L’année 2011 est
riche d’autres évènements exceptionnels qui vont conditionner les cinq années
qui suivent. La crise 2008 n’a pas seulement mis la Grèce au tapis, le Portugal
et l’Irlande sont mal en point. En mars, le Premier ministre socialiste
portugais José Socrates doit démissionner. Dublin bénéficiera d'un allègement
des conditions du plan de sauvetage européen, et Lisbonne, d'un prêt UE/FMI en
échange d'un programme d'austérité. Il faut s’arrêter un instant sur le
traitement réservé à l’Irlande en comparaison de celui appliqué à la Grèce. On
verra par la suite que la Grèce a subi de la part de l’Allemagne un traitement
beaucoup plus dur.
Le 11 mars un autre évènement terrifie la
planète. Un tsunami géant, provoqué par un séisme de magnitude 9 près des côtes
du nord-est du Japon, submerge celles-ci et fait près de 20.000 morts et
disparus. La centrale de Fukushima voit une vague de 14m de haut passer
au-dessus de la digue de protection. Elle est inondée et l’électricité coupée ainsi
que dans tout le secteur environnant. Il en résulte l’impossibilité de
maîtriser l’énergie nucléaire, ce qui provoque la plus grave catastrophe
nucléaire depuis 25 ans. En dehors de l’angoisse provoquée dans le monde par l’ampleur
de cette catastrophe et du renforcement du lobby anti-nucléaire, ceci va amener
à plusieurs conclusions. La première est que l’atteinte sur les populations est
sans commune mesure entre le ravage des zones côtières et la catastrophe
nucléaire. Les dégâts sont considérables sur les côtes et les traces sont
encore visibles comme j’ai pu le constater. Toutefois la dispersion des
produits nucléaires a créé une zone de danger pour les populations, dispersion qui exige des évacuations et la mise en place
d’une surveillance sanitaire, même si elles sont de moins grande ampleur qu’à
Tchernobyl. Le deuxième constat est que le seul séisme n’aurait pas eu de conséquences
graves puisqu’une autre centrale nucléaire, soumise à la même intensité a
résisté. L’évènement naturel était exceptionnel, non connu jusqu’alors, et il n’a
pas été provoqué par des erreurs humaines comme à Tchernobyl. Des mesures de
sûreté nouvelles devaient néanmoins être mises en œuvre et elles continuent d’affecter
les réacteurs français.
Cette
catastrophe a introduit une vision contrastée sur l’industrie nucléaire. La
réaction écologiste est renforcée sur la nécessité de l’arrêt du nucléaire.
Toutefois une vision moins idéologique donne un regard plus optimiste pour
trois raisons. La première est que devant un évènement naturel d’une ampleur
inconnue jusqu’alors on n’a pas pu mettre en évidence des incidences graves sur
la population, incidences entraînant la mort, ou des handicaps et des maladies ne
pouvant être traitées, dus à la radioactivité répandue. Mieux, on a constaté,
comme en Biélorussie, que des personnes ont survécu dans des zones interdites
par rapport aux normes de sécurité sans que l’on ait pu mettre en évidence des
aggravations graves de leur santé (en dehors de cancers de la thyroïde
constatés sur des enfants des zones les plus contaminées proches de l’accident
ukrainien, d’ailleurs tous soignés et guéris). De plus force est de constater
que le niveau de sûreté nucléaire déjà atteint à cette époque ne s’est trouvé
pris en défaut que dans des circonstances très exceptionnelles et non
anthropologiques. Enfin ceci repose la question de savoir si les limites de
dose de radioactivité acceptables ne sont pas trop basses et ne font pas qu’affoler
les populations sans raison scientifiquement prouvée. C’est le fait de donner
les moyens à la population de mesurer eux-mêmes la radioactivité qui a calmé l’angoisse
des populations biélorusses touchées par Tchernobyl. Il y a malheureusement peu
de chances que politiquement ceci puisse être envisagé dans le contexte actuel
où le principe de précaution conduit à tous les extrémismes.
Cet évènement marque toujours la politique
énergétique française même si le redémarrage des réacteurs japonais est
désormais en cours. Il a sonné un coup d’arrêt du nucléaire en France au moment
où de nombreux pays constatent que l’on ne peut se passer de cette énergie,
Chine, Inde, Royaume-Uni en particulier. Il est tout-à-fait symptomatique de
voir même les pays africains se poser la question. En effet le développement
des énergies renouvelables là-bas (centrale solaire au Maroc) demande la mise
en place de centrales thermiques polluantes pour équilibrer la production
intermittente avec la consommation électrique. Notre pays agit à contretemps et
casse l’un de ses plus beaux fleurons. L’UE n’a pas de politique énergétique
respectant les particularités de chaque pays et sa globalité va finalement
contre l’intérêt général en voulant couler tout le monde dans le même moule.
Déjà l’équilibre du réseau européen va demander de permettre des échanges
beaucoup plus importants entre les pays de l’UE, soit des frais d’amélioration
du réseau chiffrés à 700 milliards, en raison de l’intermittence des énergies
renouvelables en particulier en Allemagne et au Danemark.
Un
autre évènement majeur s’est produit aussi à mi-mars en Syrie. C’est le début
du mouvement de révolte contre le régime de Bachar al-Assad, qui sera
violemment réprimé (plus de 4.000 morts selon l'ONU, qui accuse les autorités
de "crimes contre l'humanité", mais ce chiffre paraît très exagéré
pour les mois de mars-avril durant lesquels il s’agissait de répression
policière avant que cela tourne à la guerre civile alimentée de l’extérieur).
En dépit des sanctions (embargo sur le pétrole syrien, gel des avoirs syriens
par l’UE), Assad poursuit sa répression. La Syrie est suspendue en novembre des
instances de la Ligue arabe. A l’ONU on note l’opposition de la Russie et de la
Chine à toute condamnation du régime syrien. L’attitude de la Chine est particulièrement
intéressante, elle s’oppose à toute ingérence extérieure dans les conflits
intérieurs. Nul doute que les États-Unis et leurs vassaux ont la position
inverse.
Bouleversements
géopolitiques, crise, modèle européen chamboulé... 2011 a été incroyable. Ces
bouleversements vont affecter le monde arabe et l’UE. Le 11 février, le
président égyptien Moubarak cède à la pression des manifestants de la place
Tahrir, au centre du Caire. Il abandonne la présidence de la République et
remet le pouvoir au Conseil suprême des forces armées. Après la Tunisie,
l'Égypte est le deuxième pays arabe à renverser un autocrate par la voie
démocratique.. Mais le 23 octobre, après le «printemps arabe» qui a vu le
renversement des autocrates Ben Ali et Moubarak, les premières élections
législatives libres organisées en Tunisie aboutissent à la victoire du parti
islamiste Ennahda, avec un peu plus de 40% des suffrages exprimés... Bien
qu'épargné par l'effervescence du «printemps arabe», le Maroc n'est pas resté
insensible aux revendications démocratiques. Le roi Mohammed VI a avancé au 25
novembre 2011 les élections législatives prévues l'année suivante. Elles se
sont soldées par la victoire du Parti de la justice et du développement
(islamiste) avec 27% des suffrages exprimés et 107 sièges sur 395... Par
contre le 25 septembre, les femmes d'Arabie acquièrent le droit de vote aux
élections municipales. En 2011 l’islamisation politique du Maghreb est en
route, seule l’Algérie résiste et l’on voit qu’elle résistera encore cinq ans
mais plus pour longtemps.
Un autre évènement de la guerre religieuse qui
va affecter plus tard les chrétiens d’Orient, c’est la partition du Soudan le 9
juillet. La naissance de ce nouvel État très pauvre du Sud-Soudan, au cœur de
l'Afrique noire, est l’aboutissement (provisoire) d’un demi-siècle de guerres
civiles entre le gouvernement arabo-musulman de Khartoum et ses sujets noirs et
chrétiens... Dans le même ordre d’idées au lendemain d'élections contestées qui
ont vu la victoire du candidat sudiste et chrétien sur son rival musulman et
nordiste, des émeutes antichrétiennes ont éclaté, comme 18 mois plus tôt, dans
de nombreuses villes du nord. Dans le même ordre d’idées, des violences
interreligieuses vont affecter le Nigeria le18 avril. Le plus grand pays
d'Afrique noire (160 millions d'habitants) est riche de son pétrole (dans le
sud) mais cruellement divisé entre ethnies et surtout entre religions. Il a
déjà connu une dramatique guerre civile avec la tentative de sécession du
Biafra en 1967. La visite récente de Hollande dans ce pays en mai 2016 pour
parler de la guerre contre Boko Haram n’en est que la suite.
L’année
2011 est riche en évènements prémonitoires et il faut en reparler dans ce qu’ils
ont affecté notre futur en tant que français et européen dans la vie sociétale
et économique qui se prépare.
« Printemps arabes », guerres
religieuses et contre les régimes forts
Ont déjà commencé à être alimentées par
l’hégémonie
D’un monde occidental manipulé par les
Etats-Unis.
L’idéologie écologiste trouve un nouveau
souffle
Qui va nourrir de nouveaux lobbies
Et tuer un fleuron économique
De la France gaullienne.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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