plus de 80 % d'opinions favorables.
La
Russie a les moyens de réagir à ce coup du sort. Le rouble s’est ressaisi hier
avec l’introduction de 30 milliards par le Ministère des Finances et la Banque
Centrale après ce minikrach sur le marché des changes. Mais la
Russie avait engrangé 420 milliards, il lui reste donc des cartouches pour
stopper la spéculation et revenir à des taux d’emprunt plus bas que les 17% qui
étrangleraient son économie à terme. La dette publique était un problème majeur
en 1998 ; aujourd’hui la Russie est l’un des pays les moins endettés du
monde avec autour de 9% du PIB pour sa dette publique, soit 10 fois moins que
la France. La balance commerciale était en déficit au premier semestre 1998,
alors qu’elle est excédentaire aujourd’hui de près de 120 milliards par an, un
chiffre comparable à celui de l’Allemagne.
Par
ailleurs Poutine a pris conscience qu’il fallait développer l’industrie du
pays, les ressources en pouvant dépendre exclusivement du gaz et du pétrole. L’industrie
russe se développe rapidement, et on a pu le voir dans les contrats signés
récemment avec l’Inde, tout comme on peut le voir si l’on regarde les chiffres
de la production automobile, ou aéronautique. Par ailleurs l'imbrication de
l'économie russe avec celle de la Chine, devenue première puissance économique
du monde, relativise le poids des manœuvres et des « sanctions »
occidentales. Enfin loin d'être isolée, la Russie a une action d’entraînement
pour les Bricks (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Dans ce quinté
des puissances émergentes, la Russie, avec la Chine, fait figure de leader.
Il
serait tant que la France, dont les médias par ignorance ou par suivi de la
pensée unique, considère que l’affrontement avec la Russie ne tournera pas à
son avantage et qu’elle perd de son crédit avec l’affaire Mistral que Poutine
ne veut pas envenimer mais qui nous force déjà à lâcher du lest car les
sanctions financières seraient lourdes. Les derniers propos de Hollande
montrent que nous sommes dans une impasse dont il est urgent de sortir… sans
perdre la face.
L’ours russe a certainement plus de
capacité de résistance
Qu’une France affaiblie, endettée et à la
solde
De l’hégémonie américaine !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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