Dans quelques jours, quelques semaines, quelques
mois au plus, la Grèce peut sombrer dans l’anarchie d’un peuple sans avenir
autre que la pauvreté et la violence. Mais dans quelques semaines, quelques
mois, l’UE pourrait ressentir les tremblements de ses fondations sous l’effet d’un
séisme d’une magnitude ravageuse. Les signes avant-coureurs se font de plus en
plus distincts. A minuit ce 30 juin 2015, la Grèce doit payer 1,5 milliards
d’euros au FMI, somme qui est le total des échéances non payées de ce mois.
Yannis Varoufakis, le Ministre des Finances grec affirme que la Grèce ne paiera
pas. Il s’agira alors d’un « défaut de paiement » mettant normalement
la Grèce au niveau de la Somalie, soit un pays en détresse pour le FMI. Ce défaut
mérite théoriquement l’exclusion du Fonds International. Pourtant ce ne serait
plus un défaut, mais selon le FMI, un « arriéré de paiement ». La
nuance sémantique est révélatrice. Sur l’échiquier le FMI vient de reculer un
pion.
J.C Juncker y va d’une proposition de dernière
minute et de dernière chance. Il propose de laisser la proie pour l’ombre,
autrement dit d’accepter les propositions des créanciers avec la
« promesse » de reparler de la dette. Juncker a reculé un fou mais
n’a pas lâché la pièce sur l’échiquier, histoire de faire un clin d’œil au
peuple grec sur ses intentions pacifiques à contrario des positions bloquées
offensives des pièces grecques. Tsipras a déjà montré qu’il savait décoder les
propositions pourries. Il roque et joue un tour avec un rappel de l’existence
du MES avec lequel il serait normal de négocier un plan sur deux ans. Il s’agit
d’un joli coup de la part des blancs avec un rappel à la solidarité européenne.
Le mécanisme européen de stabilité (MES) est un dispositif européen de
gestion des crises financières de la zone euro qui remplace, au sein du Pacte
budgétaire européen, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le
Mécanisme européen de stabilité financière (MESF) qui avaient été mis en place
en réponse à la crise de la dette publique dans la zone euro.
A quoi sert-il si ce n’est pas pour venir en aide
aux pays en difficulté ? Le Conseil Européen des 16-17 décembre 2010 en
avait bien ainsi défini son domaine d’action : « les États membres dont la monnaie est l'euro peuvent instituer
un mécanisme de stabilité qui sera activé si cela est indispensable pour
préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble et que l'octroi, au
titre du mécanisme, de toute assistance financière nécessaire, sera subordonné
à une stricte conditionnalité. » De toute évidence, les pays de l’euro
n’ont aucune envie de le faire fonctionner car ils sont co-responsables des
sommes engagées, et en particulier l’Allemagne qui y participe à hauteur de
27%. La France vient en second rang avec 20%. Avec une somme de 700 milliards à
pourvoir en 5 ans, le MES devrait déjà être crédité d’environ 250 milliards. La
Grèce est endettée et c’est le poids de sa dette, à 177% du PIB engendrant des taux d’intérêt
lourds appliqués aux économies dites faibles, qui est en cause. La France qui va être endettée à hauteur de
100% du PIB devrait comprendre car son tour peut arriver bientôt.
D’autres mouvements fictifs sur l’échiquier vont
sans doute avoir lieu jusqu’à dimanche pour aider la Grèce… Non pour empêcher
le référendum. L’UE ne supporte plus l’idée d’un référendum. Il est devenu le
repoussoir, la bête noire de la technocratie engraissée par les lobbies et des
politiques qui ne peuvent plus suivre les directives des mêmes qui leur ont
permis d’arriver au pouvoir. Le couple MerkHollande est à la manœuvre, enfin la
machine allemande, nommée Wolfgang Schäuble, avec Hollande dans le tandem pour
signer. Car la France a fait preuve de son peu d’efficacité avec une stratégie
hypocrite consistant à « comprendre les grecs » et à donner son
accord aux créanciers. De médiatrice, ce qu’elle aurait dû être, la France
s’est contentée d’un rôle d’intermédiaire.
Tsipras ne peut plus reculer, il a lâché la Reine
avec le référendum. Elle est exposée et ne peut agir sans le soutien de la tour
de la démocratie, celle du peuple grec, pour obliger le Roi noir à bouger ou à
abandonner. Le peuple grec a vraiment son destin en main. C’est une grande
bouffée d’air que la Grèce envoie au monde. On comprend l’ire de Sarkozy,
vitupérant sur les mensonges de Tsipras à son peuple. Il a laissé la trace
indélébile de la plus grande entorse à la démocratie en bafouant le verdict de
son peuple sur la Constitution Européenne. Rien ne sera plus comme avant si le
peuple grec refuse le plan d’austérité des créanciers. Les manœuvres consistant
à persuader le peuple grec que les propositions étaient honnêtes et qu’on les a
mal informés sont balayés par la publication de celles-ci par le Premier
Ministre grec. Jugez plutôt de ce qui les attend :
– l’imposition
d’une TVA à 23% sur la restauration collective
– l’abolition de la
baisse de la TVA dans les îles
– l’application
d’une avance d’impôt de 100% sur les sociétés et les travailleurs indépendants
– l’abolition des
réductions pour les agriculteurs (pétrole, impôt sur le revenu)
– que soient
baissées de 900 millions € (0,5% du PIB) les dépenses de l’aide sociale
(subventions, etc.).
– la limitation
immédiate des pré-retraites
– l’abolition
progressive de la retraite complémentaire.
– l’application
complète de la loi de mémorandum 3863/2010 sur la sécurité sociale
– l’application de
la clause de déficit zéro et que le financement des caisses complémentaires
soit réalisé uniquement par des fonds particuliers
– l’abolition de
toutes les participations en faveur de tiers qui financent les caisses de
sécurité sociale, qui a pour conséquence une baisse de leurs recettes de plus
de 700 millions €
– l’augmentation
des prélèvements pour soins de santé sur les pensions de 4% à 6%
– le gel des
retraites jusqu’en 2021
– une législation
sur les licenciements collectifs et la non-réintroduction des conventions
collectives, si les institutions ne le permettent pas
- la
diminution à 1500€ du montant des dépôts non saisissable
– l’augmentation du
taux en vigueur pour le règlement des dettes
– la réduction des
salaires dans le secteur public
– la mise en œuvre complète
des boîtes à outils de l’OCDE (lait, pain, pâtisseries, dimanches, ...)
– (des coupes
écrasantes dans les pharmacies grecques) Un coup important contre les
médicaments grecs
– la poursuite de
la privatisation du secteur de l’électricité.
- la vente des
actions de l’OTE (Compagnie du téléphone) détenues par l’État
– la
non-application d’une taxe spéciale de 12% sur les bénéfices supérieurs de
500.000 pour l’exercice 2014
– le non-retour des
cotisations sociales patronales au niveau de l’année 2014
Tout ceci constitue
un ensemble de propositions qui s’inscrivent dans la conception du Fonds
monétaire international, qui ont été posées comme ultimatum à la Grèce, ce qui
ressort aussi de l’Eurogroupe, rapporte Mégaro Maximou qui ajoute : la
seule différence concerne la TVA sur les hôtels dont le taux, dans le texte
actuel posté sur le site Web de la Commission européenne, est passé de 13% à
23% pour le 25 Juin
Mégaro Maximou =
résidence officielle et bureau du Premier ministre
La
Grèce a déjà montré que la solidarité européenne était un leurre
Le
peuple grec va sans doute montrer que la démocratie
A un
sens, celui de la démocratie athénienne.
Alors
rien ne sera plus comme avant !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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