Les
derniers chiffres d’avril 2015 de Pôle Emploi pour les demandeurs d’emploi de la catégorie A,
donc sans aucune activité, ont augmenté de 0,7%. Ils viennent calmer les
espoirs d’embellie du premier trimestre. Au premier trimestre 2015, le
taux de chômage diminue de 0,1 point par rapport au quatrième
trimestre 2014 pour s'établir à 10% en France métropolitaine. Outre-mer
compris, le taux de chômage atteint 10,3% de la population active. Un taux, là
aussi, en baisse de 0,1 point par rapport à fin 2014. Mais en avril le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté
de 26.200. Le gouvernement annonce 100.000 contrats aidés supplémentaires comme
à son habitude. La hausse plus importante que prévu de la croissance de
l’économie au premier trimestre (+0,6%) n’aura pas suffi à faire baisser le
chômage.
On nous rabâche que la croissance va résoudre le problème
du chômage avec un décalage de six mois au moins. Comme toujours c’est
repousser les résultats concrets devant nous, histoire de gagner du temps. Mais
la relance de l’économie européenne est suffisamment poussive pour que Mario
Draghi ait lancé 1.100 milliards dans les liquidités déversées sur la finance
européenne au rythme de 60 milliards par mois. Il y a donc bien un grand écart
entre le discours politique national et la réalité économique. Si le nombre de
demandeurs d’emplois augmente, on ne peut espérer un accroissement de la
consommation intérieure autre que marginal. Comme la moitié de notre
exportation est dans la zone euro, l’effet de la variation de l’euro par
rapport au dollar n’a aucune incidence. En ce qui concerne nos exportations
vers les USA, ces derniers n’ont qu’une croissance soutenue par une
augmentation de la dette et la consommation intérieure stagne. Le Fonds
monétaire international a d’ailleurs de nouveau réduit sa prévision de
croissance pour les États-Unis à 2,5 % en 2015 (contre 3,1 % prévus jusque-là)
et 3 % en 2016 (contre 3,1 %), en raison de la mauvaise performance économique
du premier trimestre.
Il convient d’analyser plus en détail l’évolution des statistiques du
chômage en France pour en tirer des indications sur le proche avenir. On
observe d’abord que nous retrouvons les taux de chômage atteints en 1996 mais
avec une population active nettement supérieure donc avec un nombre de
demandeurs d’emploi plus élevé. En conséquence nous absorbons difficilement l’accroissement
de la population, ce qui n’avait pas été le cas au début de ce siècle. L’évolution
par catégorie d’âge amène une vision pessimiste de l’avenir proche. En effet c’est
chez les plus de 50 ans (0,9% en avril et 8,7% en un an) et chez les jeunes de
moins de 25 ans (0,8% en avril et 2,2% en un an) que l’augmentation est la plus
forte alors que ce sont les principaux bénéficiaires des contrats aidés
(contrat de génération, contrat d’avenir entre autres).
Pour les jeunes la baisse du pourcentage est
inversée pour le deuxième mois, signifiant la fin de l’impact des emplois
aidés. En effet une fois les emplois dans le milieu administratif et associatif
pourvus, la demande du privé est liée à la croissance. La relance des emplois
aidés risque donc d’amener de piètres résultats faute de demande. Or l’augmentation
de la population est due principalement à la forte natalité dans la population
émigrée d’Afrique en particulier. Une génération de jeunes souvent peu
qualifiée arrive sur le marché et ne trouve pas d’emploi mais c’est elle qui fournit le potentiel de chômage
ou de travail le plus important pour l’avenir. En ce qui concerne les plus de
50 ans la situation est aussi préoccupante car le nombre de chômeurs à durées supérieures
à 1 an explose de façon spectaculaire (+138,9% depuis juin 2008). Ceci veut
dire pour eux une perspective de ne plus retrouver d’emploi qui se détériore de
plus en plus et la probabilité de ne plus pouvoir toucher d’indemnité de
chômage augmente. Les nouveaux plans de formation, la nouvelle « formation
qualifiante gratuite » pour les chômeurs de longue durée, et celle dite « nouvelle
carrière » destinée aux demandeurs ayant une longue expérience
professionnelle, visent un objectif qui ne peut être que de grappiller quelques
places dans les emplois non pourvus. Mais plus le chômage est de longue durée
plus le demandeur est vu d’une manière négative par l’employeur. Ceci est
encore plus vrai dans une période de faible croissance.
Avec
quasiment 6.000.000 de demandeurs d’emplois, toutes catégories
confondues, et un nombre croissant de demandeurs qui sortent des
statistiques
de pôle emploi, le nombre total de chômeurs à inactivité totale ou
partielle doit
être de l’ordre de 9 millions dont une partie non négligeable est
en-dessous du
minimum vital. En un an l’augmentation toutes catégories est de 6% en
France métropolitaine.
L’examen des causes d’arrivée à pôle emploi montre que la crise n’est
pas
dernière nous en matière d’embauche car le nombre d’arrivées pour
licenciement économique
ne cesse de croître. Autre signe inquiétant, c’est l’augmentation du
nombre de
première entrée à Pôle emploi. Si le nombre de défaillances
d’entreprises n’augmentait
pas en février 2015, il avait augmenté de 15% depuis 2012 et de plus de
50%
depuis 2002. Ajoutons que durant le premer trimestre 2015, le nombre de
créations d'entreprises a diminué de 4,6%, sauf dans les activités
financières et d'assurance, l'enseignement, la santé et l'information. Dans le secteur industriel la baisse est spectaculaire avec 14,9%. La France n’est pas en phase de ré-industrialisation, ce sont les
services qui comblent en partie les vides avec un apport bien moindre à l’exportation.
Pour
que des plans de formation soient utiles à l’économie,
Il
faut qu’ils permettent de diminuer le nombre d’emplois non pourvus
Et
que la demande des entreprises ait des perspectives encourageantes.
Jusqu’à
présent les plans de formation ont été des tonneaux de Danaïdes...
De l’argent
public dont l’efficacité n’est pas à la hauteur des résultats obtenus.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire