mercredi 2 juillet 2014

Après l’Ukraine, la destruction de la concurrence bancaire



Décidément l’impérialisme américain fait feu de tout bois. Après avoir mis la Syrie à feu et à sang, avoir créé un état de guerre civile dans une Ukraine piégée dans le giron euro-atlantique, avoir désigné la Russie comme le nouveau Satan et même avoir une attitude ambiguë de laisser-faire sur une nouvelle guerre civile en Irak, les USA n’hésitent pas à s’en prendre à la concurrence bancaire installée dans leur pays. BNP Paribas vient de négocier une amende de 9 Mds$ à payer aux USA. Le chiffre est énorme et du jamais vu dans ce genre d’affaires. En effet la filiale américaine de la BNP ne fait que 2Mds€ de chiffres d’affaires, ce qui veut dire au plus quelques centaines de millions de bénéfice.

On pourrait croire que cette filiale n’a pas respecté les lois nationales américaines, ce qui justifierait au moins la sanction, même si l’amende parait dans ce cas disproportionnée. Il n’en est probablement rien, car aucune information n’a filtré sur un quelconque manque de respect de ces lois par cette filiale. Si donc respect des lois américaines il y a, la procédure de sanction devient totalement illégitime au regard du droit, les lois d’un pays ne pouvant simplement pas s’appliquer sur les entreprises d’un autre pays. 

Non, on touche au procédé machiavélique d’un état dont l’impérialisme lui donne le droit de gérer l’intégrité des territoires et des économies dans une grande partie du monde. BNP Paribas est sanctionnée pour avoir effectué des transactions en dollars pour des clients en Iran, au Soudan et à Cuba. La ficelle est grosse. Les USA de par leur force militaire et économique, leur impact sur l’ONU et sur ses vassaux, imposent plus ou moins des boycotts au gré de raisons réelles ou bidon. Le boycott est maintenu le temps d’handicaper les entreprises étrangères qui doivent se plier au respect de celui-ci sous menace de sanctions dans le cas contraire. C’est donc ce qui arrive à BNP Paribas. Lorsque le mal est fait sur les entreprises d’Etats concurrents, les USA desserrent l’étau, comme cela est en train de se passer en Iran… pour ce qui concerne les transactions américaines d’abord, le temps de bien se réimplanter économiquement dans ce pays. 

Malheureusement, ce n'est pas la première fois que les États-Unis prétendent faire leur loi, sans pour autant réellement le mériter. C'est ainsi que parce que General Motors avait pris à peine 7% du capital de PSA elle avait imposé à notre constructeur de ne plus vendre de voitures en Iran, pourtant un de ses premiers marchés, où elle avait écoulé plus de 450 000 véhicules sur la seule année de 2011. On peut lire ceci dans les médias : « Si GM, avec à peine 7% du capital de PSA, peut demander au constructeur français, qui ne vend pas une voiture aux États-Unis (et qui est donc protégé de toute menace sur son activité) d'abandonner la vente de 15% de sa production et que nous nous exécutons, alors qu'après, les constructeurs étasuniens se mettent en position pour récupérer le marché, le tout sans que les médias ne s'emparent vraiment du sujet, cela révèle une docilité incroyable qui encourage leurs abus. » 

Après la sanction pour non-respect du boycott, on voit là une autre méthode de la pratique de l’impérialisme. Il s’agit de phagocyter des entreprises étrangères pouvant faire concurrence ou d’y prendre des participations même minoritaires. Ce faisant on peut bloquer à son gré la concurrence. On peut d’ailleurs penser que la prise de contrôle de GE sur Alstom n’est pas exempte d’application de cette stratégie économique. De cas en cas l’impérialisme progresse dans la mise sous tutelle de l’économie occidentale, le Traité Transatlantique n’étant que la traduction de l’inertie de l’Europe dont le leadership est allemand et le nouveau président de la Commission Européenne est un agent de la CIA, introduit au plus profond de la structure technocratique européenne. 

Il faut tout-de-même rappeler que dans le cas de la BNP, celle-ci a son siège social en France. Et même si on regarde plus largement, son actionnariat, dont on trouve le détail dans son rapport annuel, est principalement européen. Son activité aux États-Unis ne représentent que 10% sur un Produit Net Bancaire de 24,9Mds€. Même Christian Noyer, qui se place en défenseur des banques françaises, a pris la défense de BNP Paribas en assurant que « toutes les transactions incriminées étaient conformes aux règles, lois, réglementations, aux niveaux européen et français ». Il n'y a, selon lui, « aucune contravention à ces règles, ni d'ailleurs aux règles édictées par les Nations unies ». Il s’agit donc purement et simplement d’un racket étasunien, le casse du siècle. Si BNP négocie c’est pour ne pas se trouver en blocage de ses activités bancaires dans l’économie pétrolière où les États-Unis tiennent les rênes.

Tous ces épisodes devraient amener notre pays (qui n’aurait jamais dû réintégrer le commandement militaire de l’OTAN) à signifier clairement aux États-Unis que nous n’acceptons plus de tels comportements, en les frappant là où cela les touche, à savoir l’argent. Les propos de Michel Sapin laissent-ils augurer d’une prise de conscience ? Il indique qu’une sanction injuste de BNP Paribas « pourrait affecter les discussions en cours sur le traité de libre-échange  ». Si cela correspondait à la volonté du Président Hollande, il y aurait lieu d’espérer mais j’ai bien peur qu’il ne s’agisse que de mots pour faire bonne contenance. 

On est vraiment bien loin de la loi du Talion, chère aux israélites. 

Car le « Œil pour Œil, Dent pour Dent » se traduit chez nous par 

« Quand on frappe ta joue gauche, donne la droite » ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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