Parlons
des Charges de Service Public d’Électricité (CSPE) devenue la Taxe Intérieure
sur la Consommation Finale d’Électricité (TICFE) depuis le 1er
janvier 2016. Cette taxe figure en
clair sur notre facture d’électricité et est en augmentation de 11% depuis 2015
pour atteindre 21,6 €/MWh
en 2016. Cette
augmentation se poursuivra sur 2017 avec une augmentation de 19,7% portant la
TICFE à 25,9 €/MWh pour un
montant total de 5,65 Mds€ soit une augmentation de 88% depuis 2014 ! En 2016 la part due aux
énergies renouvelables était de 67,6%. La part des énergies renouvelables dans
les charges de service public de l’énergie passe la barre des 70% du total en
2017. Le surcoût du tarif d’achat éolien (90,2€/MWh
contre 90€/MWh en 2016) est estimé à 1,5
Milliard d’euros, celui du photovoltaïque à 2,8 Milliards d’euros, avec un
tarif d’achat moyen qui passe à 356,9 €/MWh, (contre 348,6 €/MWh en 2016). Cette
augmentation peut surprendre en regard des annonces de la baisse régulière annoncée
des coûts de cette filière.
Le surcoût engendré par la production d’électricité
verte, notamment éolienne et solaire, est en principe relativement bien connue,
EDF étant autorisée à le répercuter sur ses clients et à en faire apparaître le
montant au dos des factures envoyées aux clients. Mais ce n’est pas vraiment le
cas, le gouvernement français, comme son homologue espagnol, reculant d’année
en année la prise en compte intégrale de ce surcoût douloureux. Les données de
la CSPE qui étaient pour 2014 de 3
milliards d’euros augmentent très rapidement avec la mise en fonction de
nouvelles méga-centrales, principalement éoliennes (et prochainement offshore).
On peut s’attendre au moins à une taxe de 35
€/MWh en 2020
pour un montant total de 7,56 Mds€. Vu l’accélération
entre 2016 et 2017 on peut sans doute s’attendre à pire. La part de cette taxe
à imputer aux EnR, énergies intermittentes aléatoires dites renouvelables, est
de 70% en 2017 soit une augmentation de 3,96
€/MWh en 2017
et 5,29 €/MWh en 2020.
Pour
information, la France est le 1er exportateur mondial d’électricité
avec un solde export net de 63,4TWh sur ces 12 derniers mois. (source douanes
françaises). La priorité de l’électricité exportée est donnée à celle issue des
EnR. Elle a exporté cette électricité au prix moyen de 33€/MWh soit déjà en-dessous des coûts moyen de production
situés entre 42 et 50 €/MWh
mais très en-dessous des 90 €/MWh
des éoliennes terrestres. Autrement dit on vend à perte la
surproduction générée par les éoliennes. Si l’on a vendu la totalité de la
surproduction annuelle de 63,4 TWh comme énergie éolienne, la perte a été de
3,6 milliards d’euros. La gabegie sera encore plus énorme avec la vente de
l’énergie produite par les éoliennes
marines dont le coût est entre 200 et 220 €/MWh !
Plus on exporte plus on perd de l’argent, et on se demande pourquoi EDF est en
difficulté. On voit qu’en 2017, la TICFE ne compense pas le coût de production
des éoliennes, si on l’ajoute au coût moyen toutes énergies soit 42 à 50 €/MWh
+ (25,9 €/MWh
x 0 ,7) d’où 60,6 à 68,6 €/MWh pour un coût éolien de
90,2 €/MWh. On
est bien loin des promesses au-delà de 2015 où les producteurs éoliens devaient
générer une rente pour la collectivité, c’est devenu une charge qui va s’accroître
d’année en année pour elle. C’est pour cette raison que le prix de l’électricité
allemande est le double du prix français et nous y allons progressivement.
Mais
on n’en a pas fini avec les dépenses, il faut encourager les économies d’énergie
pour un coût annuel de 0,75 Mds€. Le
concept derrière des Certificats d’Économie d’Énergie est de contraindre les
vendeurs d’énergie à encourager leurs clients à réduire leur consommation. Le jeu
consiste donc pour les entreprises à accumuler assez de « certificats d’économie d’énergie », des sortes de bons points, pour
ne pas avoir à payer d’amendes ou pour
monnayer leurs CEE auprès d’entreprises moins « vertueuses ». Peu à peu, les
fournisseurs de toutes les sortes d’énergie sont soumis à cette contrainte :
électricité, gaz, carburants donc EDF, GDF Suez, Total, Carrefour, Leclerc,
Auchan … De leur côté les particuliers
ou les collectivités locales qui réalisent des travaux d’économie d’énergie
gagnent aussi des bons points qu’ils peuvent revendre aux entreprises qui ont
besoin de ces certificats. Une usine à gaz et un trafic entre entreprises sont
ainsi mis en place, qui ont nécessité la mise en place d’une administration
complexe responsable de la tenue à jour du fichier des intéressés, de vérifier
que les travaux sont effectifs et de leur attribuer les certificats
correspondants. Tout cela est payé finalement par la collectivité.
Pour
cette transition énergétique de lutte contre le carbone, il faut ajouter 3 Mds€
pour les règlementations concernant les véhicules neufs entraînent des surcoûts
évalués à mille euros en moyenne par véhicule privé. La subvention à l’achat
d’un véhicule électrique (6.000 à 10.000 euros + aide de 1.000 à 2.000 euros
dans certaines régions) est proche du prix d’un petit véhicule classique neuf
mais le coût total pour l’État reste limité vu la faiblesse des ventes. Les surcoûts
concernent aussi les transports publics, la ville de Paris estime par exemple
que chaque nouvel autobus hybride puis électrique coûtera au moins 500.000
euros soit entre 40 à 100% plus cher que
les classiques diesels.
S’ajoutent
aussi 5 Mds€ de surcoût construction et rénovation.
De même qu’est ancré dans l’esprit français que l’argent est utile au pauvre et
sale entre les mains des riches, il est entré dans les esprits qu’il faut
consommer moins d’électricité. Ce qui est tout-de-même curieux quand par
ailleurs on défend l’idée de l’électricité inépuisable et gratuite dans les EnR
grâce à Dame Nature, soleil et vent. La notion économique est totalement
absente de ce raisonnement. Il faut, carbone oblige. Heureusement que la bougie
se consume en émettant du carbone sinon nous y serions revenus. Si la notion de
gaspillage, d’électricité consommée en pure perte sans autre bénéfice est une
règle de bon sens, elle devient beaucop moins évidente si l’on parle des
réverbères municipaux qui donnent un confort visuel et une meilleure sécurité
pour les déplacements et contre les agressions.
Les
règlementations thermiques, dont la RT2012, imposent des normes pour toutes les
constructions neuves, provoquant une augmentation des coûts de 8%. Pour les seuls 340.000 nouveaux
logements annuels, le surcoût est estimé par l’IFRAP à 6 milliards d‘euros (9
milliards si les 500.000 logements prévus sont effectivement réalisés); 2
milliards pour les bâtiments publics et professionnels. En parallèle, des plans
de rénovation des bâtiments existants sont mis en œuvre pour un coût moyen de
40.000 euros par logement réellement mis au niveau des nouvelles normes. Pour
200.000 logements, le montant est donc de 8 milliards d’euros. Des travaux
similaires sont prévus dans les bâtiments publics et professionnels. Ces travaux
sont utiles mais les promesses d’amortissement sur une vingtaine d’années grâce aux économies d’énergie sont très
rarement tenues, notamment dans les immeubles collectifs. C’est d’ailleurs pourquoi toute une série de
subventions est nécessaire pour motiver des intéressés réticents à réaliser ces
travaux, que la chute du prix du pétrole et du gaz rend encore moins
attractifs. L’IFRAP estime que le tiers de ces coûts correspond à des dépenses
non justifiées économiquement.
Arrêtons-nous
provisoirement avant de parler de tous les coûts répartis tous azimuts dont la
somme finit par poser la question du « Est-ce
bien raisonnable ? ». C’est cette question sur laquelle se finira
cette série d’articles dans sa troisième et dernière partie.
La transition énergétique s’impose non
comme une nécessité
Mais comme un dogme, une idéologie qui
balaie toujours
Toute réflexion économique et même souvent
Bafoue le simple bon sens… Alors le coût
Vaut-il vraiment la chandelle ?
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon