mercredi 4 juin 2014

La France complice du massacre en Ukraine



Nous avions justifié le bombardement et le massacre de civils en Libye par le fait qu’il s’agissait d’une opération militaire et les médias s’en étaient fait l’écho en se réjouissant de l’action de notre aviation. Considère-t-on alors qu’il s’agit d’une intervention de guerre que le gouvernement de Kiev a déclenchée le 25 mai contre les insurgés de l’est ? L’emploi par le gouvernement de Kiev de moyens militaires importants, hélicoptères de combat, avions à réaction qui ont bombardé la ville de Slaviansk le 2 juin (ce qui a été confirmé par l‘OSCE), voire de lance-roquettes d’artillerie, montre qu’il ne s’agit plus d’intervention de maintien de l’ordre. 

Il n’est pas un jour sans que l’on ait des nouvelles très inquiétantes de ce qui se passe dans ces régions, sans que l’on annonce des morts, que ce soit au sein des insurgés, de la population civile – qui paye un lourd tribut – ou parmi les forces du gouvernement de Kiev. Pourtant cela ne fait l’objet que de brefs communiqués des médias et il semble que, par notre silence, nous donnons notre aval au massacre des populations civiles tant le rapport de forces semble disproportionné. On pourrait même parler de silence assourdissant. 

On ne voit guère de reportages rendant compte du climat de peur, des destructions d’habitations et des victimes de ce qui devient une guerre civile. La tendance, sciemment entretenue de la russophobie, rend muets nos médias et nos intellectuels. Pourtant qui est intervenu militairement en Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye ? Qui a aidé les printemps arabes en Tunisie, en Egypte, au Soudan et en Syrie ? Qui se mêle de mettre le monde au pas de la soi-disant démocratie occidentale au prix du sang ? Les USA et leurs alliés. Qui essaie de récupérer dans l’UE, la Géorgie et la Moldavie pour les faire rentrer dans l’OTAN et de s’approcher ainsi un peu plus des frontières de la Russie ? Le nouvel Empire du monde occidental qui renie à la Russie le droit de faire partie de l’Europe et attire la Turquie.

Il faut ici rappeler que ces insurgés ukrainiens se sont levés contre le gouvernement de Kiev mais pas nécessairement contre l’Ukraine. Les revendications des populations de l’Est de l’Ukraine, qu’elles soient linguistiques ou culturelles, n’apparaissent pas comme déraisonnables et orientées principalement vers une « fédéralisation » de l’Ukraine. Mais la violence des combats qui déchirent les régions de Donetsk et Slaviansk, la peur qui s’installe désormais à Odessa, en proie à l’action des milices d’extrême-droite, est en train de faire basculer une partie des habitants vers un véritable séparatisme, et vers l’idée que la seule solution pour eux réside dans une union avec la Russie. 

Il est inadmissible que les européens ne fassent pas tout ce qui est possible pour calmer ce recours à la guerre civile qu’a enclenchée le gouvernement de Kiev. Au contraire on voit Laurent Fabius en rajouter dans la russophobie et François Hollande se faire le porte-parole d’Obama. Ce dernier, malgré son prix Nobel de la Paix, fait la tournée des États européens pour demander d’augmenter leur effort militaire au profit de l’OTAN et de hausser le ton envers Poutine. On soufflerait le vent de la guerre que l’on ne ferait pas autre chose. Il a même le front de réclamer la Crimée, qui a voté très largement son indépendance et dont la légalité du référendum vaut bien la destitution du précédent président ukrainien en violant la procédure de la Constitution. 

Notre comportement de vassal est proprement honteux et la France de la Liberté salit son drapeau. Elle aurait pourtant le beau rôle à jouer en se faisant le médiateur entre d’une part les États-Unis et cette grande nation, européenne de cœur et de civilisation, la Russie, et d’autre part entre le gouvernement élu par une partie de l’Ukraine et les représentants des insurgés de l’est de l’Ukraine. Ces derniers ne représentent que la volonté majoritaire des habitants qui n’acceptent pas le nouveau gouvernement qui prend ses ordres de l’UE, lequel ne peut que suivre le diktat américain. 

La France met, non seulement son peuple, mais le monde en danger. L’opposition de blocs aussi forts que les USA et ses alliés d’un côté, et la Russie et la Chine ralliant d’autres pays craignant l’hégémonie américaine, ne peut que conduire à des catastrophes. L’Europe désunie, vassalisée, et impuissante militairement ne peut constituer la troisième force d’équilibre pour la paix du monde. Il serait tragique que le soixante-dixième anniversaire du débarquement se voit comme le jour dans l’histoire du monde où une nouvelle guerre froide a débuté avec vocation à devenir un troisième conflit mondial débutant encore en Europe.

Malgré toute l'amitié que je porte au peuple américain, malgré toute la reconnaissance que je peux avoir pour tous les morts qu'il a laissé sur nos plages normandes, j'ai envie de crier de nouveau, comme le Général de Gaulle, "US go home".

Ce qui se joue en Ukraine est d’une importance considérable. 

La désinformation tragique actuelle ferme nos yeux. 

Ce n’est pas la démocratie qui est cause 

Mais le partage du monde ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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