On
se rappelle que, voici un mois, Nicolas Sarkozy, invité au « Swiss Economic Forum »
d'Interlaken, avait eu le culot d'aller dire à nos amis suisses que leur système
politique est « inefficace, désuet »
et qu'ils devraient adhérer dare-dare à l'Union européenne. Ce qui lui avait
valu de se faire vertement remettre à sa place par Adolf Ogi, ancien président
de la Confédération helvétique. Les graphiques ci-contre montrent clairement
que la Suisse est en tête dans les trois domaines de réussite les plus
importants, la croissance, le chômage et le pouvoir d’achat. Il ne faut pas
manquer d’impudence pour oser ces propos quand on a augmenté la dette de 600
milliards d’euros et le chômage de 8% à 9,4% durant son mandat !
Il
serait peut-être temps de se poser la question du pourquoi de ce constat. La
comparaison avec la France, Outremer compris, n’est pas plus flatteuse pour nous
avec un pouvoir d’achat de 65% inférieur et un chômage de près de quatre fois
supérieur. Nos propos jaloux et condescendants sur ces malades de la votation d’un
pays où la vie est chère ne changent rien à l’affaire. La Suisse va de l’avant,
les investissements étrangers y progressent plus qu’ailleurs et le chômage
vient d’y tomber à 2,9% en mars 2014. C’est le record d’Europe. Pourquoi la
Suisse adhèrerait-elle à l’UE de son plein gré ?
La carte du taux de
chômage dans l’UE ci-dessous est de plus très explicite. Vu sa situation géographique, la
Suisse devrait faire partie de l’Europe malade, comme l’Italie et nous. Alors ?
Certains osent avancer l’argument de la petitesse du pays. Comme s’il suffisait
d’être petit pour réussir. Pas de chance pour la Chine qui a une croissance de
7,7% et un chômage de 4,1%. Le pouvoir d’achat y est encore bas mais comparable
à celui des régions du nord de la Bulgarie. Les chinoises se pressent de plus
en plus dans la boutique parisienne d’Hermès et une classe moyenne se développe
dans les villes.
Pourtant
de nombreux pays relativement petits ou peu peuplés réussissent, discrètement
et efficacement. C’est le cas de la Norvège qui a aussi un haut pouvoir d’achat
comme la Suisse, et même de l’Islande. En Asie on peut citer la Corée du Sud et
Singapour. La petite taille d’un pays a tout-de-même un atout, c’est de
rapprocher les citoyens des centres de pouvoir. La Suisse qui pratique un stade
avancé de la démocratie participative réussit à réaliser la proximité des
citoyens et du pouvoir, malgré une population parlant quatre langues
différentes. On peut remarquer aussi que son territoire est bien délimité par
des frontières naturelles qui lui ont permis de traverser l’histoire récente en
gardant son unité.
La
Suisse prouve qu’il n’est pas nécessaire de faire partie d’un grand ensemble
comme l’UE pour réussir mais que la démocratie et le respect de frontières
naturelles sont des facteurs de cohésion et de dynamisme. Toutes choses qui
sont à l’inverse de l’expansion de l’UE vers l’Europe de l’est et même l’Asie
(Turquie) d’une part et l’engloutissement dans un grand marché transatlantique.
L’Allemagne domine l’Europe mais l’appauvrissement des pays autour d’elle
commence à réduire son expansion économique. En dehors d’elle les pays qui
réussissent le mieux sont ceux qui n’ont pas pris l’euro (Suède, Danemark, Royaume-Uni…
voir les graphiques montrant que la zone euro a de moins bons résultats que l’UE)
et surtout ceux qui ne sont pas dans l’UE (Norvège et Suisse).
Alors
la France considère-t-elle la zone euro comme une bouée de sauvetage ou
va-t-elle enfin se décider à faire respecter ses frontières, à pratiquer une
vraie démocratie et à garder la maîtrise de sa monnaie pour redevenir une
puissance indépendante, forte et respectée ? Va-t-elle enfin changer les
dirigeants qui la mènent à reculons depuis quarante ans ? Va-t-elle avoir
le courage de renier la vassalité à Washington et à Berlin ? La pensée
unique va-t-elle enfin mettre une sourdine ? C’est autant de questions
auxquelles le temps donne chaque jour plus d’acuité. La route prise ne conduit en
effet qu’à l’impasse, au démembrement du pays avec le risque d’une explosion
sociale de lutte des classes, avant celle culturelle, et à l’asservissement et
l’appauvrissement de notre peuple.
On ne peut être heureux longtemps en
refusant de voir
La réalité des dégâts dus à des mauvais
choix.
Il ne suffit pas d’œillères mises au
peuple
Pour lui masquer les obstacles.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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