lundi 30 juin 2014

La France glisse dans le rouge !


Les mauvaises nouvelles pleuvent, heureusement jusqu’ici on ne parle que de football. J’aurais aimé à ce propos commenter les débordements de liesse des drapeaux algériens dans notre pays, ce sera pour plus tard. Le Président avait axé ses efforts sur la croissance et le chômage puis concédé qu’il fallait respecter les engagements sur le déficit à 3% du PIB et de la dette à 60% du même PIB. La croissance est si famélique que le chômage croît toujours et nous allons devoir négocier un délai pour respecter nos engagements dans l’UE sur le déficit car pour ce qui est de la dette, le cumul des déficits, avec nos 93,8% du PIB au premier trimestre 2014 (+1,8 point de PIB), on est loin du compte. 

Mais le délai de report pour le déficit public va s’avérer encore plus difficile à justifier à Bruxelles après le chiffre du premier trimestre qui devient le plus mauvais chiffre enregistré depuis 2009 avec 45,5 Mds€, année de déficit annuel maximum jusque-là ! Nul doute que le report sera accordé mais à des conditions sûrement plus dures et plus strictes. Avec 1.985 milliards de dette, nous allons franchir les 2.000 Mds€ dès le second semestre et nous sommes en passe d’atteindre les 100% de dette à la fin de l’année.

Le gouvernement s’ingénie à nous démontrer que ces mauvais résultats sont la conséquence de la situation catastrophique laissée par Sarkozy et de la politique d’austérité insufflée par l’Allemagne auprès de Bruxelles. Il oublie que la crise c’était 2008-2009, crise que Sarkozy a atténuée en s’endettant mais que de 2010 à 2012 (année budgétée et commencée), le déficit était en baisse. Il oublie aussi que la crise a touché l’Allemagne comme nous, qu’elle équilibre quasiment son budget dès cette année et qu’elle a un commerce extérieur très excédentaire avec un chômage nettement plus faible.

La politique d’austérité, qui pousse à rogner sur le budget des ministères sans pratiquement toucher à la masse salariale sauf pour augmenter le nombre de fonctionnaires, oblige à rogner sur les investissements. C’est mettre un frein sur le développement économique pour deux raisons. La première c’est que les investissements publics génèrent non seulement de l’emploi mais ils boostent la dynamique entrepreneuriale psychologiquement et financièrement en donnant du travail aux entreprises. La deuxième c’est que la construction ou l’amélioration des infrastructures, dans par exemple les autoroutes, les installations portuaires, les aéroports, les canaux, mais aussi dans la recherche et le développement, améliore la compétitivité des entreprises. 

Quand de plus on investit dans des secteurs non rentables comme l’éolien et le solaire, il ne faut pas s’étonner que la charge de la dette s’aggrave et pour longtemps. Miser sur le fait qu’elle ne sera sans doute jamais remboursée, n’excuse pas les erreurs de stratégie qui nous enfoncent plus vite et plus fort que les autres. En effet même le jour d’un éventuel big-bang, les premiers resteront néanmoins les premiers. Pendant ce temps tout prend du retard, qu’il s’agisse de l’aide aux entreprises ou des réformes structurelles. Benoit Hamon et Najat-Belgacem nous amusent avec l’égalité des femmes, et on fait frémir le peuple avec la GPA et la PMA pendant que le Royaume-Uni relève la tête et que l’Allemagne accentue son avance. 

Le verdict de la réussite c’est le chômage, or l’embellie se traduit par l’assombrissement. Il en est  de même pour le PIB/habitant, qui est revenu au niveau de fin 2010, et la baisse des investissements, autres indicateurs en recul. On voit que les différentes catégories de demandeurs d’emplois (et non de « chômeurs ») ne cessent d’augmenter, qu’il s’agisse de la catégorie « A », qui sert de référence, mais aussi des catégories B et D (qui correspondent à des personnes soit dispensées de recherche d’un emploi, soit travaillant moins de 70h par mois), et enfin de ce que l’on peut appeler le « quasi chômage », soit les catégories C et E, où l’on retrouve nombre de salariés « aidés » par les pouvoirs publics. Depuis mai 2012, nous accumulons 23.000 demandeurs d’emploi de plus chaque mois dans la catégorie A+B+D, chiffre catastrophique malgré une augmentation croissante des emplois aidés. 

Hollande en appelle à la croissance, croissance qu’il aimerait voir venir de l’UE alors que chez nous tout est en panne dans les mesures d’incitation, mis à part le crédit d’impôt, et dans les réformes administratives. On complique même la vie des entreprises avec un compte de pénibilité. Or les gains de productivité, qui sont essentiels pour la compétitivité de l’économie, dépendent de l’investissement productif et de la baisse des charges administratives et financières. On voit que dans la situation actuelle la France est en réalité en train de manger son propre capital, ce qui va se traduire, dans les années à venir, par une désindustrialisation accélérée, entraînant de nouvelles fortes hausses du chômage. 

A force de bêtises depuis quarante ans, et de déni de démocratie, 

La France est dans le rouge d’une période prérévolutionnaire. 

Quand le ras-le-bol explosera, elle passera au rouge sang ! 

Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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