Nous
avons pu constater dans l’article précédent que les pays qui marchent bien sont
les pays n’ayant pas l’euro comme la Suède, le Danemark, et comme la Norvège et
la Suisse qui ne sont pas dans l’UE. Quant aux pays de l’est et du nord
nouvellement admis dans l’UE, ils sont partis de très bas en niveau de vie et
la plupart bénéficient à plein de l’appartenance à l’euro et à l’UE. Ils sont
en phase de rattrapage et donc portés par l’UE et leur ouverture à une économie
libérale. Malheureusement on s’aperçoit que ce n’est qu’un transvasement de
richesses car l’UE dans son ensemble régresse dans l’économie mondiale.
La politique,
menée pendant deux ans et acceptée, de l’austérité à l’Allemande, l’accroissement
de la pression fiscale, le gel des retraites et des salaires des fonctionnaires
tout en accroissant leur nombre, le sauvetage par l’État des entreprises en
difficulté, les emplois aidés, n’ont pas mis la France sur une trajectoire qui
lui permette même de faire partie de la moyenne des pays de l’UE avec un décalage
négatif de près de 1%. Mais depuis 2002, le choix de l’euro s’est-il avéré
globalement positif pour la zone euro et la France en particulier ?
Le graphique
ci-contre est identique à celui présenté dans le précédent article mais cette
fois on s’intéresse à la période 2002-2013. Tout est présenté par rapport aux
chiffres de l’UE choisie comme base soit un PIB/habitant 2013 pris égal à 100
et son évolution à 0%. A titre de comparaison visuelle, les Etats-Unis et le
Japon ont été figurés.
On
peut distinguer trois groupes principaux. Le groupe supérieur contient toujours
les trois pays, Luxembourg, Norvège et Suisse. Le cas du Luxembourg est très
particulier parce qu’il s’agit d’un pays essentiellement bancaire et paradis
fiscal par-dessus le marché… c’est pourquoi on a mis Junker à la tête de la
Commission européenne ! La Suisse n’est pas seulement célèbre par ses
banques mais c’est un véritable pays industriel. Ces trois pays ont largement
progressé dans la période 2002-2013.
Parmi
les pays à fort PIB/habitant on retrouve l’Autriche, la Suède mais surtout l’Allemagne
qui s’avère la grande bénéficiaire (hors Luxembourg) des pays fondateurs
présents en 2002 dans l’UE à l’inverse du Danemark, de la Finlande, des Pays-Bas,
de la Belgique, de l’Irlande, de l’Islande, du Royaume-Uni… et de la France (portée
en rouge). A ces pays déficitaires il faut ajouter ceux dont le PIB/habitant
est inférieur à celui de l’UE, à savoir Slovénie, Chypre, Espagne, Portugal,
Italie et Grèce. Dans les pays à faible PIB/Habitant et bénéficiaires on trouve
Malte et la république Tchèque.
Dans
ce groupe parmi les grands pays européens c’est évidemment l’Allemagne qui s’avère
être la grande bénéficiaire depuis 2002 et qui a effacé la crise de 2008-2009
alors que le Royaume-Uni, la France, l’Italie et l’Espagne ont reculé par rapport à elle. Il est notable que la
zone euro est en recul par rapport à l’ensemble de l’UE et n’offre donc pas une
sécurité supplémentaire.
On
retrouve, comme dans l’analyse précédente sur 2001-2013, un troisième groupe
des PIB/Habitant très faibles mais qui ont profité à plein de cette période. C’est
le cas aussi de la Macédoine qui ne fait pas partie de l’UE. Ils ont surtout
profité de l’ouverture de leur pays sur la libéralisation des échanges en étant
ou non dans l’UE. Ces pays sont exploités pour le faible coût de leur main-d’œuvre
et sont tous dans une zone d’influence de l’Allemagne. Nous les laisserons donc
de côté dans l’analyse suivante.
Nous allons regarder
le second groupe qui représente les 19 pays représentatifs de l’Europe pouvant
être raisonnablement comparés entre eux depuis 2002. Avant cela il est
intéressant de voir que le Japon est comparable à la zone euro par ses résultats,
et que les États-Unis sont bien en régression par rapport à 2002 mais repartent.
On
voit que l’on a des pays qui ont progressé depuis 2002 et conservent une
dynamique de progression Allemagne, Malte, la Suède, et la Suisse et la Norvège qui ne
font pas partie de l’UE. L’Autriche marque le pas. Dans
ceux qui ont progressé depuis 2002 mais régressent depuis 2011, on trouve le Luxembourg,
la République Tchèque, et la Slovénie mais qui n’a pas globalement progressé
depuis 2002.
Deux
pays le Royaume-Uni et l’Islande forment le groupe des pays en dynamique
positive depuis 2011 mais ayant subi une régression importante auparavant. On
sait que la Politique de Cameron porte ses fruits et que l’Islande a refusé l’euro,
annulé sa dette et mis dehors les banquiers et les politiques. Le Danemark
marque le pas entre 2011 et 2013 mais a globalement régressé.
Ceux
qui n’ont pas globalement progressé et qui continuent à s’enfoncer depuis 2011
sont les pays du sud, dont la France, auxquels il faut ajouter la Belgique, les
Pays-Bas et l’Irlande. Chypre et la Grèce s’enfoncent à grande vitesse et on
voit que la troïka (FMI, BCE, UE) a administré un remède de cheval qui est en
train de tuer les malades. Mais l’inquiétude grandit pour l’Italie et le Portugal
dont le PIB/Habitant continue à se détériorer depuis 2002.
Trois
pays sont à peu près dans le même cas de figure : la Belgique, l’Espagne et
la France qui augmentent leur retard sur l’UE et la zone euro. Nous retrouver
comme l’Espagne, même si nous n’avons pas encore son taux de chômage, n’est pas
de bon augure. On ne se réjouit pas d’y aller moins vite que l’Italie quand on
fait partie de la même cordée qui dévisse. L’Italie a changé radicalement de
politique récemment. Ce n’est pas le cas des « mesurettes »
françaises en laissant filer la dette, et de la politique étatique que propose
Arnaud Montebourg.
Notre
PIB/Habitant s’est détérioré au rythme moyen de 0,6% par an avec au milieu la
crise de 2008-2009. Nous restons pendant ces deux ans sur une détérioration de
0,46% annuelle. La politique menée se traduit par un recul et une augmentation
du chômage alors que nous disposons encore d’atouts considérables. Nous sommes
dans une situation qui risque de nous mettre dans les pattes de la troïka et l’on
voit ce qu’elle a fait en Grèce et à Chypre. Notons que l’Espagne a fermement
refusé une aide liée à une mise sous tutelle, elle est en meilleure posture en
2014.
Nous
conclurons prochainement cette série d’articles avec un regard sur ce qui nous
différencie des autres pays qui réussissent, sur l’intérêt de la France à
rester dans l’Euro et sur celui de l’UE face à la mondialisation.
Non, la France n’est pas le seul pays
malade de l’Europe
Mais elle fait partie de ceux que l’euromark
étouffe
Et qui n’ont pas le courage de soulever
l’oreiller !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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