Hollande prévoyait France : 4 – Royaume-Uni : 0. De
quoi s’agit-il ? De la croissance du troisième trimestre dans ces deux
pays, +0,2% pour la France, +0,4% pour
le Royaume-Uni. Le résultat du match est sans appel et le coq gaulois se
cache la tête sous les plumes qui lui restent. Le Brexit était soi-disant une
folie du Royaume-Uni qui allait le mener à la ruine. On ne donnait pas cher de
la peau du lion. La City allait être ravalée au rang de bourse secondaire
européenne et Paris allait la récupérer. Les sociétés ayant leur siège social à
Londres allaient revenir vers le continent et la France les récupérer en
déroulant un tapis rouge. Tout en déplorant la sortie du RU qui affaiblirait l’union
Européenne, le Président se frottait les mains à l’idée de voir la blanche
Albion repasser derrière la France. Néanmoins il brandissait des menaces en
prédisant une guerre sur les conditions de sortie de ce pays. « Rien ne leur sera épargné »
disait-il.
Il faut dire que Cameron de son côté jouait le jeu de la
catastrophe annoncée, mais je reste persuadé qu’il jouait un rôle très
hypocrite. En effet, vu ce qui attend l’UE avec le flux migratoire, la faillite
des banques italiennes, allemandes, portugaises, espagnoles, et pourquoi pas
françaises par effet systémique, et les difficultés des Etats du « club
Med », il ne fait pas bon de rester dans une organisation communautaire et
solidaire. Sa défaite ne l’a visiblement pas marqué. Le grand jeu avait
pourtant été déroulé. Dans une tribune au Times, le chancelier de l'Échiquier,
George Osborne, sortait l'épouvantail: «quitter
l'UE équivaudrait à s'automutiler». «Il
y aurait moins de commerce, moins d'investissement et moins d'affaires. S'il
quitte l'UE, le Royaume-Uni serait appauvri pour toujours. Les familles
britanniques seraient plus pauvres de façon permanente aussi», insistait le
ministre.
On ne comptait plus le nombre d’économistes français
européistes qui prévoyaient la catastrophe britannique. Le peuple du Royaume-Uni
vient de nous donner une leçon de pragmatisme et de démocratie. Au contraire de
Sarkozy qui a ignoré purement et simplement le vote des français contre le
traité constitutionnel de l’UE, le chef du gouvernement britannique a tonné
haut et clair que le vote du peuple ne demandait même pas celui du Parlement :
« Brexit is Brexit ». La
date de mars pour la signature de sortie conformément à l’article 50 des
traités européens vient d’être annoncée. Parallèlement des accords commerciaux bilatéraux
sont en cours non seulement avec tous les pays du Commonwealth mais avec d’autres
comme la Chine et l’Inde. Le Royaume-Uni vogue de nouveau sur le grand large et
montre que l’on peut être géographiquement dans l’Europe et se passer d’une
organisation supranationale, à vocation fédérale conduite pas à pas, et d’une
monnaie unique. Ces deux choix s’avèrent d’ailleurs aller vers un
appauvrissement général excepté l’Allemagne pour l’instant, même si certains
pays de l’Est y trouvent encore leur compte. Le Royaume-Uni regarde désormais
vers son ancienne zone de libre-échange et lorgne vers la Norvège et la Suisse,
retrouvant ainsi les bases d’associations à base strictement économique.
La plupart des médias ont fait comme si le Brexit devrait
signifier la fin immédiate de l’économie britannique, une "mort
subite" en somme, et ils ont pris dans l’ordre comme indicateurs ou
preuves de cette "mort subite" : les cours de la bourse de Londres,
le cours de la Livre britannique, et enfin les indicateurs classiques de la
bonne ou mauvaise santé d’une économie nationale (taux de croissance, taux de
chômage, etc.). La gifle que leur inflige le Royaume-Uni fait mal et la France fait
doublement pâle figure après l’annonce « presque triomphale » du
+0.2% de croissance du 3ème trimestre, signifiant soi-disant que la
reprise économique est définitivement actée. L’aveu de la probabilité de
non-atteinte du 1,5% du budget 2016, probablement 1,3% au mieux comme annoncé
par les économistes sérieux, ne vient pas changer les promesses
gouvernementales. Tout est sous contrôle, on le voit, et le 1,7% prévu en 2017
sera tenu… comme le 1,5% de 2016. Michel Sapin est l’ « enfumeur »
officiel délégué aux mensonges gros comme lui.
Le coq gaulois doit accepter de se regarder dans la
glace et cesser de croire ceux qui lui promettent les plus belles plumes, car il
se déplume lentement mais sûrement sous l’action des plumitifs de l’ENA. Les chiffres
de comparaison avec le RU sont terriblement vexants alors que nous avons des
populations assez comparables. Les principaux indicateurs sont en notre
défaveur sauf l’indicateur de productivité. Le français est plus productif mais
à quoi cela lui sert-il ? A lui rien, sinon le « burn-out » mais
ce n’est pas perdu pour les employeurs, sauf que ceux-ci croulent sous des
charges sociales, impôts et taxes qui les rendent moins compétitifs sur le
marché extérieur et augmentent les prix à la consommation intérieure.
Tout n’est évidemment pas parfait de l’autre côté de la
Manche en particulier dans le système de santé, la dette publique, la disparité
des revenus et la pauvreté. Mais le dynamisme de ce pays est évident, l’emploi
est plus facile que chez nous et la part du gâteau par habitant est plus
importante. Le Brexit a fait baisser la livre sterling de 20% par rapport au
dollar et de 15% par rapport à l’euro. L’essentiel des achats indispensables se
faisant sur les produits intérieurs, comme les alimentaires, le consommateur
anglais ne voit qu’une augmentation très partielle de la baisse de la monnaie.
Par contre le commerce extérieur est dopé, le prix de l’immobilier trop cher à
Londres baisse au profit de l’accession à la propriété et les touristes
affluent. C’est sûrement, malgré ou plutôt grâce au Brexit, une croissance d’au
moins 1,7% qu’affichera le RU en 2016 quand nous espérons 1,3% désormais.
Malheureusement nos énarques marchent tous dans le même sens sur la ligne
reliant Washington-Bruxelles-Berlin et le coq gaulois reste toujours entravé au
piquet de l’UE et de l’OTAN.
Il n’est pas pire
aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Le mythe de l’Europe du
bonheur perdure
Et les mensonges ne
cessent de grossir
Pour anesthésier le bon
sens et
Le vote de nos
concitoyens !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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