Manuel Valls reprend
les vieux discours sur l’égalité, mot qui se veut socialiste… encore que. De
quelle égalité parle-t-on ? Egalité des droits ? Elle est revendiquée
par le libéralisme classique. Egalité des chances ? On est encore dans le
libéralisme progressiste. Egalité des revenus ? Oui on est dans le
socialisme marxiste, celui de l’URSS, dont on connait le résultat, l’appauvrissement
généralisé. Alors, comme certains l’affirment, l’égalité des revenus est-elle
la condition nécessaire de la croissance ? La suppression des notes
est-elle la condition nécessaire à l’acquisition du savoir ? On pourrait
aussi parler de l’égalité des sexes dont la perception est très différente d’un
pays à l’autre.
Voilà
pourtant un sujet qui revient dans les discours de nos gouvernants. Quand le
mot égalité n’est pas prononcé, il est remplacé par son homologue, la justice.
C’est ainsi que l’on supprime l’imposition de la plus basse tranche de revenus,
c’est ainsi que l’on cache la médiocrité d’un élève en ne notant sa copie que
par des phrases ne permettant que peu de comparaisons. Regardons autour de nous.
La France est l’un des pays les moins inégalitaires, mais sa croissance n’en
est guère boostée pour autant. La Nouvelle Zélande est le pays le plus
inégalitaire mais aussi l’un des plus dynamiques. Il n’y a donc pas forcément
un lien si direct entre égalité et croissance. Une société inégalitaire n’est
pas forcément une société en régression et à l’inverse une société relativement
égalitaire n’est pas forcément une société à croissance élevée et chômage
faible.
On a
coutume de parler des inégalités de revenus en comptant l’écart entre les plus
riches et les plus pauvres, c’est faire fi de la pyramide des revenus. Le 1%
des plus riches est infiniment moins nombreux que le 1% des plus pauvres. La
véritable inégalité est à mesurer sur des nombres de citoyens plus importants,
elle se situe entre la classe moyenne et la classe la plus basse. Cela bien sûr
n’est pas le ressenti de la plupart, lorsqu’ils connaissent le montant des
salaires des responsables des grandes industries par exemple. Mais la vraie
question à se poser est d’abord celle de la manne issue de notre activité
économique productrice à répartir, vient ensuite celle du comment répartir au
mieux.
Le meilleur
indicateur dans une forêt d’indicateurs divers utilisés par les économistes,
celle du PIB/habitant, même imparfait il est le meilleur résumé pour connaître
l’état économique d’un pays. Le constat de la répartition des richesses entre
la classe moyenne et la classe supérieure renseigne sur l’attirance ou non de
la richesse vers le haut. La répartition entre classe moyenne et classe
inférieure est un indicateur de la valeur de l’inégalité car l’on touche là à la
très grande majorité de la population. Si la classe supérieure capte moins de
la richesse sur la classe moyenne, si la classe inférieure voit son écart
diminuer par rapport à la classe moyenne et si le PIB/habitant augmente, le
pays tire le maximum du libéralisme et de la mondialisation.
Mais avons-nous encore la liberté de choisir qu’il en soit ainsi ? La croissance est aux mains du dogme de la monnaie, de la fiscalité, du code du travail, du carcan administratif de contrôle des activités, des lois de redistribution de la richesse. Ces mains sont celles des gouvernants, des cartels et des syndicats, lesquels mènent le pays comme ils veulent après s’être fait élire sur de belles promesses qu’ils n’ont la plupart du temps pas le courage ou la possibilité de réaliser. Je vous propose de lire attentivement ces propos de Tocqueville dans un dernier effort de réflexion de fin d’année :
« Au-dessus [des citoyens] s’élève un
pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et
de veiller sur leur sort. II est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et
doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait
pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au
contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les
citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il
travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le
seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins,
facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur
industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il
leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? (…)
Après
avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et
l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière
; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées,
minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux
et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la
foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les
dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on
agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il
gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque
nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le
gouvernement est le berger. »
Si
vous ne reconnaissez pas là un parfum d’actualité c’est que la Liberté n’est
pas votre tasse de thé, heureux homme ! La Révolution et la République
ont-elles vraiment changé quelque chose ?
Qui peut décemment se dire vouloir l’inégalité
sans mériter l’opprobre ?
Qui est prêt à défendre un libéralisme
dont le but n’est pas l’égalité
Mais la plus grande richesse pour le
plus grand nombre ?
Lorsque l’on se gargarise de mots en
fuyant le réel
La Liberté nous fuit dans l’Egalité irréelle !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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