Nous avions justifié le bombardement et le massacre de civils en Libye
par le fait qu’il s’agissait d’une opération militaire et les médias s’en
étaient fait l’écho en se réjouissant de l’action de notre aviation. Considère-t-on
alors qu’il s’agit d’une intervention de guerre que le gouvernement de Kiev a
déclenchée le 25 mai contre les insurgés de l’est ? L’emploi par le
gouvernement de Kiev de moyens militaires importants, hélicoptères de combat, avions
à réaction qui ont bombardé la ville de Slaviansk le 2 juin (ce qui a été
confirmé par l‘OSCE), voire de lance-roquettes d’artillerie, montre qu’il ne s’agit
plus d’intervention de maintien de l’ordre.
Il n’est pas un jour sans que l’on ait des nouvelles très
inquiétantes de ce qui se passe dans ces régions, sans que l’on annonce des
morts, que ce soit au sein des insurgés, de la population civile – qui paye un
lourd tribut – ou parmi les forces du gouvernement de Kiev. Pourtant cela ne
fait l’objet que de brefs communiqués des médias et il semble que, par notre
silence, nous donnons notre aval au massacre des populations civiles tant le
rapport de forces semble disproportionné. On pourrait même parler de silence
assourdissant.
On ne voit guère de reportages rendant compte du climat de
peur, des destructions d’habitations et des victimes de ce qui devient une
guerre civile. La tendance, sciemment entretenue de la russophobie, rend muets
nos médias et nos intellectuels. Pourtant qui est intervenu militairement en Yougoslavie,
en Afghanistan, en Libye ? Qui a aidé les printemps arabes en Tunisie, en Egypte,
au Soudan et en Syrie ? Qui se mêle de mettre le monde au pas de la
soi-disant démocratie occidentale au prix du sang ? Les USA et leurs
alliés. Qui essaie de récupérer dans l’UE, la Géorgie et la Moldavie pour les
faire rentrer dans l’OTAN et de s’approcher ainsi un peu plus des frontières de la
Russie ? Le nouvel Empire du monde occidental qui renie à la Russie le
droit de faire partie de l’Europe et attire la Turquie.
Il faut ici rappeler que ces insurgés ukrainiens se sont
levés contre le gouvernement de Kiev mais pas nécessairement contre
l’Ukraine. Les revendications des populations de l’Est de l’Ukraine, qu’elles
soient linguistiques ou culturelles, n’apparaissent pas comme déraisonnables et
orientées principalement vers une « fédéralisation » de l’Ukraine. Mais
la violence des combats qui déchirent les régions de Donetsk et Slaviansk, la
peur qui s’installe désormais à Odessa, en proie à l’action des milices
d’extrême-droite, est en train de faire basculer une partie des habitants vers
un véritable séparatisme, et vers l’idée que la seule solution pour eux réside
dans une union avec la Russie.
Il est inadmissible que les européens ne fassent pas tout ce qui
est possible pour calmer ce recours à la guerre civile qu’a enclenchée le
gouvernement de Kiev. Au contraire on voit Laurent Fabius en rajouter dans la
russophobie et François Hollande se faire le porte-parole d’Obama. Ce dernier,
malgré son prix Nobel de la Paix, fait la tournée des États européens pour
demander d’augmenter leur effort militaire au profit de l’OTAN et de hausser le
ton envers Poutine. On soufflerait le vent de la guerre que l’on ne ferait pas
autre chose. Il a même le front de réclamer la Crimée, qui a voté très
largement son indépendance et dont la légalité du référendum vaut bien la
destitution du précédent président ukrainien en violant la procédure de la
Constitution.
Notre comportement de vassal est proprement honteux et la France
de la Liberté salit son drapeau. Elle aurait pourtant le beau rôle à jouer en
se faisant le médiateur entre d’une part les États-Unis et cette grande nation,
européenne de cœur et de civilisation, la Russie, et d’autre part entre le
gouvernement élu par une partie de l’Ukraine et les représentants des insurgés
de l’est de l’Ukraine. Ces derniers ne représentent que la volonté majoritaire
des habitants qui n’acceptent pas le nouveau gouvernement qui prend ses ordres
de l’UE, lequel ne peut que suivre le diktat américain.
La France met, non seulement son peuple, mais le monde en
danger. L’opposition de blocs aussi forts que les USA et ses alliés d’un côté,
et la Russie et la Chine ralliant d’autres pays craignant l’hégémonie américaine,
ne peut que conduire à des catastrophes. L’Europe désunie, vassalisée, et
impuissante militairement ne peut constituer la troisième force d’équilibre
pour la paix du monde. Il serait tragique que le soixante-dixième anniversaire
du débarquement se voit comme le jour dans l’histoire du monde où une nouvelle
guerre froide a débuté avec vocation à devenir un troisième conflit mondial débutant encore en Europe.
Malgré toute l'amitié que je porte au peuple américain, malgré toute la reconnaissance que je peux avoir pour tous les morts qu'il a laissé sur nos plages normandes, j'ai envie de crier de nouveau, comme le Général de Gaulle, "US go home".
Ce qui se joue en
Ukraine est d’une importance considérable.
La désinformation
tragique actuelle ferme nos yeux.
Ce n’est pas la
démocratie qui est cause
Mais le partage du
monde !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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