Décidément l’impérialisme américain
fait feu de tout bois. Après avoir mis la Syrie à feu et à sang, avoir créé un
état de guerre civile dans une Ukraine piégée dans le giron euro-atlantique,
avoir désigné la Russie comme le nouveau Satan et même avoir une attitude ambiguë
de laisser-faire sur une nouvelle guerre civile en Irak, les USA n’hésitent pas
à s’en prendre à la concurrence bancaire installée dans leur pays. BNP Paribas
vient de négocier une amende de 9 Mds$ à payer aux USA. Le chiffre est énorme
et du jamais vu dans ce genre d’affaires. En effet la filiale américaine de la
BNP ne fait que 2Mds€ de chiffres d’affaires, ce qui veut dire au plus quelques
centaines de millions de bénéfice.
On
pourrait croire que cette filiale n’a pas respecté les lois nationales
américaines, ce qui justifierait au moins la sanction, même si l’amende parait
dans ce cas disproportionnée. Il n’en est probablement rien, car aucune
information n’a filtré sur un quelconque manque de respect de ces lois par
cette filiale. Si donc respect des lois américaines il y a, la procédure de
sanction devient totalement illégitime au regard du droit, les lois d’un pays
ne pouvant simplement pas s’appliquer sur les entreprises d’un autre pays.
Non,
on touche au procédé machiavélique d’un état dont l’impérialisme lui donne le
droit de gérer l’intégrité des territoires et des économies dans une grande
partie du monde. BNP Paribas est sanctionnée pour avoir effectué des
transactions en dollars pour des clients en Iran, au Soudan et à Cuba. La
ficelle est grosse. Les USA de par leur force militaire et économique, leur
impact sur l’ONU et sur ses vassaux, imposent plus ou moins des boycotts au gré
de raisons réelles ou bidon. Le boycott est maintenu le temps d’handicaper les
entreprises étrangères qui doivent se plier au respect de celui-ci sous menace
de sanctions dans le cas contraire. C’est donc ce qui arrive à BNP Paribas.
Lorsque le mal est fait sur les entreprises d’Etats concurrents, les USA desserrent
l’étau, comme cela est en train de se passer en Iran… pour ce qui concerne les
transactions américaines d’abord, le temps de bien se réimplanter
économiquement dans ce pays.
Malheureusement,
ce n'est pas la première fois que les États-Unis prétendent faire leur loi,
sans pour autant réellement le mériter. C'est ainsi que parce que General
Motors avait pris à peine 7% du capital de PSA elle avait imposé à notre
constructeur de ne plus vendre de voitures en Iran, pourtant un de ses premiers
marchés, où elle avait écoulé plus de 450 000 véhicules sur la seule année de
2011. On peut lire ceci dans les médias : « Si GM, avec à peine 7% du capital de PSA, peut demander au constructeur
français, qui ne vend pas une voiture aux États-Unis (et qui est donc protégé
de toute menace sur son activité) d'abandonner la vente de 15% de sa production
et que nous nous exécutons, alors qu'après, les constructeurs étasuniens se
mettent en position pour récupérer le marché, le tout sans que les médias ne
s'emparent vraiment du sujet, cela révèle une docilité incroyable qui encourage
leurs abus. »
Après
la sanction pour non-respect du boycott, on voit là une autre méthode de la
pratique de l’impérialisme. Il s’agit de phagocyter des entreprises étrangères
pouvant faire concurrence ou d’y prendre des participations même minoritaires.
Ce faisant on peut bloquer à son gré la concurrence. On peut d’ailleurs penser
que la prise de contrôle de GE sur Alstom n’est pas exempte d’application de
cette stratégie économique. De cas en cas l’impérialisme progresse dans la mise
sous tutelle de l’économie occidentale, le Traité Transatlantique n’étant que
la traduction de l’inertie de l’Europe dont le leadership est allemand et le
nouveau président de la Commission Européenne est un agent de la CIA, introduit
au plus profond de la structure technocratique européenne.
Il
faut tout-de-même rappeler que dans le cas de la BNP, celle-ci a son siège
social en France. Et même si on regarde plus largement, son actionnariat, dont
on trouve le détail dans son rapport annuel, est principalement européen. Son
activité aux États-Unis ne représentent que 10% sur un Produit Net Bancaire de
24,9Mds€. Même Christian Noyer, qui se place en défenseur des banques
françaises, a pris la défense de BNP Paribas en assurant que « toutes
les transactions incriminées étaient conformes aux règles, lois,
réglementations, aux niveaux européen et français ». Il n'y a, selon
lui, « aucune contravention à ces règles, ni d'ailleurs aux règles
édictées par les Nations unies ». Il s’agit donc purement et
simplement d’un racket étasunien, le casse du siècle. Si BNP négocie c’est
pour ne pas se trouver en blocage de ses activités bancaires dans l’économie
pétrolière où les États-Unis tiennent les rênes.
Tous ces épisodes devraient amener notre pays (qui
n’aurait jamais dû réintégrer le commandement militaire de l’OTAN) à signifier
clairement aux États-Unis que nous n’acceptons plus de tels comportements, en
les frappant là où cela les touche, à savoir l’argent. Les propos de Michel Sapin
laissent-ils augurer d’une prise de conscience ? Il indique qu’une
sanction injuste de BNP Paribas « pourrait affecter les discussions en
cours sur le traité de libre-échange ». Si cela correspondait à
la volonté du Président Hollande, il y aurait lieu d’espérer mais j’ai bien
peur qu’il ne s’agisse que de mots pour faire bonne contenance.
On est vraiment bien loin de la loi du Talion,
chère aux israélites.
Car le « Œil pour Œil, Dent pour Dent » se traduit chez nous par
« Quand on frappe ta joue gauche, donne la droite » !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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