L’entrée
officieuse de François Hollande en campagne présidentielle se traduit par une
distribution de l’argent public au gré des segments de population à séduire. On
distribue à tous vents, aux jeunes, aux salariés, aux entreprises, aux
fonctionnaires, et aux armées sans souci
de l’augmentation de la dépense publique. On va jusqu’à la prime aux
professeurs du primaire, qui ne peut que déboucher sur une réclamation des professeurs
du secondaire. On se permet même d’envisager une réduction d’impôts pour 2017. Car
il ne s’agit pas seulement du budget 2016 qui sera impacté, mais cela aura une
répercussion sur les budgets suivants. Les avantages distribués ne peuvent être
retirés sous peine de troubles sociaux graves et de perte d’autorité. On voit
que les troubles sociaux non seulement paralysent plus ou moins l’activité du pays
mais ils engendrent l’insécurité et des dépenses publiques supplémentaires. La France
va mieux soi-disant mais le déficit du commerce extérieur augmente et le
chômage change de catégorie avec une augmentation des radiations pour pouvoir
annoncer une baisse de la catégorie A. Pendant ce temps les collectivités
locales tirent la langue en voyant leurs subventions diminuer. Tout cela va faire
augmenter les impôts locaux. Pour le contribuable le gain sera au mieux nul
entre les impôts et taxes de l’État et ceux des collectivités.
Tout cela est dit
pour mettre l’accent sur la dérive des dépenses publiques qui se met en place.
Par ailleurs on balance des milliards dans les subventions aux EnR, énergies
renouvelables éoliennes et solaires, dont l’utilité est plus que contestable en
période de surproduction de l’énergie électrique. Mais de plus l’exemple de l’Allemagne
devrait nous faire réfléchir ainsi que le constat que l’utilisation de la
biomasse en Europe s’est soldée par une augmentation du CO2 émis. L’Allemagne
se trouve être l’un des principaux pollueurs européens en CO2 avec
350 millions de tonnes et la France dans les moins pollueurs avec 21,3. De plus
le prix du kWh en Allemagne est deux fois plus cher qu’en France. En 2011 la
suppression allemande de 10 GW nucléaires a été intégralement compensée par
l’augmentation des seules centrales « biomasse » et « gaz »
nécessaires au pilotage de la production en adéquation avec la consommation. L’avenir
allemand c’est 1760 MW de nouvelles centrales au lignite, 4555 MW au charbon et
12960 MW au gaz, prévues en Allemagne, selon le site officiel BDEW Auswertung
der BDEW-Kraftwerksliste, soit l’équivalent de 16 réacteurs nucléaires.
L’Allemagne
restera donc pour longtemps le pollueur européen en CO2, ce qui explique sans
doute une des raisons de l’effort budgétaire en faveur des voitures
électriques, dites non polluantes. Sauf que l’augmentation de la consommation
électrique allemande qui en résultera se traduira par un surplus de dépenses
publiques, une augmentation des moyens de production électrique pilotables au
gaz, au charbon et au lignite, et par conséquent à une augmentation du CO2
émis, plus toutes les autres substances agressives pour la santé. Par ailleurs,
même une puissance installée supérieure
à celle de notre parc nucléaire, telle que celle de l’Allemagne, la production est
susceptible de tomber à un seul petit GW, comme ce fut le cas le 8 avril
dernier. L’impossibilité de stocker l’énergie à grande échelle pour un coût
acceptable par la collectivité interdit ainsi la fermeture de moyens de production
« pilotables » en contrepartie du développement de moyens
intermittents, quelle qu’en soit la puissance. Pour le respect des
engagements sur la diminution du CO2, l’Allemagne s’est mise dans
une impasse, mais aussi dans le maintien d’un coût du kWh très élevé et d’une dépense
publique importante en subventions. En fait l’Allemagne maintient une
production pilotable par les sources suivantes, gaz, charbon, lignite,
nucléaire et biomasse à hauteur des 600TWh de la consommation. La suppression
d’une seule de ces centrales poserait d’ailleurs un tel problème que
l’électricien E.on a dû menacer d’un recours devant les tribunaux dans l’espoir
d’obtenir le droit de fermer sa centrale à gaz d’Irshing.
Les EnR sont donc des surproductions destinées à l’exportation,
comme le montre le graphique ci-dessus, et vendues souvent à prix cassés. C’est
la raison des graves difficultés des électriciens allemands E.on et RWE et l’une
des principales de la situation actuelle d’EDF pour laquelle la puissance
publique a imposé des tarifs qui ne reflétaient pas le surcoût des EnR. Par
ailleurs EDF n’est pas en mesure de concurrencer la vente des éoliennes et des
panneaux solaires face à la concurrence danoise et chinoise, les industries allemandes se concentrent progressivement comme l’a fait Siemens pour investir le marché. Mais plus
grave encore le choix des EnR par plusieurs pays européens pousse vers un
problème de stabilité du réseau européen dont nous reparlerons dans un prochain
article. La politique énergétique française, partie d’une situation excellente
mais totalement différente, s’engage aussi dans une impasse coûteuse, et tout aussi
déraisonnable, qui sera examinée.
Ce n’est
pas grâce au soleil d’Austerlitz sur nos têtes
Que
le vent va nous faire tomber dans le panneau
Mais
par le poids de l’idéologie politique
Qui
y entraîne déjà l’Allemagne
Et
nous prépare bientôt à…
Un
Waterloo énergétique !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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