L’ingérence est devenue le comportement
normal des puissances économico-militaires occidentales. Elles n’ont qu’un chef
de file, les USA. Une hiérarchie subalterne des nations leur sert de projection
sur une ceinture du monde asiatique et particulièrement sur le couple
russo-chinois. Deux nations émergent sur le plan économique et financier. La
première est le Royaume-Uni, partenaire historique numéro un en tant qu’ancienne
puissance hégémonique mais toujours forte grâce à la puissance financière de la
City. La seconde est l’Allemagne, dont la réussite économique prédatrice en
fait un interlocuteur incontournable dans la stratégie, de couplage de l’Europe
aux Etats-Unis par de là l’Océan Atlantique, et de cohésion de l’Union
Européenne. L’Allemagne ouvre largement son territoire aux bases de l’OTAN et
aux moyens d’écoute. A ce propos les affaires d’espionnage de la NSA ont révélé
que, grâce aux moyens financiers énormes consacrés à cette activité et la
puissance des moyens modernes d’écoute, les USA ne cessent d’espionner tous leurs
amis mais récoltent l’espionnage de l’Allemagne sur les autres pays dont la France.
Tout le monde écoute tout le monde mais il y a des canaux privilégiés de
remontée des informations vers les USA.
La
position de la France est particulière et tient à son droit de véto au Conseil
de sécurité, à sa force de frappe nucléaire et à son expérience militaire sur les
théâtres d’opération d’Afrique et d’Asie. Elle a perdu la représentation de l’Europe
continentale au profit de l’Allemagne mais reste un grand pays plus
consommateur que producteur concurrent, sauf dans des domaines de pointe,
aérospatial, aéronautique, et nucléaire. Ré-incluse dans l’OTAN, la France n’accueille
pas encore ses bases sur son territoire. Viennent derrière la France, vassal
gardant un droit de parole, les pays qui sont soumis à l’ingérence des bases
américaines, pardon de l’OTAN, comme l’Espagne, l’Italie, la Grèce, et plus
récemment tous les pays européens entourant la Russie (pays Baltes, Pologne,
Roumanie, Bulgarie). On ne doit pas oublier Israël dont l’influence est
prépondérante sur les Etats-Unis, dotée de la puissance nucléaire et qui est la
grande puissance du Levant. A l’est de l’Asie, le Japon, la Corée du sud et les
Philippines entre autres, ouverts à la présence américaine, complètent le dispositif
du monde unipolaire devant régler les affaires du globe.
Ce
monde occidental, sous la coupe de la puissance économico-militaire des USA et
du dollar, nourrit sa spéculation bancaire de liquidités énormes déversées par
les banques centrales, la Fed et récemment la BCE. Mais cette addiction assujettit
les pays européens à des opérations de maîtrise du monde hégémonique américain.
Elle les assujettit à la pratique de l’ingérence dans tout pays présentant des
intérêts économiques et (ou) présentant des résistances à la soumission exigée.
Le premier sur la liste a été la Yougoslavie dont le dépeçage a été réalisé
mais pas la stabilité. C’est ainsi que se déroule la stratégie de la « ceinture
verte musulmane » qui court du Moyen-Orient à l’Afghanistan, un glacis en
mesure d’enrayer l’expansion des empires eurasiens, russo-soviétique et
chinois, et donc de préserver l’hégémonie euro-américaine. Depuis la chute de L’URSS
en 1991, l’Amérique avance ses pions afin de prendre le contrôle du monde arabe
et du monde musulman, de ses ressources, notamment en gaz et en pétrole, et pousse
vers le nord ses avant-postes stratégiques afin d’étrangler les deux Grands de
l’Eurasie.
Depuis
le démantèlement de l’URSS, nous sommes entrés dans un monde de malheur et d’injustice
avec les interventions armées dans la Yougoslavie, l’Irak, l’Afghanistan, le
Soudan, la Somalie, le Liban, la Libye, le Yémen et bien sûr la Syrie… sans
oublier l’Ukraine où les armes, les conseillers militaires et les services
secrets sont à l’œuvre. Comme le fut l’hégémonie britannique à la fin du 19ème
siècle et au début du 2[CT1] 0ème,
l’hégémonie américaine demande la maîtrise des mers, de toutes les mers. L’affaire
ukrainienne a permis de rentrer dans la Mer Noire et l’agitation de la Chine
dans ses îles frontalières avec une puissance maritime croissante justifie la
présence américaine au plus proche des frontières de ce pays.
Nous
avons vécu une période où les principes du droit international (la
souveraineté, la non- ingérence, l’obligation de négocier, le droit à
l’autodétermination, le droit des peuples à décider librement de leur régime
politique…), mais plus généralement la légalité, les usages et coutumes de la
vie diplomatique, le respect des diversités ont été si malmenés au nom de la «
communauté internationale » et des Etats qui prétendent l’incarner, qu’il
serait fastidieux de dresser la liste des méfaits de l’unipolarisme américain,
toujours drapé dans de nobles principes systématiquement bafoués par lui. Quand
les principes reconnus ne permettent plus de justifier l’injustifiable, on
tentera d’en imposer de nouveaux, en les présentant comme avalisés alors qu’ils
ne le sont pas. C’est ainsi que le droit d’ingérence humanitaire vise
soi-disant à protéger les populations civiles en détresse. Rebaptisé «
responsabilité de protéger », il est le cheval de bataille des professionnels
de l’ingérence qui entendent l’utiliser pour remplacer les pouvoirs existants
par des régimes plus obéissants. C’est ce qui s’est passé en Libye pour obtenir
une autorisation de l’ONU dont on a ensuite allègrement transgressé les limites
d’action.
Depuis
cette guerre en Libye, la prise de conscience de la Russie, de la Chine et des
pays émergents a changé la donne. Les tentatives de déstabilisation de la Syrie
et de l’Ukraine ont trouvé une Russie déterminée à ne pas en être que le
spectateur. La Russie et la Chine sont passées d’un climat de méfiance à celui
de la coopération. Le rejet de la Russie par l’UE et les USA hors du G8 et les
sanctions prises contre elle ont changé les perspectives européennes de
développement. Celui de l’Asie, des routes de la soie terrestre et maritime qui
sont l’objet des grands projets dans une Asie en pleine évolution de peuplement
avec la création d’une banque asiatique concurrente de la Banque mondiale. Les
liens ne cessent de se renforcer par ailleurs avec les BRICS (Brésil, Russie, Inde,
Chine et Afrique du Sud) qui étendent sans cesse leurs accords avec d’autres
pays comme l’Argentine, le Venezuela… et l’Iran. La coopération militaire
russo-chinoise et le renforcement des moyens donnent une nouvelle force de dissuasion
à ce monde où le yuan est en train d’émerger contre le dollar.
Le
joug de l’unipolarisme américain est en train de glisser à terre. Nous rentrons
donc dans une période d’extrême tension dont le malheur d’une guerre totale n’est
pas exclu. Mais on ne peut envisager un monde où l’étouffement du bloc
Russie-Chine serait réussi. Les USA règneraient sans partage sur le monde et le
façonneraient à leur avantage, pillant et neutralisant les dernières nations
récalcitrantes. Un monde de bagne et de servage serait le décor des générations
futures, corvéables et moutonnières. Même avec les risques des armes de
destruction massive, il nous faut saluer la montée d’un monde multipolaire et
relire la fable de La Fontaine, « Le loup et le chien ».
La France, née dans les guerres de
duchés et de religions,
La France qui a combattu et chassé ses
envahisseurs,
Doit cesser d’assister une nation
hégémonique
Dans l’ingérence et la domination
étrangère.
Son sang a assez coulé pour qu’elle cesse
De faire couler celui des autres !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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