En ce qui concerne le flux
migratoire, si la première chose à faire est d’éviter de rajouter des causes à celles
plus ou moins endémiques par nos ingérences armées, il faut aussi les diminuer.
La tendance de l’invasion du sud vers le nord est lié à la disproportion de la
richesse disponible par habitant et de plus à l’aggravation continuelle de
cette disparité. L’économie africaine ne peut suivre la natalité qui est trois
ou quatre fois plus importante qu’en Europe. La richesse se concentre de plus dans
une très petite partie de la population. L’émigration est liée, à la
démographie, l’économie et la guerre sous toutes ses formes. Sur quoi
pouvons-nous agir ?
L’aide coopérative au lieu de l’ingérence des armes
Le cas du Mali est particulièrement
intéressant. Nous sommes arrivés là-bas avec nos armées pour sauver un
gouvernement incapable de repousser une guerre civile partie du nord pour une
revendication de territoire par les berbères, autrefois seigneurs du Mali et
désormais repoussés aux confins du Sahel. Leur communauté, devenue très
minoritaire par rapport à la poussée démographique des habitants de l’ouest, a
été écartée du pouvoir et c’est l’origine du conflit. L’arrivée des djihadistes
à leur côté est lié à une conjonction d’intérêts contre le gouvernement légal
mais ne va pas au-delà. Alors que nous traquons les djihadistes jusqu’à la
frontière de la Libye, le gouvernement malien coopère avec les djihadistes dans
l’intention de les retourner contre les berbères, véritables ennemis du
gouvernement. De toute évidence nous ne pouvons donner une issue définitive par
les armes à ce conflit dans un tel contexte. Par contre le gouvernement malien
ne tient que par notre présence dans un pays dont nous tenons en fait les rênes
sous une nouvelle forme de colonialisme. Cette attitude se retourne toujours
finalement contre nous, étrangers devenant indésirables et assassins. Pendant
ce temps le pays s’appauvrit, les actions terroristes continuent et l’émigration
en est une conséquence inévitable.
C’est donc une toute autre politique qui est
souhaitable. Le Mali doit trouver seul son équilibre et seule une issue avec un
régime fort garantit une certaine stabilité. Vouloir imposer notre vision de la
démocratie est une erreur mais nous avons un rôle à jouer, celui de médiateur
et de coopérateur. Le premier rôle intervient lors du chaos, première étape dans
la recherche de stabilité. Il se poursuit dans l’aide au régime établi pour
assurer cette stabilité. Les leçons de Lyautey au Maroc, qui a eu affaire avec
les Berbères d’ailleurs, devraient toujours nous inspirer. Notre rôle de
coopération a trois facettes. La première est l’aide à la mise en place d’une
administration structurée, compétente et solide et à la formation d’une élite
sous condition de retour au pays. Nous avons montré notre efficacité au Maghreb
sur ce point. La seconde est l’aide à la création des infrastructures
nécessaires à l’économie, en particulier à tout ce qui touche à l’énergie et à
l’eau (priorité à l’eau et à l’électricité pour tous), les infrastructures de
liaison routières, ferrées, fluviales et maritimes, ainsi que celles
nécessaires à la santé et à l’éducation. La troisième est la persuasion pour un
ralentissement de la démographie. En tant qu’intervenant sonnant et trébuchant,
nous aurions les moyens de persuader. Il doit être impératif que ceci soit mis
en œuvre pour bénéficier d’une aide ainsi.
Ce projet peut paraître trop
coûteux et ne donner qu’une aubaine pour ce pays sans résultat sur l’évolution
économique et humaine à long terme. L’expérience ancienne du Maroc est là pour
nous prouver que cela peut marcher. Ce pays est l’un des rares pays qui peut
résister à l’expansion de l’islamisme intégriste, retour aux sources du Coran,
et avec lequel nous pouvons établir des relations solides. Pour le coût il faut
d’abord diminuer notre présence militaire et cesser toute action d’ingérence
armée qui ne soit pas demandée par un gouvernement légal et ayant prouvé sa
stabilité. Nous avons fait l’inverse en Syrie. Par ailleurs nous pouvons non
seulement exécuter les travaux par des sociétés françaises, ce qui agira sur notre
chômage donc sur son coût, mais aussi prévoir une ponction sur les recettes
des équipements à l’instar des sociétés d’autoroute. La Chine envahit l’Afrique
par ce biais, ce faisant elle participe à la stabilité des pays africains. Nous
avons un énorme avantage sur ces pays, c’est que nous pouvons emprunter à taux
très bas pour des investissements beaucoup plus facilement rentables. C’est
donc une toute autre politique qu’il faudrait mettre en œuvre. Le principal
obstacle est la stratégie américaine qui privilégie le chaos et dont nous dépendons
mais je reviendrai plus globalement sur ce point de politique étrangère.
Sortie du traité de Schengen
Revenons donc sur l’immigration qui fait que
nous voyons arriver sans cesse des immigrés en transit ou en situation
irrégulière, et que nous constatons que petit à petit la présence d’une autre
civilisation se fait de plus en plus importante et petit à petit influe sur notre mode
de vie sans que nous l’ayons choisi. J’ai donné des pistes pour diminuer la
pression du flux d’émigration mais il est nécessaire d’en contrôler l’arrivée
dans notre pays. La libre circulation des hommes du traité de Schengen s’y
oppose. Les pays de l’UE ont perdu le droit de contrôle pour la plupart, alors
que le flux migratoire traverse l’UE avec des cibles privilégiées dues aux
facilités d’accueil et de travail différentes d’un pays à l’autre. Ce traité
devient un empêcheur et non un « faciliteur » pour l’équilibre
économique et sociétal des pays inclus dans le traité. Il est donc nécessaire d’en
sortir rapidement ou d’en amender sérieusement ses dispositions. Un véritable
contrôle aux frontières est nécessaire tant pour notre sécurité face à un
terrorisme islamique que pour accueillir décemment de nouveaux arrivants et
faciliter leur intégration. Le retrait de Schengen est d’ailleurs dans les
revendications actuelles du Royaume-Uni et Cameron en fait une condition de son
soutien au maintien dans l’UE auprès du peuple britannique pour le référendum à
ce sujet. Il est donc possible d’affirmer une volonté politique. Encore faut-il
qu’elle existe et qu’elle soit incluse dans une politique globale de l’immigration.
La politique de l’immigration a été
évoquée en trois volets, cessation de l’ingérence armée, aide coopérative et
retrait du traité de Schengen. Il reste à voir deux volets de cette nouvelle
politique. Le quatrième volet se rapporte aux conditions d’accueil sur notre
territoire, conditions jugées très favorables par les pays d’Afrique
francophone en particulier. Elles sont favorables par rapport à la législation
française qui permet facilement de séjourner et par les aides multiples qu’ont
peu y trouver. Il reste un cinquième volet qui traite de l’assimilation. C’est le
volet le plus difficile à traiter. Il concerne l’intégration des immigrés
vivant sur notre territoire et en particulier de ceux ayant acquis de droit ou
sur demande la nationalité française pour lesquels il s’agit même de les
assimiler. Nous en parlerons dans un prochain article pour aborder le volet de
la politique étrangère aux liens forts avec les flux migratoires et le monde
multipolaire en construction.
La politique sur l’immigration commence d’abord
Par un problème de robinet et de baignoire
Et l’ignorer ne ferait qu’aggraver
Les problèmes humains
Et ceux de société.
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF Languedoc-Roussillon
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