lundi 2 mai 2016

Énergie électrique : Politiques incohérentes en France et en Allemagne (1ère partie)



L’entrée officieuse de François Hollande en campagne présidentielle se traduit par une distribution de l’argent public au gré des segments de population à séduire. On distribue à tous vents, aux jeunes, aux salariés, aux entreprises, aux fonctionnaires,  et aux armées sans souci de l’augmentation de la dépense publique. On va jusqu’à la prime aux professeurs du primaire, qui ne peut que déboucher sur une réclamation des professeurs du secondaire. On se permet même d’envisager une réduction d’impôts pour 2017. Car il ne s’agit pas seulement du budget 2016 qui sera impacté, mais cela aura une répercussion sur les budgets suivants. Les avantages distribués ne peuvent être retirés sous peine de troubles sociaux graves et de perte d’autorité. On voit que les troubles sociaux non seulement paralysent plus ou moins l’activité du pays mais ils engendrent l’insécurité et des dépenses publiques supplémentaires. La France va mieux soi-disant mais le déficit du commerce extérieur augmente et le chômage change de catégorie avec une augmentation des radiations pour pouvoir annoncer une baisse de la catégorie A. Pendant ce temps les collectivités locales tirent la langue en voyant leurs subventions diminuer. Tout cela va faire augmenter les impôts locaux. Pour le contribuable le gain sera au mieux nul entre les impôts et taxes de l’État et ceux des collectivités.

Tout cela est dit pour mettre l’accent sur la dérive des dépenses publiques qui se met en place. Par ailleurs on balance des milliards dans les subventions aux EnR, énergies renouvelables éoliennes et solaires, dont l’utilité est plus que contestable en période de surproduction de l’énergie électrique. Mais de plus l’exemple de l’Allemagne devrait nous faire réfléchir ainsi que le constat que l’utilisation de la biomasse en Europe s’est soldée par une augmentation du CO2 émis. L’Allemagne se trouve être l’un des principaux pollueurs européens en CO2 avec 350 millions de tonnes et la France dans les moins pollueurs avec 21,3. De plus le prix du kWh en Allemagne est deux fois plus cher qu’en France. En 2011 la suppression allemande de 10 GW nucléaires a été intégralement compensée par l’augmentation des seules centrales « biomasse » et « gaz » nécessaires au pilotage de la production en adéquation avec la consommation. L’avenir allemand c’est 1760 MW de nouvelles centrales au lignite, 4555 MW au charbon et 12960 MW au gaz, prévues en Allemagne, selon le site officiel BDEW  Auswertung der BDEW-Kraftwerksliste, soit l’équivalent de 16 réacteurs nucléaires. 

L’Allemagne restera donc pour longtemps le pollueur européen en CO2, ce qui explique sans doute une des raisons de l’effort budgétaire en faveur des voitures électriques, dites non polluantes. Sauf que l’augmentation de la consommation électrique allemande qui en résultera se traduira par un surplus de dépenses publiques, une augmentation des moyens de production électrique pilotables au gaz, au charbon et au lignite, et par conséquent à une augmentation du CO2 émis, plus toutes les autres substances agressives pour la santé. Par ailleurs, même une puissance installée supérieure à celle de notre parc nucléaire, telle que celle de l’Allemagne, la production est susceptible de tomber à un seul petit GW, comme ce fut le cas le 8 avril dernier. L’impossibilité de stocker l’énergie à grande échelle pour un coût acceptable par la collectivité interdit ainsi la fermeture de moyens de production « pilotables » en contrepartie du développement de moyens intermittents, quelle qu’en soit la puissance. Pour le respect des engagements sur la diminution du CO2, l’Allemagne s’est mise dans une impasse, mais aussi dans le maintien d’un coût du kWh très élevé et d’une dépense publique importante en subventions. En fait l’Allemagne maintient une production pilotable par les sources suivantes, gaz, charbon, lignite, nucléaire et biomasse à hauteur des 600TWh de la consommation. La suppression d’une seule de ces centrales poserait d’ailleurs un tel problème que l’électricien E.on a dû menacer d’un recours devant les tribunaux dans l’espoir d’obtenir le droit de fermer sa centrale à gaz d’Irshing. 

Les EnR sont donc des surproductions destinées à l’exportation, comme le montre le graphique ci-dessus, et vendues souvent à prix cassés. C’est la raison des graves difficultés des électriciens allemands E.on et RWE et l’une des principales de la situation actuelle d’EDF pour laquelle la puissance publique a imposé des tarifs qui ne reflétaient pas le surcoût des EnR. Par ailleurs EDF n’est pas en mesure de concurrencer la vente des éoliennes et des panneaux solaires face à la concurrence danoise et chinoise, les industries allemandes se concentrent progressivement comme l’a fait Siemens pour investir le marché. Mais plus grave encore le choix des EnR par plusieurs pays européens pousse vers un problème de stabilité du réseau européen dont nous reparlerons dans un prochain article. La politique énergétique française, partie d’une situation excellente mais totalement différente, s’engage aussi dans une impasse coûteuse, et tout aussi déraisonnable, qui sera examinée. 

Ce n’est pas grâce au soleil d’Austerlitz sur nos têtes

Que le vent va nous faire tomber dans le panneau 

Mais par le poids de l’idéologie politique

Qui y entraîne déjà l’Allemagne 

Et nous prépare bientôt à…

Un Waterloo énergétique ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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