Le sujet de l’énergie, électrique en
particulier, ne touche nos concitoyens que dans la mesure où le prix à la pompe
augmente et où la facture d’électricité s’élève. Pourtant c’est un sujet majeur
pour le pays autant sur le plan intérieur que sur celui de la géopolitique. Le
choix du nucléaire a été un bon choix économique et géopolitique, même s’il est
décrié par des opposants à sensibilité écologique à cause du danger réel qu’il
peut engendrer. Je ne reviendrai pas sur la défense de cette énergie, trop
vilipendée en France par rapport au danger qu’elle a pu engendrer, surtout si
on le compare au danger chimique, menace permanente qui est beaucoup plus
difficilement maîtrisable comme l’a montré l’accident d’AZF à Toulouse le 21
septembre 2001. Si ces 31 personnes tuées, ces 4 500 blessés et ces 27 000 structures
immobilières détruites l’avaient été par l’industrie nucléaire, il n’y aurait
plus de nucléaire en France, mais pour la chimie on pardonne.
Par
contre ce choix nous a mis depuis quarante ans dans une quintuple position
avantageuse. Premièrement nous bénéficions encore d’un prix faible de l’électricité
par rapport à nos voisins qui ont pris une autre option, même si le choix des
EnR est en train de faire disparaître cet avantage. En effet le gouvernement est
au bout des pressions possibles sur EDF dont le coût de revient du kWh par
rapport au prix public fixé ne lui permet plus de vivre et accentue sa dette.
Deuxièmement nous avons gagné de l’indépendance énergétique, en faisant moins
appel à l’exportation du pétrole et du gaz pour les centrales thermiques dont l’apport
est nécessaire en complément et au pilotage du réseau. L’uranium est très
répandu dans le monde et nous avons des actions dans des mines sur tous les
continents. Nous sommes donc moins sensibles aux fluctuations des prix du baril
et du gaz, d’ailleurs liés. N’oublions pas que le pétrole a été à 2$ le baril
avant de redescendre à 0,30$ et va remonter à 0,50$ selon les prévisions.
Troisièmement nous avons, grâce à notre savoir-faire dans ce domaine, pu
redonner à la France une voix diplomatique face aux États-Unis avec la
possession de l’arme nucléaire, avantage que nous avons délibérément récemment annihilé.
Quatrièmement grâce aux recherches dans ce domaine nous avons pu construire la
plus grande usine mondiale d’enrichissement de l’uranium capable d’alimenter
100 réacteurs nucléaires, donc d’exporter. Enfin notre maîtrise du cycle
nucléaire, extraction de l’uranium, traitement chimique du minerai,
enrichissement, fabrication de combustible, construction de réacteurs, retraitement
du combustible après emploi et recyclage, avait donné à la France une industrie
importatrice et une notoriété internationale.
On
peut se rendre compte que ce n’est pas notre savoir-faire qui est en cause, ni
la radioactivité dispersée par accident, mais une politique énergétique
désastreuse depuis trente ans qui nous fait perdre notre avance technologique, a
jeté l’opprobre sur cette énergie, a cassé le nécessaire équilibre entre EDF et
Areva pour des problèmes d’égo des dirigeants et d’intrusion maladroite des
politiques, et par là-même a désorganisé cette filière. Le résultat est que l’ensemble
EDF-AREVA est au bord de la faillite et que notre crédit à l’étranger est
affaibli d’autant plus que nous dénigrons nous-même ce choix nucléaire. Je
redis que le réacteur EPR, type
Flamanville et vendu aux chinois dont la construction a démarré après le chantier
français, sera démarré avant nous avec un surcoût et un dépassement des délais
bien moindres. Alors l’Etat étant très largement majoritaire, à qui est la
faute ?
L’arrivée
tardive d’Areva dans le marché des EnR lui laisse peu de chances de vendre en
dehors des marchés publics, ce qui veut dire marchés truqués et finalement
payés par le contribuable. C’est donc un tournant majeur dans la politique
énergétique que l’introduction des EnR alors que la consommation stagne, que
nous sommes exportateurs d’électricité et qu’un nouveau réacteur est en
construction. Ajoutons que la nouvelle usine d’enrichissement de l’uranium,
Besse 2, par centrifugation a permis de ramener la puissance électrique
nécessaire à son fonctionnement de 2000 MW à 9 MW libérant ainsi la puissance
des 4 réacteurs du Tricastin sur le réseau. Si l’introduction des EnR en Allemagne
pouvait trouver une justification réelle par un gain d’indépendance
énergétique, car on sait que leur pari sur le CO2 émis est perdu, la France n’avait
aucune raison valable de se lancer dans l’aventure des énergies intermittentes,
sauf à la marge comme l’alimentation des îles. L’écologisme et l’opportunisme
de politiques incompétents ont surfé sur une idéologie dévastatrice.
Évidemment tout cela se paye cash. D’abord sur l’écologie de l’environnement où il ne faut
tout-de-même pas oublier le paysage que nous offre la nature. Pour se rendre compte
de ce qui nous attend, car aujourd’hui ce n’est encore qu’un début, il faut
regarder l’Allemagne et plus particulièrement la Bavière. Les éoliennes sont
surtout implantées dans l’Est du pays, comme j’ai pu le constater, mais la
Bavière abrite également certains des paysages les plus idylliques du pays.
Elle a néanmoins subi la construction de dizaines de parcs éoliens avec des
turbines de 200 mètres de haut à travers tout le pays. Le village Bavarois
d’Obbach a un parc d’éoliennes comportant 5 turbines de 200 mètres de haut installé
à seulement 800 mètres de distance. Vivant dans le bruit et un paysage détruit,
une habitante confie à la Radio Bavaroise : « « Pour moi, je
continue à penser à quel beau paysage avec des champs ouverts c’était, et
maintenant c’est une zone industrielle ». Un sondage de cette radio montre que : « les parcs
d’éoliennes ne sont plus les bienvenus. Ils sont trop moches, bruyants,
inefficaces et c’est seulement une minorité qui en profite, au détriment de la
majorité. » Résultat : la Bavière va réduire ses dépenses en
matière d’énergies renouvelables.
Oui parce qu’il s’agit bien de dépenses, l’énergie
verte n’est pas gratuite, loin s’en faut. Après la Bavière, le Québec aussi
semble faire machine arrière concernant les énergies renouvelables. Avec
ses grands barrages, le Québec
produit beaucoup d’électricité. Traditionnellement, les surplus
étaient vendus aux États-Unis, mais avec l’arrivée du gaz de schiste, ce
débouché s’est progressivement fermé. Malgré cela, son ancien gouvernement
s’était laissé « convaincre » par le lobby éolien de payer des subventions
à l’industrie du vent. Sa situation exportatrice est donc assez similaire à la France. Mais
au fil des années, la note est devenue salée, et le prix de l’électricité s’est
mis à grimper. Le nouveau gouvernement québécois, faisant preuve de bon sens,
vient enfin d’arrêter le gâchis : les nouveaux parcs éoliens n’auront plus
droit aux subventions, prix garantis et autres faveurs. Alors cela signe l’arrêt
de l’implantation des éoliennes : pas de subventions, plus d’éoliennes. Mais
il reste la note des engagements antérieurs garantis sur 25 ans. « Les
quatre millions de clients d’Hydro-Québec devront absorber une facture de 23 milliards $ d’ici 2042 pour les
parcs éoliens qui existent déjà, selon ce qu’a appris le Bureau
d’enquête. »
Nos politiques n’ont évidemment que faire de ces constats de surcoût des
EnR quand on n’en a nul besoin. Il va implanter ses éoliennes au large des
côtes du Poitou-Charentes avec le paiement de 24 centimes d’euros le kWh
garantis aux parcs éoliens en mer, contre 4 à 5 centimes sur le marché libre.
C’est non seulement un gâchis financier mais un scandale qui touche même l’écologie
en mer et les zones de pêche. Ce sont des milliards qui s’envolent pour rien et
des impôts que nous léguons à la génération suivante. Le gouvernement ne prend
pas des décisions rationnelles basées sur l’efficacité, mais sur le profit
électoral et sur les « recommandations » des banquiers et des lobbys
qu’ils managent. Il se prépare avec les voitures électriques la même erreur qu’avec
l’éolien. Le quotidien financier allemande Handelsblatt dévoile la rude
réalité des énergies prétendues propres et ne coûtant rien. « Le coût
de la transition énergétique pour les consommateurs en Allemagne se monte
maintenant à 28 milliards d’euros par an.
Un ménage qui consomme 3500 kWh par an paye donc 270 euros [en plus] sur une
année pour la transition énergétique. » (résultat calculé par l’Institut
Allemand pour l’Économie). Le site web Irish Energy Blog a présenté sous
forme de graphique les coûts de l’électricité en fonction de la part de
l’éolien et du solaire dans la production, pour tous les pays d’Europe.
Sur le graphique joint on constate que le prix de l’électricité augmente en fur
et à mesure de l’implantation des EnR.
Avec cette politique énergétique « mixte »
autorisant l’implantation de centaines d’éoliennes industrielles géantes de 190
m de haut, on enrichit des promoteurs éoliens privés avec des financements
publics, donc avec notre argent via des taxes prélevées directement sur nos
factures d’énergie, environ 16 %
aujourd’hui, 25 % en 2025, etc., sans nécessité autre qu’un gain peu
significatif sur le CO2 émis si tant est qu’il participe au
réchauffement climatique. France Stratégie vient de rappeler que le
développement des énergies renouvelables était donc « sans incidence
sur le volume total des émissions » mais renouvelle son alerte sur les
conséquences prévisibles de leur surcoût sur la compétitivité nationale, en
réduisant la valeur de nos exportations, rappelant que ce surcoût de l’énergie (3.1 milliards d’euros en 2015) s’élèverait à 8
milliards en 2025 !
Enfin ajoutons que ce plan énergétique « mixte »
est irréaliste. La Cour des Comptes considère que la réduction à 50% de la
consommation d’origine nucléaire que prévoit la loi sur la transition
énergétique correspondrait à 17 à 20 suppressions de réacteurs (soit 25.000 à
30.000 éoliennes de puissance installée de 2MW). L’incapacité d’un moyen
de production intermittent à permettre la fermeture d’un moyen pilotable ne
laisse pratiquement aucune chance de réaliser ce plan. Quant aux emplois que
cette industrie française engendrera, vu notre faible compétitivité, ils sont
limités aux marchés publics prévus et cette activité a très peu de chances d’être
exportatrice, donc le marché pour l’emploi sera éphémère. Terminons par la
faible qualité du courant produit par les éoliennes, dont j’ai déjà parlé
antérieurement et le problème de stabilité du réseau européen qui est déjà posé
par l’augmentation des EnR. Il engendre une prévision budgétaire de 700 milliards d’euros en 10 ans prévus
pour la restructuration de ce réseau européen.
Nous sommes
engagés dans un véritable scandale budgétaire
Où la
déraison ne peut s’expliquer que par l’intérêt
De ceux qui
en tirent profit, car voyez-vous
L’argent lui
n’est pas renouvelable !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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