Le précédent
article a montré que l’arrêt des réacteurs nucléaires n’était nullement
justifié par des raisons techniques ou de sûreté. Ce n’est pas une raison pour ne pas
parler de Fukushima. La centrale comporte 6 réacteurs de type à eau bouillante
(BWR. les trois réacteurs endommagés dans l'accident sont les N°1, 2 et 3. Les
trois autres unités étaient arrêtées, mais le réacteur N°4 en raison de son
voisinage avec le N°3 a été impliqué dans un accident secondaire lié à sa piscine
d'entreposage.
La
catastrophe de Fukushima a été provoquée par un séisme déclenchant un tsunami
sur une installation insuffisamment protégée par la hauteur de sa digue. C’est
la vague du tsunami et la perte d’électricité due au séisme de magnitude 8,9 et
non l’effet direct du séisme sur les réacteurs qui a provoqué l’impossibilité
de refroidir correctement ceux-ci. D’ailleurs les réacteurs 5 et 6 de la
centrale, situés un peu plus haut, ont résisté. Située au nord du Japon, la centrale nucléaire
d’Onagawa, la plus proche de l'épicentre du tremblement de terre et soumise à
des secousses encore plus violentes, n'a pas subi de dommages majeurs car
conçue avec des marges de sécurité suffisantes. Ce fut le cas aussi d’une autre
centrale dont l’un des bâtiments de réacteur a même été inondé. Si les pertes
en vies humaines dues à la radioactivité seront probablement minimes, les
conséquences sont lourdes pour la société avec 600km2 contaminés (13.000 à
Tchernobyl) d’où l’évacuation de populations et pour l'économie japonaise.
Ce séisme a cependant permis de
vérifier que les réacteurs conçus avec des marges de sécurité sismique sont
sûrs et rend caduque l’argument selon lequel les réacteurs français doivent
être arrêtés sous ce prétexte de risque, argument d’autant plus improbable que
l’activité sismique en France est plus faible qu’au Japon et que nous n’avons
jamais eu de tsunami. Quant aux conséquences de Fukushima sur l’homme,
rappelons seulement que le tsunami a tué près de 30.000 personnes sur les côtes
japonaises.
Si l’on veut arrêter des réacteurs
nucléaires ce ne peut être que pour des raisons économiques donc pour un coût
de l’électricité nucléaire devenu prohibitif par rapport aux autres sources d’énergie
ou pour, soit des pollutions de l’environnement, soit d’indépendance
énergétique. La diminution du CO2 n’est sûrement pas atteinte avec les
coûteuses énergies éoliennes et solaires étroitement associées au gaz et au
charbon, qu’il faudra acheter de nouveau massivement à l’étranger, à cause de l’intermittence
de leur production. Pour ce qui est de l’indépendance énergétique, ces énergies
sont tributaires des « terres rares » nécessaires à leur construction,
minerais très majoritairement extraits du sol en Chine.
Pour l’uranium, nous disposons de
réserves stratégiques dans le sol français même s’il est moins coûteux de le
faire venir des mines dans lesquelles nous avons des participations dans tous
les coins du monde dont le Niger, la Namibie, le Canada, les États-Unis, l’Australie,
le Kazakhstan. Les sources d’approvisionnement sont suffisamment diversifiées
pour assurer l’alimentation des réacteurs en cas de crise internationale. Toute
la chaîne de traitement du minerai, d’enrichissement, de fabrication des
combustibles et de retraitement des combustibles usés est située sur le territoire
national.
Les déchets nucléaires sont réduits,
après la récupération de l’uranium et du plutonium, à de petites quantités
annuelles de nucléides à vie longue qu’il faut stocker par enfouissement dans
des conditions de non pollution de l’environnement ou par transmutation dans
des réacteurs dédiés. On peut faire confiance aux scientifiques qui travaillent
sur le sujet avec un centre de stockage expérimental en profondeur. Des solutions
sûres existent.
Abordons la raison économique du
coût. Rappelons d’abord que l’énergie nucléaire contribue positivement pour 30
milliards d’euros à la balance commerciale de la France. Il faut y ajouter les
20 à 30 milliards d’euros d’économie d’achat de gaz ou de charbon qu’il
faudrait importer pour remplacer la production d’électricité nucléaire. La
facture énergétique est d’environ 60 Mds€/an et le déficit commercial de la
France de 70 Mds€/an. Par ailleurs c’est 400.000 emplois directs et induits, le
plus souvent de haut niveau, qui sont liés à la construction de réacteurs, à la
production électrique, et aux services du cycle du combustible.
Le surcoût des énergies renouvelables
varie de 2 à 10 suivant le type d’énergie et elles ne peuvent s’implanter que
grâce à des subventions et à la taxe que l’on a glissé dans notre facture
électrique. Les deux exemples qui montrent l’ampleur des efforts nationaux pour
ces énergies sont ceux de l’Espagne et de l’Allemagne. Par suite de ses choix
énergétiques, l’Allemagne a arrêté 8 réacteurs sur 17 et augmenté sa
consommation de charbon de 13% durant les quatre dernières années. Elle importe
en grande quantité du charbon des États-Unis pour produire plus de la moitié de
son électricité (55%) et du gaz de Russie. Malgré des sommes gigantesques
englouties dans son « virage énergétique » (Energiewende) pour
favoriser les éoliennes et les panneaux photovoltaïques, les énergies fossiles
(charbon, pétrole et gaz) assurent toujours 80% de l’énergie primaire consommée
dans ce pays, alors que 16% de sa production d’électricité est toujours assurée
par le nucléaire. Quant à l’Espagne elle a engagé 500Mds€ dans ces énergies et
réduit désormais drastiquement ses subventions dans son plan d’austérité.
Le dernier argument des Verts,
concernant l’apport de savoir-faire que peut apporter le démantèlement de
Fessenheim, n’a pas plus de valeur car la France possède déjà une solide
expérience dans ce domaine depuis plus de dix ans. En 2001, EDF a fait le choix
de déconstruire intégralement ses neuf réacteurs définitivement mis à l’arrêt :
Brennilis, Bugey 1, Chinon A1, A2 et A3, Chooz A, Creys-Malville et
Saint-Laurent A1 et A2. Cet engagement a été inscrit le 21 octobre 2005 dans le
contrat de service public signé avec l’État.
Les énergies renouvelables sont
actuellement plus coûteuses que le nucléaire, augmentent la dépendance aux
énergies fossiles (charbon, gaz, fuel) et participent de ce fait à l’augmentation
du CO2, élément soi-disant cause du réchauffement climatique. Faut-il pour des
raisons de peur irraisonnée, de principe de précaution, arrêter Fessenheim ?
Faut-il même continuer à subventionner les énergies renouvelables, subventions
auxquelles poussent tous les lobbies qui gravitent autour de Bruxelles ?
Faut-il continuer à exhiber notre peur du nucléaire lorsque l’on propose la
vente de nos réacteurs à l’étranger ? Faut-il rester dans la demi-mesure du "un peu mais pas tout" ?
François Hollande aurait-il répondu
en repoussant l’arrêt de Fessenheim à 2019 alors qu’il ne sera peut-être
plus aux commandes ? Est-ce parce qu’arrêter Fessenheim coûterait 2
milliards d’impôts supplémentaires par an selon la Commission de régulation de
l’énergie ? Aurait-il le courage d’arrêter
nos dépenses inutiles en matière énergétique en écoutant les pays qui ont fait
le choix des énergies renouvelables ? Écoutons plutôt le
Vice-Chancelier allemand :
« La
transition énergétique est une folie »
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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