L’année
2011 est incroyablement riche en évènements qui marquent la période récente
jusqu’à nos jours et annoncent les évènements futurs. C’est bien la lecture de
l’histoire qui permet de prévoir l’avenir, à condition de bien vouloir lire
entre les lignes de l’immédiateté avec un recul critique et une vision
prospective. Il est encore quelques évènements de 2011 qui nous projettent
jusqu’à aujourd’hui. C’est la mobilisation des "indignés" le 17 mai en
Espagne, indignés qui expriment leur mécontentement social, politique et
économique. D'Europe aux États-Unis en passant par le Chili, une première
journée mondiale des "indignés", le 15 octobre, réunira des dizaines
de milliers de personnes. On constate en mai 2016 que le peuple français aussi
commence à manifester son indignation dans la rue contre le gouvernement sans
véritablement comprendre encore que c’est contre l’UE voulue par les USA que
leur colère doit s’orienter. Le gouvernement français n’est coupable que d’obéir
à l’UE que nous avons plébiscitée à Maastricht.
Il y
a aussi les fausses bonnes nouvelles, celles qui ne changent rien pour l’avenir
comme le retrait du tiers des soldats américains (33.000) d'ici à l'été 2012 annoncé
le 22 juin par le président Barack Obama. Le 17 juillet, l'Otan transmet ses
responsabilités aux autorités afghanes dans une première province, lançant le
processus de "transition" qui doit s'achever fin 2014 avec le départ
des troupes de la coalition (130.000 hommes). La deuxième phase de la
transition est lancée le 1er décembre. On constate que les États-Unis y sont
toujours et que le pouvoir afghan perd la main, les talibans menaçant de
nouveau Kaboul. L’Europe avec sa politique étrangère et la France se sont
fourvoyées dans ce guêpier sans résoudre le problème.
Mais
un évènement hautement significatif sur l’entrée en décroissance des États-Unis
s’est déroulé le 2 août. Après des semaines de bataille, le Congrès autorise un
relèvement du plafond de la dette (plus de 14.500 mds de dollars), évitant au
pays un défaut de paiement. Avec un taux de chômage de 9,2% et une croissance
faible (1,3%), les Etats-Unis se voient privés pour la première fois de leur
"AAA" par l'agence de notation Standard and Poor's. Depuis ce pays
fait marcher la planche à billets pour essayer de masquer sa perte de vitesse
économique. En fait l’essentiel va vers le soutien au marché boursier, donc la
spéculation. Le reste ne soutient qu’une croissance insuffisante pour empêcher
le chômage réel, et non trafiqué par les statistiques, et une aggravation des
inégalités.
La
mort de Mouamar Kadhafi le 20 octobre laisse un pays exsangue avec 30.000
morts, une économie détruite, mais pas les installations pétrolières de l’Occident,
qui va sombrer dans le chaos et devenir un pays de passage de l’immigration et
un repère de la mouvance djihadiste de trafic d’armes et de drogue. Ce gâchis
amène de nouveau en 2016 les forces spéciales des USA et de ses alliés pour
soi-disant contrer les forces terroristes dont ils ont favorisé l’arrivée par
ailleurs. La théorie du chaos s’étend désormais sur le Maghreb et vise en
premier lieu l’Algérie qui se tourne vers la Russie. Ceci donne une bonne
raison de diaboliser ce dernier et de laisser planer la menace d’un conflit
plus direct.
On
peut aussi considérer comme prémonitoire l’accord du 27 octobre à Bruxelles, accord des 17 sur le renforcement
du Fonds européen de stabilité financière (FESF), la recapitalisation des
banques et l'effacement de 50% de la dette grecque détenue par les banques. C’est
le premier constat que la faillite des Etats de la zone de l’euro n’est plus
inenvisageable. D’ailleurs le FESF sera par la suite renforcé en Mécanisme
européen de stabilité mais il instaure un prêt direct aux États, ce que ne peut
pas faire la BCE. Ce constat est devenu encore plus plausible le 9 novembre. Le
Premier ministre socialiste grec Georges Papandréou démissionne, après avoir
semé la perturbation en Europe avec son projet avorté de référendum sur le plan
européen du 27 octobre (100 Mds d'euros de prêts et l'effacement de 100 Mds
d'euros de dettes contre l'adoption par Athènes d'un plan de rigueur et son
acceptation d'une quasi mise sous tutelle). Lucas Papademos, ex-vice-président
de la Banque centrale européenne, lui succède. C’est une marque de plus du
refus de la démocratie par l’UE, la mainmise sur le système bancaire d’un pays
et sur sa gestion budgétaire et économique. C’est la voie tracée vers l’austérité,
seule vraie politique économique de l’UE.
D’ailleurs
les évènements de ce type s’enchaînent. Le 12 novembre le président du conseil italien
Silvio Berlusconi démissionne, après l'adoption par le parlement de mesures
destinées à rassurer les marchés et la communauté internationale, la dette
italienne s'élevant à 1.900 Mds d'euros. Le nouveau Premier ministre Mario
Monti (consultant pour Goldman Sachs et fervent partisan de l’Union
européenne fédérale) forme un gouvernement d'experts et présente un programme
d'austérité et de relance. 2011 s’avère être l’année qui révèle la
fragilité de l’Union européenne et de la zone euro. Deux faits viennent le
mettre en lumière. A Paris, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel annoncent le 5
décembre un compromis pour sauver la zone euro, notamment un projet de
révision des traités avec sanction automatique si le déficit dépasse 3%"
du PIB. À l'issue de ce nième sommet de la dernière chance pour sauver l'euro,
les représentants de l'Union européenne se proposent de rédiger un nouveau
traité destiné à «rassurer les marchés», en remplacement du traité de Lisbonne
qui a fait faillite en quelques mois. David Cameron, Premier ministre du Royaume-Uni,
refuse cette proposition et se place d'emblée en retrait de l'Union
européenne. Tout ceci verra ensuite le
vote anglais sur le Brexit. Par ailleurs Standard and Poor's menace d'abaisser
la note "AAA" de 15 pays, dont l'Allemagne et la France.
On
ne saurait quitter 2011 sans parler de l’Iran qui va occuper la politique
française, anglaise étasunienne et allemande jusqu’à aujourd’hui. L’Iran était
l’ennemi numéro un des USA avant d’être remplacé par la Russie depuis son
engagement en Syrie. Le 8 novembre un rapport de l'Agence internationale de l'énergie
atomique (AIEA) fait état de "sérieuses inquiétudes" concernant le
caractère militaire du programme nucléaire iranien. Les Occidentaux renforcent
leurs sanctions et le conflit s’envenime. Le saccage de l'ambassade de
Grande-Bretagne le 29 novembre par des miliciens islamistes, provoque un tollé
international. Londres ferme son ambassade, des capitales européennes (dont
Paris et Berlin) rappellent leur ambassadeur. L'attaque est intervenue après la
décision du Parlement iranien de réduire les relations avec Londres suite à un
durcissement des sanctions britanniques.
On
verra, à cette occasion l’inconsistance de la politique européenne dans
laquelle la France voudra jouer un premier rang en étant le pays le plus ferme
dans les négociations à venir. Cette politique, continuée par Hollande, nous
mènera jusqu’à jouer le fantassin des USA pour se retrouver obligés de conclure
un accord malgré nous. Ceci sera aussi le cas pour la Syrie où notre position
jusqu’au-boutiste nous vaudra de nous retrouver seuls et de déprogrammer une
opération militaire d’envergure sur Damas. Un superbe lot de consolation nous
sera donné par une réception avec tapis rouge à Washington avec rappel de « l’amitié
indéfectible France-USA depuis Lafayette ».
Enfin
même la science vivra des moments exceptionnels qui ouvrent de nouvelles
perspectives dans l’infiniment petit et l’infiniment grand. C’est d’abord une
expérience dans le plus grand accélérateur de particules du monde au CERN à
Genève où les scientifiques prétendent le 24 septembre avoir montré que l’on
peut dépasser la vitesse de la lumière, jusque-là réputée infranchissable. Au
passage ceci montre que la science sait réunir le monde scientifique et que l’Europe
de la recherche existe au plus haut niveau. Le deuxième évènement a eu lieu le 5
décembre avec l’annonce de la découverte de l'exoplanète Kepler-22 b au Ames
Research Center de la NASA. Une étape scientifique majeure vient d’être
franchie et on ne cessera plus de découvrir ce monde de planètes hors et dans
notre galaxie.
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L’année
2011 s’est montré être une année-laboratoire de l’avenir sur tous les plans
européens et mondiaux touchant l’économie, les équilibres géopolitiques et
démographiques, l’importance des évènements naturels relativisant les effets de
l’homme pour l’influencer dans un sens ou dans un autre, et même la science.
Elle fut aussi, pour la France, celui de la campagne électorale qui verra un
changement de majorité avec des promesses électorales et l’impact d’un nouvel
électorat de la « diversité ». On verra ensuite qu’elles ne seront
pas appliquées pour la plupart sauf sur le plan sociétal et que la France continuera
dans la même politique globale de destruction de la nation, de son identité, et
de vassalisation aux élites, bancaires et économiques, et à la puissance
militaire de leur bras armé américain. L’Europe antidémocratique, antisociale
et meurtrière s’est totalement dévoilée.
L’année 2011 a écrit notre histoire
récente
Il nous appartient l’année prochaine
De faire en sorte d’en refuser
Son aliénation à l’argent,
De penser au bonheur
De l’homme !
Claude
Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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