vendredi 18 juillet 2014

Pour l’énergie nucléaire c’est oui ou non ! (1ère partie)



Nous sommes à l’heure des économies budgétaires avec des perspectives sur 2016, année pendant laquelle le déficit public devrait être ramené à 3% du PIB. Il importe de mesurer l’impact économique de l’arrêt du nucléaire, de la mise en place des énergies renouvelables ainsi que celui de la chasse au carbone pour cause de réchauffement climatique. Les sommes en jeu sont largement de l’ordre des 50 milliards d’économies à faire d’ici 2017.

Il est bon de rappeler les engagements qu’a pris le candidat Hollande sur le secteur énergétique. L’énergie nucléaire devrait voir sa part d’électricité produite ramenée de 75% à 50% au profit des énergies renouvelables et la fermeture de Fessenheim est programmée avant la fin du mandat. C’est évidemment une décision à but électoraliste. Il suffit de se reporter à l’accord électoral d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) adopté par le Bureau National du Parti Socialiste le mardi 15 novembre 2011 :


« Nous réduirons la part du nucléaire dans la production électrique de 75% aujourd’hui à
50% en 2025 et engagerons :
- Un plan d’évolution du parc nucléaire existant prévoyant la réduction d’un tiers de la puissance nucléaire installée par la fermeture progressive de 24 réacteurs, en commençant par l’arrêt immédiat de Fessenheim et ensuite des installations les plus vulnérables, par leur situation en zone sismique ou d’inondation, leur ancienneté et le coût des travaux nécessaires pour assurer la sécurité maximale. Cette évolution intégrera les évaluations de l’ASN et de l’IRSN ainsi que le nécessaire équilibre offre-demande. »
 
Le président Hollande a réaffirmé cet engagement une fois élu. Les EELV expriment clairement leur volonté d’arrêt du nucléaire quand le Japon, pays a payé le plus lourd tribu à l’énergie nucléaire depuis Hiroshima, Nagasaki et Fukushima, va relancer ses réacteurs les uns après les autres sauf les 6 détruits comme l’affirme son gouvernement. La vraie question qui se pose sur cette énergie est : le Japon est-il inconscient ? Si la réponse est oui, alors ceci veut dire que nous considérons que cette énergie est éminemment dangereuse. Dans ce cas ce n’est pas deux réacteurs qu’il faut arrêter mais tous et le plus vite possible comme l’a fait le Japon après la catastrophe. Des arrêts qui s’échelonneraient sur une dizaine d’années ne nous garantiraient pas d’une probabilité de catastrophe. La politique du « un peu mais pas tout » de François Hollande est de ce point de vue totalement irresponsable. 

La réponse ne pouvant être que oui ou non, la réponse non ne permet en rien de justifier l’arrêt de Fessenheim et cela pour des raisons techniques liées au vieillissement des installations et à la sûreté d’une part et économiques d’autre part. L’exploitation des réacteurs est soumise à l’autorisation d’une Autorité de Sûreté Nucléaire indépendante, l’ASN. Celle-ci  a évalué que Fessenheim pouvait continuer à produire moyennant des travaux supplémentaires tenant compte des enseignements de Fukushima. La durée normale d’exploitation sans remplacement des  générateurs de vapeur est de trente ans. Après quoi le réacteur repart normalement pour trente ans supplémentaires sauf décision contraire de l’ASN. La durée de vie de quarante ans attribuée par les médias et les politiques n’est que la durée d’amortissement dans la comptabilité d’EDF. Cette donnée n’a rien à voir avec la technique et la sûreté. Il n’y a donc aucune raison technique d’arrêter Fessenheim pour la sûreté tant que l’ASN ne l’a pas ordonné. 

Les deux réacteurs de Fessenheim ont une puissance installée de 1800mégawatt(MW), soit 1350MW disponible sur le réseau avec un taux de charge de 75% (Selon les statistiques françaises de ces dernières années). Pour produire la même puissance disponible il faut installer 5.625 éoliennes de 1Mw (les plus courantes) ou 562 éoliennes de 10MW (les plus puissantes) car leur taux de charge n’est que de 24% en moyenne. Les éoliennes étant distantes de 200m à 400m entre elles selon la puissance, c’est une superficie de 90 à 225km2 qu’il faut couvrir d’éoliennes suivant la puissance, soit un carré de 9km à 15km. Avec la suppression de 24 réacteurs, il faut couvrir 1080 à 2700km2 soit un carré de 108 à 180Km. C’est 10 à 25 fois la superficie de Paris. Si vous n’avez jamais vu ce que représente une ferme de 200 éoliennes, allez en Allemagne cela vaut le détour. 

L’arrêt de Fessenheim n’a pas de raison technique ni d’impératif de sûreté qui nécessite son arrêt si l’on n’a pas décidé de les arrêter tous immédiatement pour des raisons de précaution ou de non-prise de risque. Il n’y a pas de limite technique ou de sûreté à l’exploitation d’un réacteur, c’est à l’ASN, dont le verdict doit s’imposer au gouvernement, d’en décider. Une raison politique devrait, dans le cas d’arrêts progressifs, s’appuyer soit sur des raisons de coût soit sur des raisons d’indépendance énergétique. La décision du gouvernement d’un arrêt partiel se justifie-t-elle économiquement ou stratégiquement alors que la France est encore le deuxième producteur d’énergie nucléaire derrière les États-Unis et vend des centrales nucléaires ? C’est ce que nous verrons dans un deuxième article. 

Le principe de précaution est celui de la peur irraisonnée. 

Le principe de prévention est celui de la peur maîtrisée. 

Il sert à minimiser les risques et les conséquences 

De l’imprévisible… On l’a oublié aujourd’hui ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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