Le Ministre de l’Économie présente
aujourd’hui sa loi dite Macron, un ensemble fourre-tout de 93 propositions que
les députés sont priés de voter rapidement. Avec autant de propositions, un
mois de délai et des vacances de fin d’année, les parlementaires ont du pain
sur la planche. Je dirai même que le travail risque d’être bâclé et peut se
réduire à des oppositions gauche-droite parfaitement stériles. L’alliance des
extrêmes aux intérêts divergents ne peut qu’aboutir à un charcutage et au
marchandage. En fait le gouvernement est dans la précipitation car Bruxelles n’a
pas encore donné son accord sur le budget 2015 d’une part et Manuel Vals est
pressé de laisser sa marque sur l’année 2015. Pourtant nombreux sont les
économistes qui considèrent que ce panier de mesures, même s’il devrait faire
plus de bien que de mal, est loin des mesures radicales que la situation exige.
Mais
cette fois la pression de Bruxelles est forte car la France ne va pas respecter
ses engagements pour 2014 et la diminution du déficit structurel (déficit hors
remboursement des intérêts de la dette) atteindra péniblement -0,5%, après tous
les rajouts et explications de Michel Sapin, au lieu de -0,8% demandé. Avec un
passif sur 2014, et des promesses juré-crachées que nous serons largement dans
les clous du déficit budgétaire à 3% du PIB en 2017, promesses que nous n’avons
pas tenues dans le passé, on peut se douter que la France va tomber sans nul
doute sous l’œil inquisiteur de Bruxelles. Le temps presse donc pour arracher
le blanc-seing de Bruxelles, de desserrer l’étreinte et de retrouver un peu de
crédibilité et de tranquillité… toute relative d’ailleurs car 2015 sera une
année noire avec la véritable prise de conscience que nous sommes entrés dans l’austérité.
Deux
indicateurs sont révélateurs dans l’examen de l’économie, le PIB/habitant et l’emploi.
Ce dernier est encore plus représentatif que le chômage dont les chiffres sont
souvent limités à la Catégorie A (chômage total) et ne prennent pas en compte
les non-inscrits et ceux ne répondant plus au suivi par lassitude. Or le PIB ne
croît plus aussi vite que l’augmentation de la population puisque nous entrons
dans la croissance zéro et l’emploi diminue. L’emploi recule depuis l’avant
crise de 2008 avec 615.000 emplois en moins et de 65.000 emplois depuis le 4ème
trimestre 2013. La construction et l’industrie sont les grands perdants, malgré
un léger mieux dans le tertiaire. En résumé ces deux indicateurs prouvent que
le pays s’appauvrit et que globalement les entreprises soit disparaissent ou
délocalisent, soit diminuent leur personnel.
Certes
la conjoncture européenne n’est plus celle qui a suivi la crise de 2008-2009
avec une croissance qui s’essouffle même en Allemagne, mais la France qui se
situait légèrement en-dessus de la moyenne européenne en matière de croissance
et en dessous pour le chômage, est en train d’inverser sa position à son
détriment par rapport à cette moyenne des 28 pays de l’UE. Notre politique économique
et sociale, parce que les deux sont liés, est mauvaise. Rien ne permet de dire
que la France souffre de handicaps particuliers aussi bien géographique,
climatique, culturel, historique, linguistique, etc.
Non
la France est un pays béni par la nature, bordé de mers et de montagnes avec un
sol riche, un climat tempéré, une culture ancienne et reconnue, une histoire
brillante culminant sous le Roi-Soleil, une des langues les plus parlées dans
le monde. Elle a une approche de l’enseignement qui donne des esprits bien
faits chez les plus doués et nous brillons par nos scientifiques, informaticiens,
ingénieurs et mathématiciens même si nous pêchons sur le niveau moyen des
élèves. C’est peut-être d’ailleurs que les deux buts sont un peu
contradictoires et difficiles à atteindre conjointement.
Mais
revenons un instant sur la loi « Micron ». Elle est pléthorique par
le nombre d’articles mais minimale par son impact. Une fois charcutée il n’en
restera qu’un croupion. Espérons que certaines dispositions comme la
libéralisation du transport par car pour les liaisons entre villes sera sauvée
car il ne faut pas jeter l’eau du bain et le bébé avec. Mais il y a fort à
parier que ce dernier effort du Ministère des Finances ne nous évitera pas la
mise à l’index de Bruxelles et n’aura que des effets secondaires sur l’économie
française et l’emploi. Le regard de l’Allemagne sur notre pays devient de plus
en plus critique et son poids pèse lourd avec ses alliés du nord sur les
décisions bruxelloises.
« Wait and see » diraient les
anglais, mais la difficulté pour les français
Est que nous n’avons plus beaucoup de
temps
Avant la mise sous tutelle par l’UE
Et le peuple dans la rue !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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