La lourde condamnation d’Anne-Sophie Leclère, ex-tête
de liste FN au municipales à Rethel (dans les Ardennes) amène le citoyen à se
poser la question de la justesse de la peine prononcée par rapport à la faute
commise. Dans l’appréciation justesse, il y a la notion de justice, ce pouvoir
donné aux magistrats de punir en toute indépendance de jugement. L’indépendance
des magistrats par rapport au pouvoir exécutif est déjà sujette à interrogation
puisque sur proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature, c’est l’État
qui les nomme et les rétribue. D’ailleurs le Gouvernement envisage une réforme
de la composition du CSM, mais le projet de loi constitutionnelle portant
réforme du Conseil supérieur de la magistrature a été suspendu en juillet 2013.
Le parquet désigne l’organisation, au niveau du
tribunal de grande instance, de l’ensemble des magistrats du ministère
public qui sont chargés de requérir l’application de la loi et de conduire
l’action pénale au nom des intérêts de la société dont les Procureurs de la
République font partie. L’Etat y est donc bien présent. Mais on peut aussi se
poser la question de l’indépendance des magistrats par rapport aux partis
politiques.
Anne-Sophie Leclère a été condamnée ce 15 juillet
par le tribunal de grande instance de Cayenne, en Guyane, à 9 mois de prison
ferme, 5 ans d'inéligibilité et 50 000 € d'amende pour avoir comparé Christiane
Taubira, à un singe. Le tribunal avait été saisi d'une plainte du mouvement
guyanais Walwari, le parti fondé par la garde des Sceaux, qui visait à
"dénoncer le fond idéologique d'extrême droite du parti de Marine Le
Pen".
La condamnation d’Anne-Sophie Leclère est allée
au-delà des réquisitions du procureur. Lors du procès, mardi dernier, 15
juillet, Ivan Auriel avait demandé quatre mois de prison ferme et 5 000 euros
d'amende au tribunal de grande instance de Cayenne. La triple peine prononcée
est particulièrement lourde. L’accusée fait savoir qu’aucun avocat guyanais n’a
voulu la défendre et qu’elle n’a pas les moyens de se rendre en Guyane. On
comprend pourquoi, sans véritable défense, la peine a été maximale, à la
hauteur des condamnations pour meurtre.
Il ne s’agit pas d’absoudre cette femme qui a fait
preuve de légèreté et d’inconscience quand on se présente à une élection devant
le peuple. Il s’agit seulement de noter que le soupçon d’un jugement partial,
dû aux circonstances, la lutte tous azimuts contre tout ce qui peut s’apparenter
de près ou de loin à du racisme et la personnalité de la personne humiliée, n’est
pas totalement exclu. En effet les magistrats, dont la plus grande part est
affiliée au Syndicat de la Magistrature, ont une tendance politique à gauche
très marquée qui leur a valu le nom de magistrature rouge.
L’affaire du « Mur des cons » en a été une
démonstration visuelle. Françoise Martres, la présidente du Syndicat de la
magistrature (SM), a été mise en examen le 17 février pour « injures
publiques » par la doyenne des juges, Sylvia Zimmermann, dans l'affaire du
« mur des cons », ce panneau de photos de personnalités affiché dans le local
privé de ce syndicat. Françoise Martres est mise en examen en sa qualité
présumée d'« éditrice » de l'affichage, indique le communiqué publié sur le
site du syndicat. Créé en 1968, le Syndicat de la magistrature représente 1/3
des magistrats de l’ordre judiciaire. Proche de la gauche, il a appelé en 2012
à voter contre Nicolas Sarkozy. C’est la garde des Sceaux, Christiane Taubira,
qui a ouvert son 46e Congrès en novembre.
Sur
ce mur, des dizaines de photos de personnalités pour la quasi-totalité classées
à droite de l'échiquier politique.
Nicolas Sarkozy, au premier chef, mais aussi, Eric Woerth, Edouard Balladur,
Nadine Morano, François Baroin, Luc Chatel, Michèle Alliot-Marie, Luc Ferry,
Eric Besson, Christian Jacob, ou encore Patrick Balkany y figurent en bonne
place. Certains sont marqués d'un signe supplémentaire "d'infamie" :
un autocollant du Front National. Le portrait de l'ancien ministre de
l'Intérieur Brice Hortefeux est souligné d'une mention particulièrement
injurieuse : "L'homme de Vichy".
Mais il n'y a pas que des politiques. Certains intellectuels
comme Jacques Attali, Alain Minc, Guy Sorman, ou encore Alexandre Adler sont
mis au pilori syndical. Les journalistes ne sont pas en reste.
Eric Zemmour est placardé, bien sûr, mais il y aussi deux patrons de presse,
l'ancien directeur du Figaro Etienne Mougeotte, et l'ancien patron de TF1,
Patrick Le Lay ; l'éditorialiste du Figaro Yves Thréard, la journaliste
Béatrice Schoenberg (épouse à la ville de Jean-Louis Borloo) ou encore le
présentateur David Pujadas. Il s’agissait d’une véritable chasse à l’homme, de
politiques condamnés pour certains mais d’autres dont on peut se demander ce
qui les attend s’ils ont affaire à ces magistrats.
Il ne s’agit pas de mettre tous les magistrats dans
le même sac mais, pour un grand nombre d’entre eux, ils ne sont pas dans des
dispositions intellectuelles qui leur permettent d’être impartiaux dans des
procès où la politique est présente. Le piteux cas d’Anne-Sophie Leclère, par l’outrance
du jugement, va permettre au public de prendre la juste mesure d’une justice
qui n’est plus la même pour tous, justice poussée par le gouvernement à la
clémence sur la délinquance, même jusqu’au meurtre, mais impitoyable sur une
publication à caractère raciste... au nom de la loi !
La
justice est ce qui est établi ; et ainsi toutes nos lois établies
Seront
nécessairement tenues pour justes
Sans
être examinées, puisqu'elles sont établies.
Pensées de Blaise Pascal
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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