2012 évoque dans tous nos esprits l’élection de
François Hollande à la Présidence de la République. Chacun de nous pense qu’il
a pesé de son bulletin de vote sur le choix pour ou contre du Président. Nos
voix ont certes été comptées mais le résultat pourtant ne faisait aucun doute
pour les puissances de l’argent. Dominique Strauss-Kahn était leur candidat en
tant que directeur du FMI, organisme aux mains des banquiers étasuniens. Tout
se présentait donc bien pour lui alors que même une certaine droite française lui
apportait ses suffrages au regard de ses talents d’économiste. Mais celui-ci a
commis un an avant une fatale erreur, il a remis en cause le système
international basé sur le dollar, tout au moins dans le cercle restreint du
monde de la Banque. C’était fini pour lui et le piège s’est refermé avec l’affaire
du Sofitel de New-York. Il démissionne du FMI le 18 mai 2011. Le milieu
bancaire s’est tourné alors vers un candidat de substitution, François Hollande
à condition que celui-ci prenne les consignes de ce milieu, c’est-à-dire à la
City. Son annonce deux jours avant de taxation des millionnaires à 75% avait en
effet jeté le trouble dans les milieux d’affaires et faisait suite à son discours
du Bourget le 22 janvier : « Dans
cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon
véritable adversaire, il n’a pas de nom pas de visage pas de parti, il ne se
présentera jamais comme candidat, il ne sera pas élu, mais pourtant il
gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance.»
Le mercredi 29 février 2012, le
candidat Hollande, sous prétexte de rencontre avec les français de l’étranger
et des travaillistes, rencontre, non pas David Cameron, mais la City, haut lieu
de la finance. A son arrivée à la gare de Saint-Pancras, interrogé sur le
message qu'il entendait adresser à la City, Hollande, annonce la couleur :
« We need more regulation everywhere »
(nous avons besoin de davantage de régulation partout). Ensuite il
déclare dans le bureau de son homologue Ed Miliband à Westminster et devant la
presse : « Je voulais (...) venir à Londres
pour dire que la finance doit être au service de l'économie, (elle doit) créer de la richesse, et
non pas s'enrichir sur l'activité économique réelle ». Dès la mi-février
dans une interview au Guardian, le candidat avait déjà relativisé son programme
de régulation de la finance, inspiré selon lui de Barack Obama, en affirmant :
«Aujourd’hui, il n’y a plus de
communistes... Ou plus beaucoup.»
C’est le premier et le plus bel
exemple du double langage de Hollande, le message aux gogos, les électeurs, et
la posture que l’on ne peut éviter si l’on veut être élu : être adoubé par
le milieu de la finance au plus haut niveau, la City aux mains des grands
banquiers américains. Car c’est eux qui mènent le monde et d’illustres
prédécesseurs ont fait le même constat. « Mon seul adversaire, celui de la France, n’a aucunement cessé d’être
l’Argent. » [Charles de Gaulle, 11 décembre 1969, discussion avec André
Malraux, cité dans Les chênes qu’on abat, Gallimard]. Cette phrase, la sortie
de l’OTAN dominée par les États-Unis, les critiques de la politique
israélienne, et le rapatriement de l’or stocké dans les coffres-forts de la FED
furent autant de raisons qui signèrent sa perte aux yeux du milieu bancaire israélo-étasunien
et l’on sait désormais ce qu’il advient de ceux qui résistent avec les « printemps
démocratiques ». Mais on peut citer aussi d’illustres Présidents étrangers :
« Nous avons dû lutter contre les
vieux ennemis de la paix – le monopole industriel et financier, la
spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan,
le profiteur de guerre. Ils avaient commencé à considérer le
gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées.
Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par
l’argent organisé que par le crime organisé. Jamais dans toute notre histoire
ces forces n’ont été aussi unies contre un candidat qu’elles ne le sont aujourd’hui.
Elles sont unanimes dans leur haine pour moi – et leur haine me fait plaisir. » [Franklin Delano Roosevelt au
Madison Square Garden, 1936.
Mais le discours le plus explicite est celui de fin de
mandat du Président Eisenhower le 17 janvier 1961 resté célèbre car le
Président mettait le peuple américain en garde contre ce qu’il qualifiait de «
complexe militaro-industriel » : « (...)Cette conjonction d'une
immense institution militaire et d'une grande industrie de l'armement est
nouvelle dans l'expérience américaine. Son influence totale, économique,
politique, spirituelle même, est ressentie dans chaque ville, dans chaque
Parlement d'Etat, dans chaque bureau du Gouvernement fédéral. Nous
reconnaissons le besoin impératif de ce développement. Mais nous ne devons pas
manquer de comprendre ses graves implications. Notre labeur, nos ressources,
nos gagne-pain… tous sont impliqués ; ainsi en va-t-il de la structure même de
notre société. Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc
nous garder de toute influence injustifiée, qu'elle ait ou non été sollicitée,
exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d'une
désastreuse ascension d'un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne
devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos
libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien
prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la
réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l'énorme
machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos
buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer
ensemble.(...) »
Ce moment
d’élection présidentielle de 2012 est dans toute nos mémoires mais deux
évènements en resteront. L’un est souvent oublié mais il marque le
double-langage, l’enfumage du peuple d’une part et l’allégeance à la finance
donc au Nouvel Ordre Mondial, lesquels vont nous conduire à continuer notre
perte de souveraineté, à continuer à suivre, ou même à précéder, l’OTAN dans des
guerres pour l’hégémonie américaine, à faire les yeux doux à la Turquie selon
le souhait américain et à probablement accepter un traité léonin, ourdi dans le
secret, le TIPP, francisé TAFTA d’alliance de libre-échange transatlantique. C’est
le double discours à Londres pour la Finance du candidat et au Bourget contre
celle-ci. Le second s’est passé le jour de l’élection de François Hollande. C’est
l’image de drapeaux étrangers, essentiellement de l’autre côté de la
Méditerranée, qui fêtaient la victoire de celui pour lesquels ils avaient voté
en masse. L’histoire jusqu’à nos jours, évoqué en 2011, venait de signer sa
feuille de route, l’Europe allait y veiller en tout dépendance américaine.
La duplicité de nos élites politiques va se
combiner
Avec un mépris du peuple et du Bien commun
Qui ne laisse comme choix aux citoyens
Que la rue ou une lente agonie !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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