Un certain nombre de personnes sont
blessées et d’autres disparues dans une explosion qui vient de se produire
aujourd’hui 17 octobre dans une usine de la ville allemande de Lampertheim sur
le Rhin au sud de Francfort, appartenant au groupe de produits chimiques BASF.
Selon les autorités de la ville : « L'explosion
suivie d'incendies est intervenue lors de travaux sur un système de pipelines ».
D'après le journal allemand Die Welt, 13 incidents sont survenus dans des
usines de BASF depuis le début de l'année. En juin, le ministère allemand de
l'Environnement avait annoncé l'ouverture d'une enquête à l'issue d'un accident
impliquant du phosgène dans une usine chimique à Mayence. Ses conclusions sont
attendues en novembre.
Ceci
n’est pas sans rappeler à notre souvenir l’explosion de l’usine AZF à Toulouse.
Celle-ci fut détruite le 21 septembre 2001 par l’explosion d’un stock de
nitrate d'ammonium, entraînant la mort de 31 personnes, faisant 2 500
blessés dont une trentaine dans un état grave et de lourds dégâts
matériels. Entendue à 80 km à la ronde, cette explosion a déclenché un séisme
de magnitude 3,4. À proximité, les zones commerciales de Darty et Brossette
furent totalement détruites. De très nombreux logements, plusieurs entreprises
et quelques équipements (piscines, gymnases, salles de concert, lycée Déodat de
Séverac) ont été touchés. Les dégâts (murs lézardés, portes et fenêtres
enfoncées, toitures et panneaux soufflés ou envolés, vitres brisées, etc.) ont
été visibles jusqu’au centre-ville. Parmi les équipements publics touchés, on
peut citer le grand palais des sports (entièrement démoli et reconstruit à la
suite de ces dommages), le Bikini (salle de spectacle), l’École nationale
supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques, le lycée
Gallieni et le centre hospitalier Gérard Marchant. On estime les dégâts
matériels globalement à 2 milliards d’euros, dont 33 millions d’euros pour des
bâtiments publics.
Onze
après, le 24 septembre 2012, la cour d’appel de Toulouse prononce la
condamnation de la société Grande Paroisse, propriétaire d’AZF, et de son ancien
directeur Serge Biechlin. La France avait déjà commencé à oublier et l’industrie
chimique continuait de plus belle. Les écologistes ont vite jeté l’éponge, on
ne peut pas s’attaquer à l’industrie chimique. Pourtant c’est l’industrie qui a
fait le plus grand nombre de victimes dans le monde et probablement les dégâts
matériels les plus importants. C’est le caractère exemplaire ou le
retentissement de certains des accidents chimiques, dont la catastrophe de
Seveso en Italie, qui ont amené à mettre en place ou à renforcer la
règlementation des activités industrielles concernées.
Les
premiers accidents chimiques furent ceux des explosions de poudrières,
fabrication ou stockage de poudres, en 1654 à Delf aux Pays-Bas, puis le 31 août
1794 à Paris et le 25 mai 1800 à Nantes. Une série impressionnante de
catastrophes minières a suivi avec les coups de grisou dans les galeries de
mines de charbon à partir du 28 février 1812 près de Liège en Belgique (française
à l’époque). Six explosions majeures dues au charbon durant le XIXème siècle
ont fait près de 400 morts, J’ajoute
une autre remarque pour un autre type de catastrophe. Le 31 mai 1889, en amont
de Johnstown (Pennsylvanie, États-Unis), la rupture d'un barrage fait 2 200 morts. A-t-on cessé de construire
des barrages pour autant ? Non, puisque nous avons eu la catastrophe de
Malpasset avec la rupture du barrage le 2 décembre 1959 dont la retenue devait assurer l’alimentation en eau
de l'agglomération de Fréjus/Saint-Raphaël (Var), des communes environnantes et
de leur plaine agricole. Elle a fait 423
victimes et des dégâts matériels considérables, routes, voies ferrées, fermes,
immeubles détruits. C'est une des plus grandes catastrophes civiles françaises
du XXe siècle.
Mais
durant ce siècle les catastrophes industrielles et en particulier minières se
sont multipliées. Le 10 mars 1906, la Catastrophe de Courrières dans le
Pas-de-Calais (France) se classe comme la plus grave catastrophe minière
d'Europe avec 1 099 morts. A-t-on
fermé les mines ? Non, après les lampes à feu nu furent bannies mais les
catastrophes minières ont continué : 1907, 1912, 1913, 1934, 1942 à Benxi,
(province de Liaoning, Chine) avec 1549
morts, 1950, 1953, 1956, 1962, 1965 avec 321
morts, 1970, 1971, 1972, 1974. Progressivement les accidents miniers ont
disparu avec la fermeture des mines de charbon mais de nouvelles catastrophes
chimiques se sont produites dans les industries d’armement, et à cause des
produits chimiques dangereux à fabriquer ou à transporter créant d’énormes
pollutions des airs et des mers et de nombreuses victimes. Deux accidents
majeurs en nombre de victimes sont à déplorer. Le premier le 8 août 1975, à
Banqiao (Chine), à la suite de précipitations extraordinaires dues à un typhon,
la rupture en cascade et le dynamitage volontaire de 62 barrages suivant celui
de Banqiao tuent 26 000 personnes
directement et 145 000 à la suite
des épidémies et de la famine engendrée. Le second le 3 décembre 1984, à Bhopal
(Inde), la fuite de 40 tonnes de gaz toxiques de l'usine de pesticides d'Union
Carbide fait plus de 8 000 morts
dans les trois premiers jours et plus de 20
000 en près de vingt ans.
Les
barrages n’ont pas subi l’opprobre des écologistes bien au contraire et l’industrie
chimique tourne à plein égrenant en continu des accidents graves tournant
souvent à la catastrophe comme le 10 juillet 1976, à Seveso (Italie), où l'explosion
d'un réacteur chimique provoque une catastrophe écologique de grande ampleur au
cours de laquelle des quantités importantes de dioxine sont relâchées dans
l'atmosphère et 193 personnes sont
affectées de chloracné et autres symptômes.
Alors
regardons les accidents ou catastrophes nucléaires. Le premier notable a eu
lieu en octobre 1957, à Windscale en Angleterre. L'incendie de Windscale se
classe comme la pire catastrophe nucléaire de Grande-Bretagne par ses
importants rejets de matières radioactives. L'accident a été jugé de niveau 5
sur l'échelle INES. Le lait produit dans les 500 km2 environnant
a été détruit par peur de contamination et 126 personnes ont été légèrement contaminées
au niveau de la thyroïde. Neuf ans plus tard, le 4 janvier 1966, à Feyzin,
l'explosion de la raffinerie fait 18
morts, dont 11 pompiers, et une centaine de blessés. Le deuxième accident
nucléaire a eu lieu le 28 mars 1979, à Three Mile Island (Pennsylvanie,
États-Unis), la fusion partielle du cœur d'un réacteur nucléaire dans la
centrale nucléaire cause le rejet de produits radioactifs dans l'atmosphère. L’accident
a été classé au niveau 5 sans que l’on puisse déterminer avec certitude si des
personnes ont pu être contaminées. La même année, le 8 janvier 1979, dans le sud-ouest de
l'Irlande, le pétrolier français Bételgeuse explose lors du déchargement de sa
cargaison causant 49 morts.
Les
deux accidents nucléaires majeurs sont évidemment Tchernobyl, le 26 avril 1986,
et Fukushima, le 11 mars 2011. A Tchernobyl, les équipes d’intervention
immédiate ont payé un lourd tribut et deux ou trois dizaines d'intervenants sont morts
rapidement dont certains par suicide. Selon les organismes les plus sérieux
OMS, AIEA, CIPR le nombre estimé de victimes probables de la
contamination serait de 4.000. Ce
chiffre est tiré d’une échelle de probabilité et s’échelonnerait sur de
nombreuses années donc difficilement vérifiable. Les chiffres les plus farfelus
sont propagés dans les médias. Disons que parmi les premiers intervenants ayant
reçu les plus fortes doses certains sont toujours vivants et que la dose
moyenne d’exposition des 473.000 personnes vivant dans les zones contaminées
resterait dans ce qui est considéré comme des faibles doses à 35mSv. Tchernobyl
reste l’unique accident où le contrôle des fissions nucléaires fut perdu et dû
à un cumul d’erreurs humaines.
Pour
Fukushima, il y a une origine d’agression de la nature aggravée par des erreurs
humaines avec un tremblement de terre de magnitude 8,9 suivi d’un tsunami qui a
ravagé les côtes du Japon, causant près de 30
000 morts et disparus. On n’a pas connaissance de pertes humaines pouvant
être reliées avec certitude à la contamination. Là encore on peut se livrer
à des calculs probabilistes n’ayant aucune valeur de certitude mais donnant des
estimations sans commune mesure avec le nombre de disparus du tsunami. La zone
la plus contaminée, définie par des doses dépassant les 30 mSv par an, classées
faibles doses (l’équivalent de 15 fois la radioactivité naturelle), est peu
étendue et certains continuent à y vivre malgré l’interdiction.
437
réacteurs fonctionnent dans le monde et produisaient 11,7% de l’électricité en
2011. 68 réacteurs étaient en construction en 2012. Depuis 1974, 28 réacteurs
sont en construction en Chine. Alors ?
Doit-on stopper le nucléaire en France
Sur le seul critère de sa dangerosité
Et garder l’industrie chimique ?
Concluez vous-même !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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