L’état de la France et du fonctionnement de l’État,
gouvernants et parlementaires compris, offrent un tel spectacle de désolation qu’il me
faut en dire un mot avant de reprendre l’analyse des quarante ans qui nous
séparent d’aujourd’hui. Bien que conscient que les vraies réponses à notre
avenir s’y trouve, il est cependant des moments où l’on ne peut que souscrire à
l’immédiateté même si elle régit les comportements de la classe politique depuis trop
longtemps. En effet, théâtralisation, basses manœuvres, insécurité, enfumage, paralysie, etc…
rien n’est épargné à la France d’aujourd’hui. La loi El Khomri, initiée par
Macron sous la dictée d’Attali (car contrairement à Hollande « la
finance n’est pas leur ennemi »), lancée dans l’urgence sans véritable
concertation et sous l’incitation du Medef, a surgi dans le paysage politique
avec tous les inconvénients d’une loi bricolée, mal présentée et avec une menace
finale de 49.3. L’annonce faite par Mme El Khomri portait en elle dès le départ
une indication d’autorité peu compatible avec une future négociation sereine. Lorsque
le pouvoir exécutif est repoussé par près de 90% des français, l'exercice de l'autorité sur le législatif ne
peut que réduire encore cette popularité, parce qu’elle porte en elle un
aveu de faiblesse.
Le peuple ne s’y trompe pas, c’est pourquoi il
sort du bois de la léthargie. D’ailleurs le passage en force aurait eu une
utilité d’efficacité dans le cas d’une adoption rapide parlementaire après qu’une
négociation patrons-salariés eut accepté un texte final à la majorité de ces
deux représentations. Avec l’approbation des grands patrons et de la CFDT
seuls, le consensus n’était pas suffisant. D’ailleurs l’introduction des
syndicats étudiants et lycéens n’a amené que plus de confusion et de perte de
temps. Ceux-ci auraient dû faire passer leurs revendications par les syndicats
de salariés, ou alors il faut changer le processus légal des représentations
syndicales habilitées à gérer les fonds alloués à celles-ci dans la gestion des
prestations sociales, familiales et de retraite. Ces trois volets concernent
tous autant les jeunes que la loi travail. Toute cette perte de temps dans des
allées-venues, modifications, concessions, reculs et avancées, finissent par
mécontenter tout le monde et par dénaturer un texte qui a perdu ses objectifs
et ses repères.
Ce
charcutage-marchandage se termine dans la rue avec une nouvelle perte de
popularité et un 49.3 sur un texte que les députés n’ont même plus envie de regarder.
Ils sont entrés dans une démarche politicienne qui sent la bonne occasion de
mettre le gouvernement en difficulté pour les oppositions gauche et droite. Le
Parlement ne légifère plus, il joue au psychodrame avec en vue les réélections prochaines.
Le Président fait de même, à défaut de mettre la droite en difficulté ce qui
était possible au départ de la loi, il joue la mise en difficulté de son aile
socialiste frontiste. Celle-ci, qu’elle ait réussi ou non à poser une motion de
censure, s’est exposée à une exclusion du parti socialiste. Ce dernier va
brandir l’exclusion et le Président aura beau jeu de jouer l’amnistie contre une
rentrée apaisée au bercail d’un parti aux ordres. Cela permet de couper l’herbe
sous le pied des Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et autres prétendants éventuels
de la mouvance écolo-socialiste à l’élection présidentielle. Elle amoindrirait
les chances de Jean-Luc Mélenchon de venir battre d’une encolure le
candidat-président lors du premier tour des présidentielles. Mais on a le
sentiment d’un énorme gâchis et cette loi « Macon » restera la loi « El-connerie »
en attendant qu’un nouveau gouvernement la jette à la poubelle de l’histoire
car, sauf évènement énorme, type guerre contre la Russie qui pourrait prolonger
la durée du mandat de Hollande, on n’aura pas un nouveau gouvernement de gauche
en 2017. Ce sera, comme aux Etats-Unis, le mondialisme à tout crin ou une
position plus gaullienne d’indépendance économique, monétaire et internationale
dans une Europe des Nations.
Mais
ce n’est pas tout. L’affaire Baupin, arrivant en plein psychodrame écolo-frontiste,
a un arrière-goût de manœuvre politicienne. En visant Baupin, on vise sa femme
et tout le mouvement écologiste. Cette affaire, dont les
féministes socialistes se gaussent tout d’un coup en nous apprenant que cela
était connu depuis longtemps, se révèle à un moment opportun pour que le
Président reprenne la main sur son aile gauche. Il n’a pas oublié le bénéfice
qu’il a tiré de l’affaire Strauss-Kahn ! Peu importe qu’il ait mis la mandature
présidentielle sous le signe de l’irréprochabilité. La mémoire courte des
français ne retiendra pas plus Baupin que toutes les affaires de moralité
civique précédentes quand l’affaire Cahuzac surpasse toutes les autres. Comme
le fait remarquer un éditorialiste : « Dans ce cadre, la République irréprochable
n’est pas un objectif, c’est une façon de penser : qu’elle le soit ou non
n’est ici d’aucune importance et n’a aucune pertinence sur les actions menées. »
La république socialiste est irréprochable…
par définition, c’est sa marque de fabrique indélébile.
Il
en est de même du « ça va mieux », qui devra être suivi par le « ça
va bien » dès décembre. Dans les deux cas on retrouve l’incompétence et le
théâtre, la communication par l’optimisme béat qui doit éloigner le peuple des
interrogations gênantes sur son avenir. Il en est de même avec le jeu de l’insécurité
qui permet de faire accepter la restriction des libertés. Pour la mesurer je
pense à certains sketches de Coluche qui vaudraient à son auteur un sort pire que
celui réservé à Dieudonné pour propos racistes. Pourtant cette insécurité est essentiellement
due à nos interventions extérieures associées à la culpabilisation du peuple
pour racisme et repentance coloniale, voire Pétainisme. Le désir musulman de
répondre aux agressions dans les territoires de l’oumma rencontre la volonté de
non-intégration de nombreux jeunes, issus de l’immigration, qui se nourrit du
dénigrement permanent de notre société de souche pour affirmer la supériorité
de leur culture sur la nôtre et refuser l’intégration… mais pas la carte d’identité
française.
Sur
ce point de l’immigration contrôlée et assimilée, comme sur ceux de la
recherche de la paix, de l’amélioration sociale dont le chômage, et de l’économie
du pays, les résultats montrent une incompétence globale des élites qui se sont
succédées aux manettes depuis 1980. Elle ne s’agit pas forcément d’une
incompétence générique mais plutôt d’un égocentrisme, qui les a fait se tourner
vers toutes les opportunités qui peuvent assoir leur pouvoir et gonfler leur
porte-monnaie. Ils sont prêts à vendre la Nation au plus offrant par des appels
en Rafale, à accepter un TIPP enveloppé dans du TAFTA français pour le plus grand bien
américain, et à envoyer nos soldats à la mort en missionnaires des Droits de l’homme
dans des pays qui ne reconnaissent pas ceux de la femme. Le tout est couronné
par une suffisance et une désinvolture à l’égard du peuple, dont ceux qui le
défendent sont taxés de ce mot, affreux dans leur tête, de « populistes »,
qui conduisent, chez nombre d’entre eux, à un désintérêt profond pour le Bien
Commun. Ce dernier est limité à la recherche de cadeaux communautaires dans l’immédiateté,
même si ceux-ci s’avèrent néfastes à moyen ou à long terme. Le peuple devient
spectateur d’une nation qui cherche à retrouver son identité, son espoir de
vivre dans des jours meilleurs et rejette la trajectoire mortifère dont le
parcours est jalonné par les puissances de l’argent dans un pays en
décomposition.
L’État a perdu son autorité, le peuple
sort dans la rue,
La jeunesse est prête à faire son mai 68,
Les casseurs effraient le peuple
Parce qu’ils nous rejettent.
Hélas le chaos fait partie
Du plan de destruction
De la Nation !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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