Les
médias ne font plus guère de commentaires sur ce qui se passe en Ukraine et sur
ce qu’on appelle la “stratégie de Porochenko”. Ce nouveau président ukrainien
est bien incapable d’avoir une stratégie, ce qui signifierait que le pays est
indépendant. Tout est en fait entre les mains des USA qui déroulent un plan de
provocation de la Russie en Ukraine comme en Syrie. La junte militaire a
commencé son opération terroriste en Novorossiya. Slaviansk et Kramatorsk ont
été assiégées et bombardées. La junte a pris les aéroports près de Slaviansk, Kramatorsk
et Donetsk. Rien de décisif sur le plan militaire. La prise des aéroports n’amène
aucune avancée significative et n’empêcherait pas les Russes d’intervenir. De
plus les combats autour de ceux-ci empêchent de les utiliser en toute sécurité.
Par contre aucune avancée ne s’est produite dans ces villes. On bombarde, on
tue au hasard insurgés et civils. Le sang coule mais la junte est incapable de
vrais succès militaires.
Alors
le but est tout autre c’est de mettre la population russophone dans l’obligation
de demander une aide russe pour que cessent le harcèlement et les victimes. La
stratégie des conseillers américains à Kiev est d’obtenir que la Russie s’engage
militairement sur le sol ukrainien. Cela recréerait les tensions de la Guerre
Froide et justifierait l’existence de l’OTAN et, si tout se passait comme
prévu, cela pourrait même aboutir à un face à face des forces de l’OTAN et des
forces russes sur la rivière Dniepr. Une bonne façon de sceller l’arrimage de l’Europe
colonisée aux USA et de bloquer toute relation avec la Russie.
Cette
stratégie met Poutine devant deux options très délicates. Ou il n’intervient
pas et il aura l’air faible et hésitant, et même traître au peuple russe, ou
bien il intervient, alors il sera le “nouvel Hitler” ou le “nouveau Staline”,
un fou nationaliste russe obsédé par l’idée de reconstruire l’Union Soviétique
en écrasant les Européens épris de liberté sous ses tanks. Dans les deux cas,
Poutine est perdant. On peut même penser que si Poutine n’intervient pas, un
harcèlement constant puisse finir par user l’économie de la région rebelle et
que l’idée de détruire le plus possible les infrastructures et les industries puisse
la laisser en état de dépendance pour longtemps.
Poutine
ne peut intervenir sans voir se resserrer encore les liens entre l’UE et les
USA. Il doit se contenter d’aider discrètement les FDN en fournissant conseils
et armements et de répertorier les atrocités commises par les escadrons de la
mort néo-nazis pour permettre de les présenter à la Cour européenne des Droits
de l’Homme. On peut néanmoins espérer que
Porochenko, officiellement en place le 7 juin, pourra faire comprendre aux USA
qu’une suspension des combats est nécessaire pour des pourparlers avec la
Russie et les populations russophones.
Les États-Unis auront, avec la complicité de l’UE, réussi à obliger la Russie de
changer de stratégie. La formation d’un bloc eurasien est en cours. L’accord,
qui était loin d’être prévu, entre la Russie et la Chine est signé et cette
Union Economique Eurasienne (UEE) englobe aussi le Kazakhstan et la Biélorussie.
Ils seront bientôt rejoints par l’Arménie et le Kirghizstan. De plus fait
stratégique important, la Chine a signé un accord avec la Russie et l’Iran
traitant de leur sécurité. L’union économique pourrait s’étendre à d’autres
pays comme l’Argentine, l’Iran ou le Pakistan. L’UEE pourrait évoluer en une
seule entité politique étendant les accords économiques aux aspects
sécuritaires.
C’est
bien la constitution d’un bloc anti-Empire euro-américain qui est en train de
se créer. Cette zone va développer des relations économiques préférentielles
qui vont handicaper l’Europe. Le dollar n’y règnera pas comme le montre les
échanges prévus en rouble et yuan entre Russie et Chine. Elle disposera par
ailleurs d’une force militaire respectable. Tour les ingrédients d’une guerre
froide, voire d’un conflit majeur se mettent en place. C’est le résultat de la
géostratégie américaine et de sa provocation permanente aux frontières de la Russie
avec entre autres les bases américaines tout autour d’elle.
On
peut même se demander si ce n’est pas le véritable but recherché. Créer les
conditions d’un conflit de grande ampleur tant que les USA et leurs alliés ont
un avantage de puissance militaire. La crise ukrainienne est le prétexte idéal de
l’Alliance atlantique pour pousser les Européens à augmenter leur budget
militaire, et à financer cette augmentation par la vente aux États-Unis
de leur industrie de Défense. Les 21 et 22 mai, le général Martin Dempsey
était venu, de Washington à Bruxelles, pour convaincre ses
« alliés ». C’est le général US Philip Breedlove —c’est-à-dire le
Suprême commandeur allié en Europe, nommé comme toujours par le président des
États-Unis— qui a énoncé à Bruxelles le point de virage : « Nous
sommes à la décision cruciale de comment affronter, sur le long terme, un
voisin agressif ». À savoir la Russie, accusée de violer le
principe du respect des frontières nationales en Europe, en déstabilisant
l’Ukraine en tant qu’État souverain et en menaçant les pays de la région
orientale de l’Otan.
On notera curieusement que François Hollande vient d'annoncer que le budget
militaire sera maintenu et le Ministre de la Défense parle de vente d’actifs
pour assurer ce budget… vente de notre industrie de Défense à qui selon vous ?
C’est donc la montée de l’affrontement bloc contre bloc dans le sillage des
Etats-Unis parce que l’Europe sans défense unie et puissante ne pèse pas lourd
quand elle n’a pas la volonté de son indépendance et préfère la vassalisation.
Tout cela rappelle la Yougoslavie où l’on a réussi à
séparer le Kosovo de la Russie. L’Ukraine n’est que la suite de la stratégie
qui a permis d’englober tous les États de l’ex-Pacte de Varsovie, deux de
l’ex-Yougoslavie et trois de l’ex-URSS. N’oublions pas que l’arrivée dans l’UE
signifie à terme l’entrée dans l’OTAN. Le secrétaire général de l’Otan Anders
Fogh Rasmussen, en visite à Skopje, a d’ailleurs invité la Macédoine et la
Géorgie à s’y joindre avec l’Ukraine bien sûr.
Le
complexe militaro-industriel et les puissances bancaires
N’ont
jamais reculé devant la guerre
Qui
les valorise et les enrichit !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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